Ici Genève. Pont en danger

En octobre 2019, importante mobilisation pour sauver le FIFOG – Festival international du Film oriental de Genève – à la suite d’un désengagement financier de la Ville qui mettait en danger un Festival qui « mélange les arts, fait rêver, pose des questions pertinentes et promeut la liberté. Espace d’affirmations et de célébration des différences et des droits sociaux et culturels, le festival honore l’image d’une Genève solidaire, havre idéal à de si précieuses rencontres artistiques et humaines. » La mobilisation a porté ses fruits, mais le FIFOG reste en sursis. Affaire à suivre donc et en attendant rendez-vous  pour la 15ème édition !

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Octobre 2019 – ACTE I. Le FIFOG en danger !

Pétition – Extraits

« AU NOM DE LA DIVERSITÉ CULTURELLE DÉFENDONS LE FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM ORIENTAL DE GENEVE !

Malgré le franc succès de sa 14e édition, placée sous l’égide de la Commission suisse pour l’UNESCO, le festival voit son avenir menacé par le désengagement brutal des autorités culturelles de la Ville de Genève, dans le soutien à l’événement. (…) Elles nient brutalement le festival comme symbole de diversité, espace de dialogue et de découvertes, vecteur d’intégration et de promotion de la Genève internationale, fenêtre sur l’Orient à feu et à sang, vitrine pour les cinéastes en difficultés.

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15 Décembre 2019. ACTE II. LE FIFOG SAUVE SA PEAU…

… « MAIS LE PLUS DURE RESTE A FAIRE !

Hier soir, le budget de la Ville de Genève a été adopté à une large majorité. Le FIFOG a réussi à sauvegarder la moitié de sa subvention (80’000 CHF au lieu des 160’000 CHF) allouée par la ville. Merci à vous, et à celles et ceux qui ont travaillé avec conviction pour rendre cela possible.

Ainsi le FIFOG sauve sa peau, mais le plus dure reste à faire : voler (organiser sa 15ème édition) avec des ailes blessées ! Pour cela, il a fortement besoin de votre soutien !

Vive la Démocratie ! Vive la Diversité ! Vive le FIFOG ! »

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Ici Genève. Histoires de passage

Dans la pièce ICI, histoire(s) de Genève jouée du 10 au 14 décembre à la Comédie, Philippe Mascadar s’appuie sur une scénographie originale pour nous raconter ces artistes et intellectuel-les venu-es d’ailleurs qui ont marqué l’Histoire de la cité.

« Un homme arrive à Genève. Il vient de très loin. Cet homme est à la recherche de quelqu’un ou de quelque chose. Il a une question à poser, une requête à formuler, un secret à délivrer. Il est venu à Genève comme on consulte un oracle. Comme d’autres avant lui. Il frappe à la porte du bureau de l’IICI, l’Institut international pour la coopération intellectuelle. Ce bureau a été, dans les années 30, le refuge d’artistes, exilés, réfugiés, en transit, acteurs et témoins d’une Europe à feu et à sang. Un théâtre d’ombre et de lumière…

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… Aujourd’hui, il est tombé en ruines. En tournant les pages du grand livre de Genève, l’homme ressuscite des personnages et des histoires, dessine une improbable constellation poétique. Ludmilla et Aniouta Pitoëff, Arthur Adamov, Stefan Zweig, Robert Musil, Greta Prozor, Romain Rolland, Rosette Wolczak, Nikolaï Boukharine, John Berger, Gerhart Riegner, Anna Dostoïevskaïa, s’y sont croisés. Le bureau revit et Genève avec lui. »

Philippe Macasdar sera cet homme. Tout à la fois lui-même, comédien et personnage, il mène l’enquête, et vous invite à le suivre. Entre hier et aujourd’hui. Ici même. Genève est un puzzle éclaté, l’homme va s’employer à le recomposer. « L’homme de l’avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue. » (Friedrich Nietzsche). Lien

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Histoires de passage

Genève est le résultat de ceux qui l’ont traversée. Ceux qu’elle a bien accueillis ceux qu’elle a mal accueillis ceux qu’elle n’a pas accueillis… Ceux qui l’ont aimée passionnément ou ceux qu’elle a refroidis. De Zweig à Lénine en passant par Borges, Pitoëff ou Mary Shelley, le metteur en scène s’appuie sur son mur de grands hommes pour nous parler de Genève. Myope, contradictoire, mystérieuse, observatrice, duale… Genève qui se porte mieux quand le monde va mal, revitalisée par les réfugiés qui la traversent ou s’y installent. Genève dans l’oeil du cyclone, à la fois en-dehors et en son coeur. Genève ville d’anarchistes où l’on vient fomenter des révolutions, ville de brume qui a inspiré des monstres. Pour vous en convaincre, il suffit de jeter un coup d’oeil au mur-décor d’ICI, histoire(s) de Genève.

La Genèse du projet

Philippe Mascadar nous raconte comment sa rencontre fortuite avec une oeuvre a orienté sa création et… sa vie.

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Ici Genève. FILMAR 2019

Ce week-end, escale à la 21e édition du FILMAR en América Latina, qui propose du 15 novembre au 1er décembre une « odyssée cinématographique en Amérique latine ».

Des cinéastes alertes au monde, la découverte de cinématographies émergentes comme celle du Guatemala, la projection de films en langue autochtones, de la poésie, de la fantaisie, des cris, des regards singuliers. Toute la programmation riche et foisonnante de cette 20ème édition est à découvrir ici

FILMAR : éloge du septième art latino-américain

« La diversité genevoise naît de la multitude des nationalités qui la compose, des langues qui la font retentir, des cultures qui s’y expriment. Et des dialogues qui s’y engagent, comme des ponts entre des histoires a priori déconnectées.

Des manifestations culturelles comme le Festival FILMAR en América Latina sont autant de ces ponts. Le cinéma est en effet vecteur de rapprochement et facilite le dialogue entre les peuples, entre les genres, entre les générations. Il permet également de prendre le pouls d’une société. Voire d’anticiper ses virages, puisque l’effervescence de la scène culturelle précède souvent les bouleversements politiques.

Ces mondes que FILMAR contribue à rapprocher depuis plus de 20 ans maintenant ont cependant toujours autant à découvrir l’un de l’autre. C’est pourquoi, à côté des quelques 80 films projetés, les deux tables rondes prévues sur la relève cinématographique et le regard des femmes sur les femmes devraient nous permettre de lever un coin supplémentaire du voile qui recouvre de mystère « l’autre ».

Je me réjouis que, chaque année, le public se presse un peu plus nombreux pour découvrir les programmations concoctées par l’équipe de FILMAR. Et se plonge ainsi dans des histoires qui sont celles de l’une des plus importantes communautés du pluralisme genevois. »

Sami Kanaan. Conseiller administratif en charge de la culture, Genève

Ici Genève. « Nous saisonniers, saisonnières… »

Du 30 octobre au 24 novembre « Nous, saisonniers, saisonnières… Genève 1931-2019 » rend hommage aux travailleuses et travailleurs qui l’ont construite et ont façonné son identité, à travers une exposition mais aussi des débats, échanges d’expériences, conférences ou films. Un travail de mémoire initié par la ville pour donner la parole et mettre en lumière les travailleurs italiens, espagnols, portugais, yougoslaves, albanais ou kosovars qui ont contribué à faire de Genève ce qu’elle est aujourd’hui.

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Nous, saisonniers, saisonnières… Genève 1931 — 2019
Nosotros, temporeros, temporeras… Ginebra 1931 — 2019
Nós, trabalhadores temporários e temporárias… Genebra 1931 — 2019
Noi, lavoratori e lavoratrici stagionali… Ginevra 1931 — 2019
Ne, punëtoret dhe punëtorët sezonalë… Gjenevë 1931 — 2019
Mi, sezonski radnici, sezonske radnice… Ženeva 1931 — 2019

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Une nouvelle carte de Genève pour mettre en lumière la contribution des saisonniers à sa construction

« « Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? » Dans le poème intitulé Questions que se pose un ouvrier qui lit, Brecht évoque ainsi l’absence d’actrices et d’acteurs clés dans les récits historiques.

S’agissant de l’essor de Genève et de la Suisse dans la seconde moitié du 20e siècle, le rôle joué par les travailleurs et les travailleuses immigrées n’est-il pas lui aussi occulté ? Or des dizaines de milliers de saisonniers et de saisonnières ont contribué à construire plusieurs « cités-satellites », de grandes infrastructures du canton, d’imposants bâtiments de la Genève internationale et participé à l’expansion de l’hôtellerie-restauration et de l’agriculture genevoises.

Fruit d’une motion du Conseil Municipal de la Ville de Genève, l’exposition Nous, saisonniers, saisonnières… Genève 1931-2019 leur rend hommage.

Associant des approches historique, mémorielle et artistique, l’exposition témoigne des dures conditions de vie et de travail que la Suisse a réservées aux personnes détentrices d’un permis A. Elle ravive les enjeux d’un épisode controversé de l’histoire de ce pays.

Afin de reconfigurer les modes de partage de la mémoire, l’exposition recourt à plusieurs formes de narration construites au travers de documents historiques, d’archives personnelles, d’interventions artistiques et de récits filmés produits pour l’occasion. Elle donne voix aux saisonniers et saisonnières, ainsi qu’aux travailleurs et travailleuses migrantes d’aujourd’hui.

Le retour opéré sur l’ensemble de ces histoires est d’autant plus important que leurs enjeux sont plus que jamais d’actualité. En témoignent les conflits entre l’Union européenne et la Suisse sur les conditions de travail dans ce pays, de même que la fragilité des conditions d’existence des sans-papiers, entre autres personnes en situation précaire. Évoquer ce passé et les situations qui lui font écho, c’est aussi tenter de développer un autre regard sur les migrations d’hier et d’aujourd’hui. » Lien

Visite guidée

Ce dimanche matin, la foule réunie au Commun – espace d’exposition d’une ancienne usine dans laquelle ont travaillé des saisonniers – pour participer aux visites guidées a surpris les organisateurs…

 

… qui n’ont pas ménagé leurs connaissances pour nous présenter l’exposition, divisée en deux parties.

Une première partie « politique » qui revient sur  l’histoire du permis A, son évolution, les débats et les campagnes qui l’ont entouré, les tentatives de division des ouvriers autochtones et immigrés, la convergence des luttes ouvrière, féministe et immigrée, une certaine solidarité genevoise, les positions des différents acteurs ou encore la dynamique politique-économique-syndicats. Autant d’infos qui offrent un troublant écho aux actualités et permettent de mettre en perspective les enjeux politiques contemporains et de questionner notre attitude face à l’Europe, la libre circulation et la future votation initiée par l’UDC.

 

Une deuxième partie qui revient sur le parcours du saisonnier, depuis la rédaction de la lettre de motivation, au départ du village d’origine, en passant par le système des passeurs, la visite médicale à l’arrivée, les rudimentaires conditions d’habitation (avec des photographies de Carouge ou du Foyer des Tattes), les allers-retours au pays, la solitude du déraciné, les enfants cachés, enfin le paradoxe entre la Suisse affichée et les conditions de vie et de travail des ouvriers qui ne touchent pas aux fruits de la croissance spectaculaire qu’ils contribuent à créer.

 

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Échos glocaux. Voi(es)x du peuple

Après l’élection du Parlement européen en mai, les élections fédérales helvétiques furent une nouvelle occasion de prendre le pouls populaire contemporain.

Chapitre I – Printemps – Élections européennes

Pas de tsunami populiste. La Droite pro-UE reste première dans l’hémicycle.

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Chapitre II – Automne – Élections fédérales en Suisse

« Poussée verte, recul de la droite: la nouvelle carte politique de la Suisse » à découvrir ici

A Genève, les Verts deviennent le premier parti du canton. Pour les détails

Conclusion : un peuple qui en a assez de ceux qui en ont marre ?

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Seuil, août 2019, 112 pages

Le populisme est le produit de deux secousses telluriques. Premier séisme : la montée d’un immense ressentiment contre les partis et les institutions politiques. Face à l’échec de la droite et de la gauche à contenir les excès du capitalisme, la radicalité « anti-système » a brisé les compromis que l’un et l’autre camps étaient parvenus à édifier. Deuxième séisme : la fin de la société de classes, au profit d’une société d’individus pensant leur position sociale en termes subjectifs. Une nouvelle polarité en résulte, qui sépare les « confiants » des « méfiants » envers autrui. La droite populiste surgit au croisement d’une double méfiance – à l’égard des institutions politiques et à l’égard de la société. Elle prospère sur le désenchantement démocratique, tout en renouvelant le clivage gauche-droite. Fondé sur des données inédites, cet ouvrage se révèle essentiel pour comprendre le présent et l’avenir des sociétés démocratiques. Lien

Ici Genève. SEP, Share their stories

Au coeur du Vieux Carouge, SEP crée du lien, raconte des histoires à travers des vêtements et des accessoires brodés confectionnées par des artistes réfugiées en Jordanie. N’hésitez pas à pousser la porte de leur boutique de la Rue Vautier, vous y trouverez forcément keffiyeh à votre cou…

What story is hanging in your closet ?

Des vêtements qui racontent une histoire. Une mode éthique. Une mode qui fait du sens. Une mode qui crée du lien. Un circuit transnational « court ». Des pièces uniques, stylées, à mixer pour afficher un look singulier.

sep

Through design, artists tell stories.

Through fashion, people share the stories they believe in.

Through SEP, artists who are refugees give you the platform to tell their story.

It is not just any story. It is not even one story. SEP pieces each tell a story. Stories seeped in history, geography, identity and survival. Stories that allow us to reflect on and understand who we are and where we come from. Stories that inspire us.

oznorSEP creations blend Middle Eastern cross-stitch craftmanship, passed down from generation to generation, with contemporary Italian style. They are distinguished by their intricate embroidery, geometric patterns and sophisticated design. More importantly, they are one-of-a-kind pieces in that every stitch tells a story, and no two pieces look the same.

SEP gives you access to beautiful hand-embroidered lifestyle accessories, allowing you to empower talented artists with personal, economic and professional ability.

Join the SEP movement to empower, not pity.

Toutes les infos icisepjordan.com

 

Ici Genève. Portraits

A l’initiative de l’Hospice général, #VisàGE propose des portraits de Genevois qui oeuvre pour une Genève ouverte, avec la volonté de montrer les différents visages de l’intégration.

visage

Nous lançons une série de portraits intitulée #VisàGE, pour « visage » mais aussi pour « je vis à Genève ».

Cette série est née de la volonté de montrer les différents visages de l’intégration au sein de notre canton. Qu’il s’agisse de personnes ayant parcouru un bout de chemin avec nous, d’employeurs engagés ou encore de citoyens bénévoles, tous œuvrent à leur manière pour une Genève plus ouverte.

#VisàGE sera diffusé régulièrement sur nos différentes plateformes. Afin de rendre compte de la diversité des personnes rencontrées, les portraits pourront se présenter sous de multiples formes : vidéos, photos ou articles.

Tous les visages sont à découvrir ici

Highlight. Rentrée littéraire 2019

Pour Elisabeth Philippe de l’Obs, cette rentrée littéraire est marquée par la revanche de la France périphérique. Dans ce cru il est question de réappropriation du Territoire donc, de femmes, of course, d’identité ça va de soi, d’exil, de mouvement encore, de bâtards toujours, de Méditerranée enfin. Micro sélection.

LOIN. Alexis Michalik. Albin Michel, 656 pages

MICHALIK« Comment avoir l’audace de prétendre être en vie si l’on vit sans oser ? »

Tout commence par quelques mots griffonnés au dos d’une carte postale : « Je pense à vous, je vous aime ». Ils sont signés de Charles, le père d’Antoine, parti vingt ans plus tôt sans laisser d’adresse. Avec son meilleur ami, Laurent, apprenti journaliste, et Anna, sa jeune sœur complètement déjantée, Antoine part sur les traces de ce père fantôme. C’est l’affaire d’une semaine, pense-t-il… De l’ex-Allemagne de l’Est à la Turquie d’Atatürk, de la Géorgie de Staline à l’Autriche nazie, de rebondissements en coups de théâtre, les voici partis pour un road movie généalogique et chaotique à la recherche de leurs origines insoupçonnées. Alexis Michalik a décidément le goût de l’aventure : après  le succès phénoménal d’Edmond, le comédien, metteur en scène et dramaturge couronné par cinq Molières, nous embarque à bord d’un premier roman virevoltant, drôle et exaltant. Albin Michel
LE GHETTO INTÉRIEUR. Santiago H. Amigorena. P.OL., 192 pages

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Buenos-Aires, 1940. Des amis juifs, exilés, se retrouvent au café. Une question : que se passe-t-il dans cette Europe qu’ils ont fuie en bateau quelques années plus tôt ? Difficile d’interpréter les rares nouvelles. Vicente Rosenberg est l’un d’entre eux, il a épousé Rosita en Argentine. Ils auront trois enfants. Mais Vicente pense surtout à sa mère qui est restée en Pologne, à Varsovie. Que devient-elle ? Elle lui écrit une dizaine de lettres auxquelles il ne répond pas toujours. Dans l’une d’elles, il peut lire : « Tu as peut-être entendu parler du grand mur que les Allemands ont construit. Heureusement la rue Sienna est restée à l’intérieur, ce qui est une chance, car sinon on aurait été obligés de déménager. » Ce sera le ghetto de Varsovie. Elle mourra déportée dans le camp de Treblinka II. C’était l’arrière-grand-mère de l’auteur.

Santiago H. Amigorena raconte le « ghetto intérieur » de l’exil. La vie mélancolique d’un homme qui s’invente une vie à l’étranger, tout en devinant puis comprenant la destruction de sa famille en cours, et de millions de personnes. Vicente et Rosita étaient les grands-parents de l’auteur qui écrit aujourd’hui : « Il y a vingt-cinq ans, j’ai commencé un livre pour combattre le silence qui m’étouffe depuis que je suis né ». Ce roman est l’histoire de l’origine de ce silence. P.O.L.

 

TOUS TES ENFANTS DISPERSÉS. Beata Umubyeyi Mairesse. Autrement, 256 pages

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Peut-on réparer l’irréparable, rassemble ceux que l’histoire a dispersés ? Blanche, rwandaise, vit à Bordeaux après avoir fui le génocide des Tutsi de 1994. Elle a construit sa vie en France, avec son mari et son enfant métis Stokely. Mais après des années d’exil, quand Blanche rend visite à sa mère Immaculata, la mémoire douloureuse refait surface. Celle qui est restée et celle qui est partie pourront-elles se parler, se pardonner, s’aimer de nouveau ? Stokely, lui, pris entre deux pays, veut comprendre d’où il vient.
Ode aux mères persévérantes, à la transmission, à la pulsion de vie qui anime chacun d’entre nous, Tous tes enfants dispersés porte les voix de trois générations tentant de renouer des liens brisés et de trouver leur place dans le monde d’aujourd’hui. Ce premier roman fait preuve d’une sensibilité impressionnante et signe la naissance d’une voix importante.
Autrement

MUR MÉDITERRANÉE. Louis-Philippe Dalembert. Sabine Wespieser Éditeur, 336 p

murméditerrannéeÀ Sabratha, sur la côte libyenne, les surveillants font irruption dans l’entrepôt des femmes. Parmi celles qu’ils rudoient, Chochana, une Nigériane, et Semhar, une Érythréenne. Les deux se sont rencontrées là après des mois d’errance sur les routes du continent. Depuis qu’elles ont quitté leur terre natale, elles travaillent à réunir la somme qui pourra satisfaire l’avidité des passeurs. Ce soir, elles embarquent enfin pour la traversée. Un peu plus tôt, à Tripoli, des familles syriennes, habillées avec élégance, se sont installées dans des minibus climatisés. Quatre semaines déjà que Dima, son mari et leurs deux fillettes attendaient d’appareiller pour Lampedusa. Ce 16 juillet 2014, c’est le grand départ. Ces femmes aux trajectoires si différentes – Dima la bourgeoise voyage sur le pont, Chochana et Semhar dans la cale – ont toutes trois franchi le point de non-retour et se retrouvent à bord du chalutier unies dans le même espoir d’une nouvelle vie en Europe. Dans son village de la communauté juive ibo, Chochana se rêvait avocate avant que la sécheresse ne la contraigne à l’exode ; enrôlée, comme tous les jeunes Érythréens, pour un service national dont la durée dépend du bon vouloir du dictateur, Semhar a déserté ; quant à Dima, terrée dans les caves de sa ville d’Alep en guerre, elle a vite compris que la douceur et l’aisance de son existence passée étaient perdues à jamais.
Sur le rafiot de fortune, l’énergie et le tempérament des trois protagonistes – que l’écrivain campe avec humour et une manifeste empathie – leur seront un indispensable viatique au cours d’une navigation apocalyptique. S’inspirant de la tragédie d’un bateau de clandestins sauvé par le pétrolier danois Torm Lotte pendant l’été 2014, Louis-Philippe Dalembert, à travers trois magnifiques portraits de femmes, nous confronte de manière frappante à l’humaine condition, dans une ample fresque de la migration et de l’exil. SWÉditeur

LE COEUR DE L’ANGLETERRE. Jonathan Coe. Gallimard, 560 pages

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Comment en est-on arrivé là? C’est la question que se pose Jonathan Coe dans ce roman brillant qui chronique avec une ironie mordante l’histoire politique de l’Angleterre des années 2010. Du premier gouvernement de coalition en Grande-Bretagne aux émeutes de Londres en 2011, de la fièvre joyeuse et collective des jeux Olympiques de 2012 au couperet du référendum sur le Brexit, Le cœur de l’Angleterre explore avec humour et mélancolie les désillusions publiques et privées d’une nation en crise. Dans cette période trouble où les destins individuels et collectifs basculent, les membres de la famille Trotter reprennent du service. Benjamin a maintenant cinquante ans et s’engage dans une improbable carrière littéraire, sa sœur Lois voit ses anciens démons revenir la hanter, son vieux père Colin n’aspire qu’à voter en faveur d’une sortie de l’Europe et sa nièce Sophie se demande si le Brexit est une cause valable de divorce. Au fil de cette méditation douce-amère sur les relations humaines, la perte et le passage inexorable du temps, le chantre incontesté de
l’Angleterre questionne avec malice les grandes sources de crispation contemporaines : le nationalisme, l’austérité, le politiquement correct et les identités. Dans la lignée de Bienvenue au club et du Cercle fermé, Le cœur de l’Angleterre est le remède tout trouvé à notre époque tourmentée. Gallimard

ICI N’EST PLUS ICI. Tommy Orange. Albin Michel, 352 pages9782226402905-xÀ Oakland, dans la baie de San Francisco, les Indiens ne vivent pas sur une réserve mais dans un univers façonné par la rue et par la pauvreté, où chacun porte les traces d’une histoire douloureuse. Pourtant, tous les membres de cette communauté disparate tiennent à célébrer la beauté d’une culture que l’Amérique a bien failli engloutir. À l’occasion d’un grand pow-wow, douze personnages, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, vont voir leurs destins se lier. Ensemble, ils vont faire l’expérience de la violence et de la destruction, comme leurs ancêtres tant de fois avant eux. Débordant de rage et de poésie, ce premier roman, en cours de traduction dans plus d’une vingtaine de langues, impose une nouvelle voix saisissante, véritable révélation littéraire aux États-Unis. Ici n’est plus a été consacré
« Meilleur roman de l’année » par l’ensemble de la presse américaine. Finaliste du prix Pulitzer et du National Book Award, il a reçu plusieurs récompenses prestigieuses dont le PEN/Hemingway Award. Albin Michel

MÉCHANTES BLESSURES. Abd Al Malik. Plon, 224 pages

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Méchantes blessures est un roman qui, avec poésie, analyse le rêve de faire peuple d’une certaine jeunesse française éprise de culture et issue des banlieues et de l’immigration.
Et si notre vie n’était que le résultat d’une succession de traumatismes ? Et si tout ce qui est vrai pour un être l’était également pour une ville, un pays ou un continent ? Alors les différentes blessures qu’inflige l’existence aux individus s’apparenteraient aux crises que connaissent de tout temps les nations.
Kamil n’est pas seulement un rappeur esthète, musulman et noir aux racines congolaises, né à Strasbourg et assasssiné à Washington, en plein jour, dans le parking d’une boîte de strip-tease, il est aussi l’incarnation d’une certaine idée du génie français. Méchantes blessures raconte la vie et la mort de ce Français du XXIe siècle.
Dans ce récit subtilement tissé, entre roman noir, conte philosophique et spirituel, Abd Al Malik imprègne durablement l’esprit et transmet par son écriture sa vision d’un avenir commun.
Plon

ÉLOGE DES BÂTARDS. Olivia Rosenthal. Gallimard. 336 pages

élogebâtards«Un ange aurait pu passer s’il y avait encore eu des anges.»
Dans Éloge des bâtards, nous suivons neuf personnages entrés en désobéissance. Face au pressant danger qui les menace, ils vont, contre toute attente et cinq nuits durant, remonter aux origines de leur propre histoire, et ainsi sceller entre eux de nouveaux liens. Avec ce roman conçu comme une chambre d’échos, Olivia Rosenthal réhabilite la puissance empathique et subversive de la parole. Gallimard

LA MER A L’ENVERS. Marie Darrieussecq. P.O.L, 256 pages

MERAL'ENVERSRien ne destinait Rose, parisienne qui prépare son déménagement pour le pays Basque, à rencontrer Younès qui a fui le Niger pour tenter de gagner l’Angleterre. Tout part d’une croisière un peu absurde en Méditerranée. Rose et ses deux enfants, Emma et Gabriel, profitent du voyage qu’on leur a offert. Une nuit, entre l’Italie et la Libye, le bateau d’agrément croise la route d’une embarcation de fortune qui appelle à l’aide. Une centaine de migrants qui manquent de se noyer et que le bateau de croisière recueille en attendant les garde-côtes italiens. Cette nuit-là, poussée par la curiosité et l’émotion, Rose descend sur le pont inférieur où sont installés ces exilés. Un jeune homme retient son attention, Younès. Il lui réclame un téléphone et Rose se surprend à obtempérer. Elle lui offre celui de son fils Gabriel. Les gardecôtes italiens emportent les migrants sur le continent. Gabriel, désespéré, cherche alors son téléphone partout, et verra en tentant de le géolocaliser qu’il s’éloigne du bateau. Younès l’a emporté avec lui, dans son périple au-delà des frontières. Rose et les enfants rentrent à Paris. Le fil désormais invisible des téléphones réunit Rose, Younès, ses enfants, son mari, avec les coupures qui vont avec, et quelques fantômes qui chuchotent sur la ligne… Rose, psychologue et thérapeute, a aussi des pouvoirs mystérieux. Ce n’est qu’une fois installée dans la ville de Clèves, au pays basque, qu’elle aura le courage ou la folie d’aller chercher Younès, jusqu’à Calais où il l’attend, très affaibli. Toute la petite famille apprend alors à vivre avec lui. Younès finira par réaliser son rêve : rejoindre l’Angleterre. Mais qui parviendra à faire de sa vie chaotique une aventure voulue et accomplie ? P.OL.

ROUGE IMPÉRATRICE. Leonora Miano. Grasset, 608 pages

rougeimpératriceLe lieu  : Katiopa, un continent africain prospère et autarcique, presque entièrement unifié, comme de futurs Etats-Unis d’Afrique, où les Sinistrés de la vieille Europe sont venus trouver refuge. L’époque  : un peu plus d’un siècle après le nôtre. Tout commence par une histoire d’amour entre Boya, qui enseigne à l’université, et Illunga, le chef de l’Etat. Une histoire interdite, contre-nature, et qui menace de devenir une affaire d’Etat.
Car Boya s’est rapprochée, par ses recherches, des Fulasi, descendants d’immigrés français qui avaient quitté leur pays au cours du XXIème siècle, s’estimant envahis par les migrants. Afin de préserver leur identité européenne, certains s’étaient dirigés vers le pré carré subsaharien où l’on parlait leur langue, où ils étaient encore révérés et où ils pouvaient vivre entre eux. Mais leur descendance ne jouit plus de son pouvoir d’antan  : appauvrie et dépassée, elle s’est repliée sur son identité. Le chef de l’Etat, comme son Ministre de l’intérieur et de la défense, sont partisans d’expulser ces populations inassimilables, auxquelles Boya préconise de tendre la main. La rouge impératrice, ayant ravi le cœur de celui qui fut un des acteurs les plus éminents de la libération, va-t-elle en plus désarmer sa main  ? Pour les «  durs  » du régime, il faut à tout prix séparer ce couple… Grasset

RHAPSODIE DES OUBLIÉS. Sofia Aouine. Éditions de la Martinière, 208 pages

rhapsodieoubliés« Ma rue raconte l’histoire du monde avec une odeur de poubelles. Elle s’appelle rue Leon, un nom de bon Français avec que des métèques et des visages bruns dedans. »

Abad, treize ans, vit dans le quartier de Barbès, la Goutte d’Or, Paris XVIIIe. C’est l’âge des possibles : la sève coule, le cœur est plein de ronces, l’amour et le sexe torturent la tête. Pour arracher ses désirs au destin, Abad devra briser les règles. A la manière d’un Antoine Doinel, qui veut réaliser ses 400 coups à lui. Rhapsodie des oubliés raconte sans concession le quotidien d’un quartier et l’odyssée de ses habitants. Derrière les clichés, le crack, les putes, la violence, le désir de vie, l’amour et l’enfance ne sont jamais loin. Dans une langue explosive, influencée par le roman noir, la littérature naturaliste, le hip-hop et la soul music, Sofia Aouine nous livre un premier roman éblouissant. La Martinière

PAR LES ROUTES. Sylvain Prudhomme. Gallimard, 304 pages

parlesroutes

« J’ai retrouvé l’autostoppeur dans une petite ville du sud-est de la France, après des années sans penser à lui. Je l’ai retrouvé amoureux, installé, devenu père. Je me suis rappelé tout ce qui m’avait décidé, autrefois, à lui demander de sortir de ma vie. J’ai frappé à sa porte. J’ai rencontré Marie. » Avec Par les routes, Sylvain Prudhomme raconte la force de l’amitié et du désir, le vertige devant la multitude des existences possibles. Gallimard

CEUX QUI PARTENT. Jeanne Benameur. Actes Sud, 336 pages

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Tout ce que l’exil fissure peut ouvrir de nouveaux chemins. En cette année 1910, sur Ellis Island, aux portes de New York, ils sont une poignée à l’éprouver, chacun au creux de sa langue encore, comme dans le premier vêtement du monde. Il y a Donato et sa fille Emilia, les lettrés italiens, Gabor, l’homme qui veut fuir son clan, Esther, l’Arménienne épargnée qui rêve d’inventer les nouvelles tenues des libres Américaines. Retenus un jour et une nuit sur Ellis Island, les voilà confrontés à l’épreuve de l’attente. Ensemble. Leurs routes se mêlent, se dénouent ou se lient. Mais tout dans ce temps sus pendu prend une intensité qui marquera leur vie entière. Face à eux, Andrew Jónsson, New-Yorkais, père islandais, mère fière d’une ascendance qui remonte aux premiers pionniers. Dans l’objectif de son appareil, ce jeune photographe amateur tente de capter ce qui lui échappe depuis toujours, ce qui le relierait à ses ancêtres, émigrants eux aussi. Quelque chose que sa famille riche et oublieuse n’aborde jamais. Avec lui, la ville-monde cosmopolite et ouverte à tous les progrès de ce XXe siècle qui débute.
L’exil comme l’accueil exigent de la vaillance. Ceux qui partent et ceux de New York n’en manquent pas. À chacun dans cette ronde nocturne, ce tourbillon d’énergies et de sensualité, de tenter de trouver la forme de son exil, d’inventer dans son propre corps les fondations de son nouveau pays. Et si la nuit était une langue, la seule langue universelle ? Actes Sud

Ici Genève. Ô Vives à Vous ?! Adios La Bodega…

Durant tout l’été, La Ville est à Vous organise des fêtes de rues dans les différents quartiers de la cité. Escale à celle des Eaux-Vives, pour la suite de notre Chronique d’une Gentrification. L’occasion de sonder l’avancée des « festivités »…

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Ô VIVES A VOUS ! Vraiment ?

Entre les vitrines des tout derniers cafés branchés et les bâtiments en « réhabilitation« , place aux vides-greniers…

… et à la mixité sociale, âme du quartier.

Subsiste une atmosphère populaire aux Eaux-Vives, malgré la gentrification en mode TGV … mais pour combien de temps ?

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Gentrification chapitre « loin d’être le dernier« … Août 2019… La Bodega cède le pavé à The Hamburger Fondation… Une page est définitivement tournée…

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Ici Genève. NO’PHOTO

Escale à NO’PHOTO, deuxième édition de la Biennale de la photographie de Genève. Du 21 septembre au 5 octobre 2019 à travers la ville.

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« Une nouvelle dimension est donnée à la deuxième édition de NO’PHOTO, biennale de la photographie à Genève, avec plus d’une centaine de photographies dans une vingtaine de lieux. Deux semaines permettent de découvrir des images qui questionnent, qui documentent, qui portraiturent, qui observent, qui rendent compte, qui racontent. La photographie est exposée, projetée, de forme inédite et mise en débat. » (dossier présentation). Toutes les informations ici

Michel Bührer. Babel à New York. Esplanade Wilsdorf.

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Highlight. Localier genevois

« Un journaliste dans sa ville. Le plein air lui sert de lieu de travail. Du matin au soir, il arpente les marges de l’actualité courante, déambule dans les rues à la rencontre des gens, sillonne les quartiers à bicyclette…

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Editions Labor et Fides, 2019

… Aux communicants qui rêvent de faire la pluie et le beau temps, il préfère les ciels gris et les aubes incertaines. Son journal a fait de lui un localier, après l’avoir employé pendant longtemps comme chroniqueur culturel. On le cherche, il est au Palais de Justice, à écouter la vraie vie en procès. On le cherche toujours, il est en conversation avec un sans-abri ; puis au bord du fleuve, en train de confesser le plaisir des baigneurs en eau vive, adeptes comme lui de la nage à contrecourant. On le cherche encore, il est dans une maison de retraite, à fêter l’anniversaire d’une centenaire.

Jusqu’à l’heure du bouclage, il couvre les embardées de la nature, les chutes d’arbres et les caves inondées, les gestes qui sauvent et les mauvaises nouvelles. Le malheur des gens est au bout de la rue. C’est le moment de sortir sa carte de presse : « Racontez-moi… » Lien éditeur

Ici Genève. Fête de l’Olivier

Ce week-end escale à la Fête de l’Olivier, qui célèbre les 40 ans de la Librairie l’Olivier dans le cadre du 4ème Festival des Musiques arabes et méditerranéennes. Rendez-vous du 20 au 22 septembre à l’Alhambra de Genève.

Vendredi à l’Alhambra Françoise Flore Atlan et l’orchestre Fouad Didi chantent l’esprit de Cordoue tandis que le Sary et Ayad Khalifé Quartet nous font découvrir leur projet mêlant jazz, musique traditionnelle orientale et musique classique.

Vendredi à l’Alhambra on fête l‘Institut des Cultures Arabes & Méditerranéennes et on rend hommage à Alain Bittar, un Genevois bâtisseur de ponts.

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« L’ICAM est un espace non confessionnel pour valoriser le pluralisme des identités de Genève à travers une meilleure connaissances des cultures arabes et méditerranéennes » Concerts, expositions, librairie, rencontres, conférences. Venez rêver, laissez-vous transporter, partager un brunch, découvrir des sons aux influences multiples, des artistes oniriques et novateurs. Lien

Ici Genève. La « Quinzaine »

Du 16 septembre au 6 octobre, la sixième édition de la Quinzaine de l’Urbanisme se décline en trois temps forts à travers trois lieux. « Lire & écrire l’architecture » dédié à la culture du bâti au Pavillon Sicli, « Explore – Festival de la ville de demain » à l’Usine Parker et « Lancy avant demain » à la Grange Navazza. Expositions, conférences, ateliers, débats pour penser, inventer, explorer la ville de demain… Programme foisonnant, choix forcément frustrant…

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Du coup le mien s’est porté sur l’atelier « Local, Regional, Global : La mobilité dans la ville-monde. » Organisé notamment par le bureau de sciences sociales Mobil’Homme et le collectif URBZ, spécialisé dans la programmation urbaine et la gouvernance participative.

« Comment la ville compacte, la ville intelligente et démocratique répond-elle au niveau local à des changements et des enjeux qui se jouent à l’échelle globale ? »

Découvrez le menu complet ici qui éclaire sur les mutations à l’oeuvre dans notre cité, les nouveaux quartiers ou le nouveau train. Qui propose également de « Penser le Grand Genève« , « Faire ville ensemble« , « Construire des futurs souhaitables pour Genève« .

 

Ici Genève. Un samedi ordinaire…

14 septembre 2019. Un samedi ordinaire pour la cité de Jean, Jean-Jacques et Henri qui trouve toujours pléthore d’événements à célébrer, de causes à mettre en lumière. Aujourd’hui projecteurs sur la frontière, la planète et la solidarité.

Festival Alternatiba – Parc des Bastions 10h-19h

Fête sans frontière – douane de Moilesulaz – 10h – 21h

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Les villes de Thônex et de Gaillard s’associent pour fêter l’extension du tram jusqu’à Annemasse ainsi que la construction de la nouvelle plateforme douanière de Moillesulaz! Toutes les infos ici

Manifestation SOS Méditerranée – Place de Sardaigne, Carouge – dès 16h

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Highlight. One emerging from a point of view

Can two women cross paths and yet never meet? Collapsing the boundaries between documentary and fiction, Wu Tsang presents a video installation – commissioned by the Fast Forward Festival 6 – that offers a different take on the phenomenon of migration. Taken together with the performance “Sudden Rise at a Given Tune”, the two works enter into dialogue to create subversive images of contemporary reality.

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In “One Emerging from a Point of View” (2019), the artist continues an ongoing exploration of a “third” space between two overlapping video projections, focusing on this overlap to create visual entanglement. As images cut and bleed into each other, two disparate narratives intertwine through synchronised camera choreography. Set on the northeastern shore of Lesbos, Greece, the work revolves around a scenario in which two women cross paths three years ago – although they never met. One is a young woman from Morocco (Yassmine Flowers), who arrives in Athens after many months of travel through Turkey and Lesbos’ Moria camp. The other is a photojournalist (Eirini Vourloumis), who is assigned to document the “crisis” and becomes personally involved with the fishing village of Skala Sikamineas, where locals have been first responders to the mass influx of refugees coming mostly from Syria, Iraq, Afghanistan, and North Africa. (Text originally published for Sharjah Biennial 14, courtesy Sharjah Art Foundation.) Lien

Highlight. Vilnius, Paris, Londres

Dans Vilnius, Paris, Londres, Andreï Kourkov nous parle de Circulation européenne. De rêves, de mobilité, d’Eldorado et de désenchantement. D’un espace commun qui ne suscite aujourd’hui plus l’adhésion. Vilnius, Paris, Londres raconte juste l’histoire d’aventuriers européens qui fêtent Schengen et veulent juste circuler. Rien de plus banal que le mouvement. Juste un soir. Juste une histoire qui se joue aux dés. Rien de définitif là-dedans. Vilnius, Paris, Londres, un portrait de la jeunesse européenne qui s’inscrit dans la veine du magnifique « Europe, She Loves« .

Wet Eye Glasses

« C’est la fin des gardes-frontière et des contrôles de passeports, un immense espoir pour un pays minuscule: le 21 décembre 2007, à minuit, la Lituanie intègre enfin l’espace Schengen. Comme beaucoup de leurs compatriotes, trois couples se lancent dans la grande aventure européenne. Ingrida et Klaudijus tenteront leur chance à Londres. Barbora et Andrius à Paris. Et si Renata et Vitas restent dans leur petite ferme à Anyksciai, eux aussi espèrent voir souffler jusqu’à l’Est le vent du changement. Mais l’Europe peut-elle tenir ses promesses de liberté et d’union ? Estampillés étrangers, bousculés par des habitudes et des langues nouvelles, ces jeunes Lituaniens verront l’eldorado s’éloigner de jour en jour. Kukutis, un vieux sage qui traverse l’Europe à pied, le sait bien, lui : « Peu importe la ville où l’on veut atterrir, c’est le voyage lui-même qui est la vie. » Dans ce roman tour à tour drôle, tendre et mélancolique, Kourkov donne un visage à tous les désenchantés du rêve européen. » Lien éditeur

Vilnius, Paris, Londres raconte les Villes-Monde et les périphéries. La recherche de la bonne place entre eldorados saturés et territoires de la nation. Vilnius, Paris, Londres raconte l’histoire d’une initiation géographique, une histoire d’allers-retours et de stratégies. De stratégies géographiques et identitaires.

Vilnius, Paris, Londres raconte l’Europe d’avant et le destin des anciens, comme Kukutis et son « coeur-planisphère » à qui la guerre a coupé les jambes. Qui depuis refuse de se définir d’un État-nation auquel il préfère la région. Après l’oubli délibéré et l’invention d’un nouveau soi chez la Maison Golden, l’appartenance régionale, encore une option pour s’identifier.

Vilnius, Paris, Londres raconte l’errance perpétuelle. La barrière des langues. Les destins singuliers de héros ordinaires dans une Europe si brassée qu’on y confectionne du  « Made in Britain » qu’aucun Britannique ne fabrique de près ou de loin (408).

 Extraits

« Il s’étonna et réfléchit à l’équilibre. A l’équilibre de la circulation des voitures et des hommes. Quand cet équilibre existait, tout marchait bien dans le monde. Cent véhicules allaient d’Allemagne en Pologne, et cent de Pologne en Allemagne, un Kukutis lituanien arrivait dans un village polonais tandis qu’un Kukutis polonais atterrissait par hasard dans une ferme de Lituanie. Ainsi devaient être les choses, et ainsi sûrement étaient-elles, mais personne ne voyait rien de ce mouvement car personne ne pouvait observer d’en haut avec autant d’attention ce qui se passait en bas sur Terre. » (104)

« Belleville, vite devenu familier, réjouissait l’oeil de ses enseignes en chinois et en arabe. Toutes les vitrines étaient allumées alors que la plupart des boutiques étaient déjà fermées. Des représentants de l’Internationale parisienne – Indiens, Africains, Arabes, Vietnamiens – faisaient la queue devant un cybercafé où l’on pouvait téléphoner sans se ruiner dans le monde entier. »

« (…) une grande ville… – Dans laquelle la moitié des vitrines des magasins de la rue principale est barrée de bandes de papier collées en croix. Comme dans un film de guerre ! » (387)

« Et si cette nuit-là, ce fameux 20 décembre dans la petite maison de Renata, (…) ils avaient décidé d’émigrer tous ensemble dans le même pays, la même ville ? Peut-être qu’alors tout serait différent à présent, et surtout plus gai. Pourquoi s’étaient-ils dispersés ? Pourquoi chacun voulait partir dans « son » pays, dans « sa » ville ? Pourquoi l’idée ne leur était-elle même pas venue de partir ensemble ? (…) Il appréciait certes sa solitude lituanienne, sa propre réserve, la distance savante qu’il maintenait avec cette Angleterre indifférente et polie. » 409

« – Je ne suis pas allemand non plus, rétorqua le vieillard. / – Les Allemands ont souvent honte d’avouer qu’ils sont allemands, affirma l’homme sur un ton de reproche. Ils s’inventent tout de suite des nationalités particulières. L’un se dit bavarois, le deuxième silésien, le troisième souabe. / – Eh bien moi, je suis lituanien. / – Ah voilà, le quatrième se dit lituanien !  » Le conducteur fronça les sourcils tandis qu’un sourire méprisant s’esquissait sur ses lèvres. Kukutis haussa les épaules. « Très bien, continua-t-il d’une voix grinçante. Dans ce cas, je vais vous dire la vérité. En fait, je suis samogitien. / – Vous êtes quoi ? / – Samogitien, de Samogitie, expliqua Kukutis avec impatience. Mais quand je suis attablé dans une brasserie avec un Sudovien, un Aukstaitien, un Tuteisien et un Dzükijen, au moment de lever nos verres, nous disons : « Nous, Lituaniens, savons boire mieux que les Allemands et chanter plus joyeusement que les Polonais! » (412)

« Je ne vous recommande pas de rentrer en Lituanie je parle seulement de Paris. Lille est aussi une grande ville. C’est toujours la France, peuplée de Français, mais la vie y est beaucoup moins chère et plus facile qu’ici. Peut-être réussirez-vous à y trouver votre place ? (422)

« Tout le monde veut vivre dans le Sud, au bord de la mer, quelque part entre Nice et Cannes. J’y ai vécu moi aussi. Mais il n’y a pas de travail là-bas. Le travail se trouve toujours ou presque dans le Nord où beaucoup ne voudraient pas vivre mais vivent néanmoins. Si j’étais prêt à tout et si j’avais vingt ans, je laisserais tout tomber, je filerais sur la Côte d’Azur, je prendrais le risque… Mais je serais sûrement bien de retour. Dans le Nord, au moins, il y a du travail. Il faut faire dans la vie ce qu’on aime et à l’endroit où l’on vit ! C’est l’idéal… » (428)

« Nous devons rentrer à la maison, reprit Andrius à voix basse quand il eut rassemblé ses idées. A la maison, en Lituanie. Nous passerons là-bas un peu de temps, peut-être une année. Nous mettrons l’enfant au monde, nous apprendrons le français, nous gagnerons de l’argent. Et alors nous pourrons revenir à Paris. Nous savons maintenant comment c’est ici… Nous aurons plus d’expérience ! » (424)

« Les gens de chez nous n’ont pas l’habitude de partir à l’étranger, expliqua-t-il. Ils restent au pays et ils boivent. Puis ils se pendent, victimes de dépression. Nous occupons la première place dans le monde en nombre de suicides. » (439)

 » (…) je n’ai jamais parlé encore avec un Anglais par ici, je n’en ai même jamais rencontré. Rien que des Roumains, des Polonais, des Bulgares, des Lituaniens… » « Moi non plus, déclara-t-il. Nous sommes là depuis décembre, et pas un seul Anglais. » (440)

« Moi, un putain d’Anglais ? s’indigna l’homme. Je suis irlandais, de Cork! » (441)

« La mère de Philippe disait que Paris, ce n’est pas la France. » (444)

« Nous sommes partis ensemble, vois-tu. Tous nos amis et parents le savent. Ce serait bizarre de rentrer seul à la maison, non ? Même si j’en ai envie… Mais ce n’est que le mal du pays. C’est mieux ici de toute façon, ici on a des chances… Des chances de quoi ? Dieu seul le sait ! Des chances diverses et inattendues. Je n’aurais jamais imaginé que je deviendrais jardinier ou que je fabriquerais des cages pour des bestioles comme toi ! » (462)

« Qu’allaient-ils devenir là-bas, si ce nonagénaire acceptait de les employer chez lui ? Bon d’accord, ils iraient faire les courses, s’occuperaient du ménage, cireraient les planchers, prépareraient les repas, laveraient son linge. Mais était-ce bien là ce pour quoi ils avaient quitté Vilinius ? Ce pour quoi ils avaient émigré à Paris ? » (470)

« Elle l’avait conduit à Londres et avait fait de lui un émigré. Elle l’avait conduit dans le Surrey, au manoir Mr Krawec, et converti en jardinier. Puis elle l’avait changé en expert ès fabrication de cages à lapins. C’était dément ! » (481)

« Nous ne sommes plus en Lituanie où l’on peut s’enterrer dans une bicoque au milieu de la forêt d’Anyksciai et attendre docilement d’être vieux. Nous sommes en Angleterre, nous sommes en guerre. En guerre pour un avenir heureux.«  (433)

« A ce souvenir, ils convinrent tous les deux que le temps en France filait mille fois plus vite qu’en Lituanie, et que c’était sans doute la raison pour laquelle il leur semblait vivre depuis des années ici, au milieu des Français, déménageant de place en place en quête de stabilité et de bonheur. (…) il lui vint un rêve fragile, fuyant, dans lequel une balle de basket passait de main en main, sans jamais atteindre le panier. Et dans cette balle, il se reconnut. » (491)

« Que lui avait-elle dit alors ? Qu’il devait changer et commencer par se choisir un nouveau nom ? Quelle bêtise ! Perdre son nom, n’était-ce pas se perdre soi-même ? Perdre ses souvenirs, son caractère, ses sentiments, sa patrie, si ronflant soit ce mot ? » (495)

« Plus Andrius se familiarisait avec Farbus et ses environs immédiats, plus cruellement il ressentait l’incongruité de sa présence en ces lieux. » (506)

« Où ai-je donc échoué ? songea-t-il. Nous étions partis pour Paris, là où la vie bouillonne et où on ne s’ennuie pas. Là où on peut gagner sa vie et être heureux. Et nous nous retrouvons dans un cimetière ! » (512)

« Et quand il vit le train à grande vitesse Thalys et entendit l’annonce du mot Amsterdam, il se sentit à nouveau comme à Paris, dans une ville où on se sentait vivre. » (524)

– Et avant Londres ? insista Klaudijus, désireux de creuser jusqu’aux racines, jusqu’à sa véritable patrie. « Vous devez avoir résidé longtemps à Londres pour parler aussi bien l’anglais ! » « Je suis né à Londres, déclara-t-il avec véhémence. Je suis anglais ! » (539)

« Il se prit à méditer sur la France et se sentit floué : c’était comme si le pays l’avait invité à venir, pour le rejeter ensuite à peine arrivé. » (542)

« Aussi n’était-il resté à Andrius que le rêve. Le « rêve américain » avait déjà perdu en ce temps-là sa popularité: ceux qui en souffraient avaient quitté le pays dès les années 1990. Avaient subsisté des rêves plus simples et plus proches : le parisien, l’irlandais, l’anglais. Il avait choisi le parisien, bien qu’il ne fût jamais allé en France auparavant. » (543)

« Au-delà des murs du bistrot ne l’attendait que l’indifférence polie de la France. » (544)

« Oui, la Grande-Bretagne, ce n’étaient pas seulement le Surrey et le Kent, c’était un immense pays. Surtout comparé à la Lituanie. Et si le Sud, à en croire Tiberi et Laszlo, n’était peuplé que d’immigrés du monde entier, là-bas, dans le Nord, il ne devait pas s’en trouver un seul. Parce que c’était le Nord, justement, et bien plus difficile d’accès. Et quand même on y parvenait, on se retrouvait alors dans un tout autre monde. Lui, il saurait y aller, et deviendrait là-bas le premier et unique Lituanien à s’y installer, et il se sentirait enfin en Angleterre. Ou plutôt en Ecosse. Et on le regarderait avec une curiosité bienveillante, car il serait le premier représentant d’une nation, d’un peuple autrefois puissant, fondateur du Grand-Duché de Lituanie, (…) « (565)

« Seulement à ce moment il se prenait pour une victime de l’indifférence polie de la France, ou simplement de la vie. Alors qu’à présent, il faisait partie d’elle. Il était lui-même devenu la France ou tout bêtement un être humain qui avait pris conscience de sa propre indifférence polie pour le monde qui l’entourait et ses habitants. » (572)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Highlight. Invasions dans toutes les directions

Des émigrés suisses à L.A., une communauté chinoise à Paris, des Français en Israël, des « Expats » à Genève, des « repatriés » africains. D’où qu’ils viennent où qu’ils aillent, quels que soient les noms dont ils sont affublés, les séries de l’été nous offrent des portraits d’humains en mouvement, tout simplement.

DES SUISSES A LOS ANGELES. Doc-feuilleton de l’été 2019. RTS Un, 5 épisodes

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A Los Angeles, 20 millions d’individus vivent leur aventure entre océan et montagne. En cinq épisodes, nous suivons le quotidien de cinq Suisses.
Lauriane vient d’arriver à UCLA pour un semestre sur le campus, Dora a décidé de rentrer en Suisse. L’architecte Roger compose avec un quotidien semé d’embûches administratives. Entre vie d’artiste et vie de famille Francesca n’a pas une minute. Randy, quand il quitte son costume, mène une vie simple et parfois solitaire. Lien RTS
« NOUS, MIGRANTS ». 20 portraits. Série Médias francophones publics. Été 2019
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La réalité des flux migratoires est diverse, mais leur moteur est toujours la perspective d’une meilleure vie. Avec ce que cela implique de déracinement et d’efforts d’adaptation. En vingt portraits sensibles, les rédactions des Médias Francophones Publics vous invitent à découvrir une partie de cette réalité. Une série inédite à suivre en intégralité tout l’été sur France Inter, La 1ère RTBF, La 1ère RTS, RFI et ICI Radio-Canada Première. Lien
EXPAT A GENEVE. Série vidéo. Tribune de Genève. Juin 2019

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Tout au long de la semaine, découvrez la vie des expatriés genevois. Une Américano-cubaine, un Portugais et un Hollandais nous parlent de leur intégration et partagent leur regard sur la région. Une série à découvrir en sept épisodes. Lien

Highlight. La Maison Golden

La Maison Golden, dernier opus de l’écrivain Salman Rushdie raconte le glissement de l’Amérique de Batman à l’Amérique du Joker. Tragédie-saga familiale restituée par l’artiste-voleur en immersion, mais surtout roman sur l’identité, l’Inde, l’Amérique, la mondialisation. Sur Un Monde qui bascule vers le sectarisme. Sur un pays où le langage est devenu un champ de mines. Où « l’élite » et donc la connaissance, la vérité, est honnie. Où la présence des communautés transnationales rend vaine la cape d’invisibilité de ceux qui tentent de fuir. Où tous les mondes sont désormais irrémédiablement liés.

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« Le jour de l’investiture de Barack Obama, un énigmatique millionnaire venu d’un lointain Orient prend ses quartiers dans le bijou architectural des “Jardins”, une communauté préservée nichée au cœur de Greenwich Village, à New York. Flanqué d’une jeune maîtresse russe, la sulfureuse Vasilisa, Néron Golden est accompagné de ses trois fils adultes, aussi brillants que névrosés : Petronius, dit Petya, l’agoraphobe génie de l’informatique, Lucius Apuleius, dit Apu, l’artiste mystique, et Dionysos, dit D., l’indéfini sexuel. Parmi les demeures qui ceignent les Jardins se trouve celle de René Unterlinden, jeune cinéaste putatif, traumatisé par la récente disparition de ses parents dans un accident. Quand les Golden emménagent, René, comprenant que ces fascinants nouveaux voisins seront son remède et sa muse, fait leur connaissance, devient leur familier et calque l’écriture du scénario de son film sur les événements qui secouent cette maisonnée dont bien des secrets, passés, présents et futurs, lui échappent encore. Le passé ? C’est l’Inde que Néron Golden a fuie mais qui va les rattraper, lui et les siens. Le présent, ce sont les huit années du mandat Obama, l’Amérique des grandes espérances de 2008 et leur progressive dégradation, tandis qu’en embuscade un Joker aux cheveux teints s’apprête à accéder au pouvoir… L’avenir, c’est celui, obscur, d’un monde contemporain livré au doute, mais dont l’éblouissante imagination de Salman Rushdie transcende les peurs, les rêves et les égarements.«  Lien Actes Sud

Extraits

« Que dirons-nous (…) quand ils nous demanderont « D’où venez-vous? » « Vous faites foirer la séance d’identification. Vous leur dites que nous sommes des serpents qui venons de muer. Vous leur dites que nous débarquons à peine de Carnegie Hill. Vous leur dites que nous sommes nés hier. Vous leur dites que nous nous sommes matérialisés par magie ou que nous arrivons des alentours d’Alpha du Centaure à bord d’un vrai vaisseau spatial caché dans la queue d’une comète. Vous leur dites que nous ne sommes de nulle part ou de n’importe où ou de quelque part, que nous sommes des êtres de fiction, des charlatans, des êtres réinventés, des mutants, autrement dit des Américains. » (16)

« Ils aimaient leur ville parce qu’elle ne ressemblait pas au reste du pays. « Rome ze n’est pas l’Italie, m’a appris mon père, et Londres n’est pas l’Angleterre et Paris n’est pas la France et zezi n’est pas les États-Unis d’Amérique. Zezi est New York. (…) Z’est un bulle«  (33)

« Cette obsession moderne de l’identité me révolte (…) C’est une façon de nous rétrécir au point que nous devenons des sortes d’étrangers les uns pour les autres. Avez-vous lu Arthur Schlesinger ? Il s’élève contre la marginalisation perpétuelle qui résulte de l’affirmation des différences. » (85)

« Il existait un musée des Amérindiens sur Bowling Green et un Italian American Museum sur Mulberry Street et le Polish American Museum à Port Washington, et il y avait deux musées pour les juifs, au nord et au centre de la ville et c’étaient là manifestement des musées de l’identité mais le MoI, le Museum of Identity, avait de plus vastes ambitions, son conservateur charismatique s’intéressait à l’identité en soi, la grande force nouvelle apparue dans le monde, déjà aussi puissante que n’importe quelle théologie ou idéologie, identité culturelle et religieuse, nation, tribu, secte et famille, c’était un champ multidisciplinaire (…) « Dieu est mort et l’identité remplit le vide« . (87)

« Quand je pense à D. je me rappelle la phrase de Theodor W. Adorno : « La plus haute forme de moralité est de ne pas se sentir chez soi lorsque l’on est chez soi«  (124)

« Je la sentais, la colère (…), tout le mécontentement d’un pays furieusement divisé, et tous pensaient avoir raison, que leur cause était juste, que leur douleur était unique, qu’on devrait s’intéresser à eux (…) » (166)

« Prends-le comme mon besoin de découvrir s’il y a lieu d’y chercher un lieu qui serait le mien. (256) (…) Je n’éprouve plus le besoin d’être ici. (…) Parce que j’en suis venu à croire à la mutabilité totale de l’individu. Je crois que sous la pression des événements on peut tout simplement cesser d’être ce qu’on était pour tout simplement être la personne qu’on est devenu. » (265)

« L’Amérique avait quitté la réalité pour entrer dans l’univers de la bande dessiné. (…) Ce fut l’année des deux bulles. Dans l’une de ces bulles, le Joker hurlait et les rires préenregistrés du public se déchaînaient au moment ad hoc. Dans cette bulle, le changement climatique n’existait pas et la fonte des glaces dans l’Arctique n’était qu’une nouvelle opportunité pour l’industrie du bâtiment. Dans cette bulle, ceux qui commettaient des assassinats au moyen d’armes à feu ne faisaient qu’exercer leurs droits constitutionnels mais les parents des enfants assassinés étaient anti-Américains. Dans cette bulle, si ses habitants remportaient la victoire, le président du pays voisin, au sud, qui envoyait aux États-Unis des violeurs et des assassins, devrait payer la construction d’un mur (…), les déportations de masse seraient une bonne chose, et on ne ferait plus confiance aux femmes journalistes parce qu’elles avaient du sang qui leur sortait de leur je-ne-sais-quoi, les parents des héros tombés à la guerre s’avéreraient être les suppôts de l’islam radical, les traités internationaux n’auraient plus à être honorés, (…) la multiplicité des faillites viendrait faire la preuve d’une connaissance experte du monde des affaires, (…) et tandis que le Deuxième Amendement deviendrait sacré, le Premier ne le serait pas (…). Dans l’autre bulle, il y avait la ville de New York. » (273-275)

« Le monde extérieur s’était mis à ressembler à un décor de carton-pâte. Dehors, c’était le monde du Joker, le monde de ce qu’était devenue la réalité américaine, c’est-à-dire une sorte de mensonge radical (…). » (312)

« Mon âge adulte coïncida avec l’arrivée de l’Ere de l’Identité (…) J’admets que je suis une entité plurielle. (…) Je peux me définir de différentes manières. Mais ce que je ne suis pas c’est un être univoque. Je contiens des multitudes. C’est contradictoire ? Très bien, alors je suis pleine de contradictions. Être pluriel, multiforme, est une chose singulière, riche inhabituelle et c’est moi. Se laisser cantonner dans des définitions réductrices est une supercherie. S’entendre dire si vous n’êtes pas ceci vous n’êtes rien est un mensonge. Le musée de l’Identité est trop impliqué dans ce mensonge. Je ne peux plus y travailler. (…) Je soupçonne que l’identité, au sens moderne du terme – nationale, raciale, sexuelle, politisée, controversée est devenue une série de systèmes de pensée dont certains ont poussé D. Golden au suicide. La vérité c’est que nos identités nous restent impénétrables et c’est peut-être mieux ainsi, que l’individu demeure un fouillis et un chaos, contradictoire et irréconciliable. (…) La flexibilité devrait être acceptée. L’amour devrait primer, pas les dogmes de l’identité.«  (324-325)

« Cette ville de rêve a disparu (…) Tu as toi-même construit par-dessus et tout autour et tu as écrasé la ville ancienne sous la nouvelle. Dans le Bombay de tes rêves, tout n’était qu’amour et paix, pensée laïque et absence de communautarisme, hindous et musulmans étaient bhai bhai, (…) Dans la ville de Mumbai nous avons gagné la guerre des gangs mais une guerre bien plus importante se prépare. (…) Avant on se battait seulement pour le territoire. Cette bataille est finie. Maintenant c’est l’heure de la guerre sainte. » (363)

« Peut-être m’étais-je-trompé sur le compte de mon pays. Peut-être le fait d’avoir passé ma vie dans une bulle m’avait-il fait croire à des choses qui n’étaient pas vraies ou qui ne l’étaient pas suffisamment pour triompher ? Quel sens auraient les choses si le pire arrivait, si la lumière disparaissait du ciel, si les mensonges, les calomnies, la laideur, devenaient le visage de l’Amérique ? » (377)

« Le bouffon était bien devenu le roi et les habitants se forçaient à constater que le ciel ne s’était pas écroulé. (…) Les meilleurs avaient perdu courage, les pires étaient remplis d’enthousiasme (…) mais la République était plus ou moins intacte. (…) Il arrive que ce soit les méchants qui gagnent. (…) Comment peut-on vivre quand (…) tout ce que vous avez jamais possédé c’est votre esprit et que vous avez été élevé dans la croyance en la beauté du savoir (…) l’éducation, l’art, la musique, le cinéma devient l’objet de détestation. » (391)

« La Crise de l’identité qui se concentrait sur les convulsions schismatiques qui s’étaient emparées de l’Amérique (…) une Amérique coupée en deux, son mythe fondateur traîné dans le caniveau du sectarisme (…). » (396)

« Cela faisait plus d’un an que le Joker avait conquis l’Amérique et nous étions encore sous le choc, nous en étions encore au stade des lamentations mais nous éprouvions à présent le besoin de nous unir et d’opposer l’amour, la beauté, la solidarité et l’amitié aux forces monstrueuses en face de nous. L’humanité était la seule réponse possible à cet univers de bande dessinée. Je n’avais pas d’autre plan que l’amour. » (398)

« Il y a ici des compagnies qui peuvent prêter assistance à celles de là-bas, qui peuvent faciliter des voyages, mettre en oeuvre des stratégies. Les clowns deviennent rois, les vieilles couronnes gisent dans le caniveau. Les temps changent. Ainsi va le monde. » (411)

« Nos visages se confondent les uns avec les autres et la caméra tourne si vite que tous les visages disparaissent et ne reste plus qu’un fondu, les lignes de vitesse, le mouvement. Les personnes, l’homme, la femme, l’enfant, deviennent secondaires. Seul demeure le mouvement tourbillonnant de la vie. » (414)

 

 

 

 

Ici Genève. Genève 2050

GENÈVE 2050 propose de se projeter dans l’avenir, pour anticiper et conjuguer au futur les politiques publiques. Genève 2050 c’est : Un sondage en ligne (jusqu’au 28 juillet), des micro-trottoirs, mais surtout des ateliers et des débats autour des questions comme « Mieux vivre ensemble à Genève en 2050 », « Nouveaux modes de participation citoyenne », « Réflexions croisées avec le Grand Genève », « Les mots du futur », etc. du 22 mars au 17 avril. Voir toute la programmation ici

genève2050

« Penser ensemble un futur désirable. Au cours des prochaines décennies les territoires de Genève et de la région vont vivre d’importantes évolutions, dans de nombreux domaines : vie en société, santé, énergie, éducation, aménagement, mobilité, environnement, travail ou d’autres encore. Au-delà des moyens de consultation déjà utilisés par la voie démocratique, «Genève 2050» propose de se projeter dans l’avenir, pour anticiper et conjuguer au futur les politiques publiques, pour accompagner les changements, en identifiant ensemble des pistes et des indicateurs permettant de définir une vision de cet avenir commun. Insertion, Interaction, Innovation. Tels sont les axes clés de cette législature pour l’Etat de Genève. Ils balisent dès aujourd’hui la route pour «Genève 2050». Cette démarche est portée par l’Etat avec la société civile, les communes, les milieux académiques et économiques, les partenaires de la région ainsi que la Genève internationale. Ce printemps, l’Etat de Genève vous informe, vous consulte et vous invite à participer activement à définir «Genève 2050», en venant aux ateliers ouverts à toutes et à tous, puis en répondant à un questionnaire en ligne. Les résultats de la consultation et l’image qu’ils auront permis de dessiner pour l’avenir seront ensuite largement communiqués. » Lien

 

Highlight. Nouvelle Histoire du Monde

La Revue Sciences Humaines de ce mois de mai propose un dossier sur la nécessité, à l’heure « la mondialisation économique s’accompagne d’une montée en puissance des récits nationalistes », à écrire une Nouvelle Histoire du Monde.

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« Globale, universelle, connectée… Comment écrire l’histoire du monde ? »

expose les enjeux liés à l’écriture de cette Nouvelle Histoire, qui conduit à « repenser le monde dans sa complexité« , à élargir son champ à la planète entière, à écrire une histoire commune de l’humanité. Une histoire hybride, multipolaire. Une Histoire à l’image de l’espace mondial. (Sciences Humaines, Mai 2019, no 314. Laurent Testot)

Histoire Mondiale de la France

Une proposition qui s’inscrit dans la continuité du « best-seller » Histoire Mondiale de la France sorti en 2017 sous la direction de Patrick Boucheron.histoirefrance

« « Ce ne serait pas trop de l’histoire du monde pour expliquer la France » Jules Michelet, Introduction à l’histoire universelle (1831)

Voici une histoire de France, de toute la France, en très longue durée qui mène de la grotte Chauvet aux événements de 2015. Une histoire qui ne s’embarrasse pas plus de la question des origines que de celle de l’identité, mais prend au large le destin d’un pays qui n’existe pas séparément du monde, même si parfois il prétend l’incarner tout entier. Une histoire qui n’abandonne pas pour autant la chronologie ni le plaisir du récit, puisque c’est par dates qu’elle s’organise et que chaque date est traitée comme une petite intrigue.

Réconciliant démarche critique et narration entraînante, l’ouvrage réunit, sous la direction de Patrick Boucheron, un collectif d’historiennes et d’historiens, tous attachés à rendre accessible un discours engagé et savant. Son enjeu est clair : il s’agit de prendre la mesure d’une histoire mondiale de la France, c’est-à-dire de raconter la même histoire – nul contre-récit ici – qui revisite tous les lieux de mémoire du récit national, mais pour la déplacer, la dépayser et l’élargir. En un mot : la rendre simplement plus intéressante !

Ce livre est joyeusement polyphonique. Espérons qu’un peu de cette joie saura faire front aux passions tristes du moment. » Lien éditeur

La Ruée de Boris Charmatz

Un ouvrage lui-même à l’origine d’une démarche originale de l’artiste Boris Charmatz qui prouve une fois encore que les mondes sont hybrides, perméables, bricolés. Les arts comme les lieux !

ruée
Politis

« Pour ses 10 ans, le Musée de la danse envahit joyeusement le TNB avec une improvisation collective dans tous les espaces du théâtre. Boris Charmatz conçoit un chaos historique, dansant, criant, vacillant : une ruée. Une quarantaine d’artistes mettent en bouche et en corps, à toute allure, le livre Histoire mondiale de la Francecoordonné par Patrick Boucheron, penseur associé du TNB. Précipité de mouvement et de texte, ils courent entre geste et pensée, histoire et instant dansé. Cela forme l’exposition agitée d’un livre qui parcourt « toute » l’histoire de France, depuis la préhistoire jusqu’à 2015. Une invitation à plonger dans la « grande » histoire, celle d’une France dont la définition échappe sans cesse. Une histoire de ce qui est perméable, incertain, mouvant, redéfini au cours de l’histoire, en permanence. N’est-ce pas cela l’art ? Un hommage au multiple et au complexe, à l’insaisissable de ce qui pourtant, nous construit ? » Lien Musée de la danse

Voir l’article https://www.politis.fr/articles/2018/11/la-ruee-geste-historique-39626/