Mon Grand Bazar d’initiatives, visions décalées, pépites et projets singuliers. De voix qui ouvrent de nouvelles voies. Sélection totalement subjective faite de découvertes souvent fortuites. Une condition : enrichir notre rapport aux Mobilités et ses dérivés. Si possible avec humour et poésie. Un mot d’ordre : éclectisme. Livres, expos, films, musique, sciences sociales, philosophie, société civile, etc. Une règle : pas de classement, pas de logique, pas de hiérarchie, pas de chronologie, pas de théorie. La quête : accent sur les métissages et les hybridités. La méthode : chiner, dénicher, compiler, partager. Encore et toujours s’étonner…
Bird People. Film de Pascale Ferran. France, 2014, 2h07
« En transit dans un hôtel international près de Roissy, un ingénieur en informatique américain, soumis à de très lourdes pressions professionnelles et affectives, décide de changer radicalement le cours de sa vie. Quelques heures plus tard, une jeune femme de chambre de l’hôtel, qui vit dans un entre-deux provisoire, voit son existence basculer à la suite d’un événement surnaturel. » (lien )
Samba. Film d’Eric Toledano et Olivier Nakache. France, 2014, 1h58
« Samba, sénégalais en France depuis 10 ans, collectionne les petits boulots ; Alice est une
cadre supérieure épuisée par un burn-out. Lui essaye par tous les moyens d’obtenir ses papiers, alors qu’elle tente de se reconstruire par le bénévolat dans une association. Chacun cherche à sortir de son impasse jusqu’au jour où leurs destins se croisent… Entre humour et émotion, leur histoire se fraye un autre chemin vers le bonheur. Et si la vie avait plus d’imagination qu’eux ? » (lien)
Il a déjà tes yeux. Film de Lucien Jean-Baptiste. France, 2017, 1h35
« Paul est marié à Sali. Tout irait pour le mieux s’ils arrivaient à avoir un enfant. Jusqu’au jour où Sali reçoit l’appel qu’ils attendent depuis si longtemps : leur dossier d’adoption est approuvé. Il est adorable, il a 6 mois, il s’appelle Benjamin. Il est blond aux yeux bleus et il est blanc. Eux… sont noirs » (lien)
Frère Animal (Second Tour). « Fable ultra contemporaine entièrement en musique, parlé et chanté«
Les derniers Parisiens. Film de Hamé Bourokba et Ekoué Labitey. France, 2017, 1h45
« Arriver trop tard, comme après la bataille : voilà le beau thème mélancolique paradoxalement choisi, pour leur premier long métrage, par Hamé et Ekoué, figures du groupe de rap La Rumeur. A sa sortie de prison, Nas (Reda Kateb) se prend d’intérêt pour le bar quasi désert tenu, à Pigalle, par son grand frère (Slimane Dazi). Il rêve d’un lieu pour noctambules, bondé jusqu’à l’aube, propice aux trafics lucratifs, sans comprendre que ce coin de Paris, autrefois interlope, s’est « gentrifié ». Les rois y sont désormais les grandes enseignes mondialisées, et non plus les petits Tony Montana de quartier.
Un peu comme Go Go Tales, d’Abel Ferrara, sur la fin du New York sulfureux et frauduleux, le film offre le portrait d’un monde en voie de liquidation, un univers fait pour la nuit, mais montré le plus souvent de jour, comme pour mieux le renvoyer à son obsolescence. Les « derniers Parisiens » du titre sont des hommes, des mecs, pour la plupart d’origine maghrébine ou africaine, et qui n’ont plus guère que leurs joutes verbales pour continuer à exister : leurs combines à l’ancienne sont repoussées vers la périphérie. Une grande lame de fond sociologique et immobilière les guette.
Ces hommes entre eux, ou renvoyés à leurs solitudes respectives, sont filmés dans une tradition naturaliste qui remonte à Pialat et passe par Kechiche. Les réalisateurs y glissent leur romanesque familial, les blessures fratricides entre le grand frère rangé des voitures et Nas, le chien fou qui n’a déjà plus l’âge de l’être. Hamé et Ekoué sont plus maladroits dès lors qu’un personnage féminin s’invite dans la dispute — l’agent de probation de Nas, joué par Mélanie Laurent. Tout à coup, leurs tablées bruyantes deviennent assommantes… Mais, au total, c’est un coup d’essai prometteur. Un film noir, sur la violence du monde, et pourtant sans crime au sens propre. Sans autre victime que des caïds amateurs, appelés à devenir des laissés-pour-compte. — Louis Guichard, 25/2/2017″ (lien)
Apatride. Roman de Shumona Sinha. Editions de l’Olivier, 2017, 192 pages
« D’autres nuits surgirent derrière ses paupières, mais la lumière n’y avait plus de chaleur, il ne s’en échappait aucun bruit, aucun son, aucun souffle. Elle se rendit compte que, ni ici ni là-bas, elle n’arrivait à rire, à respirer, à se sentir vivante, et qu’elle lévitait dans un mouvement aveugle, chutait dans le vide, sans terre ni ciel. »
Esha a quitté Calcutta pour s’installer à Paris, la ville dont elle rêvait. Or, d’année en année les déceptions s’accumulent, tout devient plus sombre et plus violent autour d’elle. Elle s’épuise dans d’innombrables batailles, et ne se sent plus en sécurité.
Issue d’une famille de paysans pauvres, Mina vit près de Calcutta. Par ignorance, ou par crédulité, elle est entraînée à la fois dans un mouvement d’insurrection paysanne qui la dépasse et dans une passion irraisonnée pour son cousin Sam, qui lui fait commettre l’irréparable.
Les destins de Mina et d’Esha se répondent dans ce roman qui ne ménage ni notre société ni la société indienne. L’écriture de Shumona Sinha est animée par la colère, une colère éloquente, aux images aussi suggestives que puissantes. » (lien)
Le Grand Paris. Roman d’Aurélien Bellanger. Gallimard, 2017, 480 pages
« Enfant de l’Ouest parisien, Alexandre Belgrand a grandi à l’ombre des tours de la Défense, au bord de la voie royale qui conduit du Louvre à la Grande Arche et qui sert de frise chronologique à l’histoire de France. Héritier autoproclamé de ce majestueux récit, il rejoint une école de commerce, certain d’intégrer à sa sortie l’élite de la nation.
L’un de ses professeurs l’initiera alors à l’histoire secrète de la capitale, avant de le faire entrer au service de l’homme fort de la droite – «le Prince» – en passe de remporter la prochaine présidentielle. Il lui aura fallu, auparavant, parfaire sa formation d’urbaniste au milieu du désert algérien, d’où il assistera, impuissant, au soulèvement des quartiers de l’Est parisien à l’automne 2005.
Au soir du 6 mai 2007, il est au Fouquet’s, dans le tout premier cercle, prêt à intégrer le cabinet du Prince. Suivront, pour Alexandre, deux années d’alcoolisation heureuse, de travail acharné et d’amitiés nocturnes au cœur du triangle d’or parisien. Il écrira l’un des discours les plus remarqués du Prince, prélude au lancement d’une grande consultation architecturale sur l’avenir de Paris ; c’est lui encore qui imaginera de doter la nouvelle métropole d’un grand métro automatique, le Grand Paris Express. Il aura alors l’orgueil de se croire indestructible.
Sa disgrâce, imprévue et brutale, le conduira jusqu’à l’Est maudit de la grande métropole. C’est là que, dans sa quête de plus en plus mystique d’une ville réconciliée, il devra s’enfoncer, accomplissant son destin d’urbaniste jusqu’à son ultime conversion, ainsi qu’il le lui avait été prédit au milieu du désert : «Nous autres, urbanistes, nous parlons aux dieux plutôt qu’aux hommes.» (lien)
Révolution. Livre programme d’Emmanuel Macron. XO Editions, 2016, 270 pages
« Dans ce livre publié en novembre 2016, Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle, raconte pour la première fois son histoire personnelle, ses inspirations, sa vision de la France et de son avenir, dans un monde nouveau qui vit une « grande transformation » comme il n’en a pas connu depuis l’invention de l’imprimerie et la Renaissance. Un livre fort, singulier, qui pose les fondements d’une nouvelle société. » (lien)
Libération. Edition spécial. La France vue par les réfugiés. Mars 2017
« Lundi matin, autour de la table du comité de rédaction de Libération, il y a deux camps aux avis tranchés. Le ton monte. Comme souvent. Cette fois, il ne s’agit pas de débattre de la politique économique de François Hollande ou de la conception de la laïcité selon Manuel Valls. Cette fois, il faut décider si l’on reporte ou pas notre numéro spécial. Les uns assurent que la folle actualité de la droite va tout écraser. Les autres que c’est l’occasion justement d’apporter un autre regard. Tout le monde a évidemment raison. On suspend la conversation en s’en remettant à la déclaration d’Alain Juppé. Il est 10 h 45. Il renonce. On est parti.
C’est une vieille idée de Laurent Joffrin. Il y a presque deux ans déjà, le directeur de la publication de Libération l’avait lancée : «Et si on faisait un Libé des réfugiés ?» Grand scepticisme autour de la table. Trop lourd, trop compliqué. Comment les choisir ? Comment faire un Libération avec des gens qui ne parlent même pas français ? Joffrin remise son idée. Mais deux ans plus tard, il revient par la fenêtre. Le privilège des chefs, c’est de pouvoir être têtu. Cette fois, il arrive avec le renfort de l’agence de publicité Fred et Farid, vieux compagnon de route du journal. Nos réticences tombent. Avec l’aide de cinq associations de soutien aux migrants (Singa, Français langue d’accueil, Baam, Dom’Asile et Kodiko) et des membres de l’agence, (Philippine et Thibault, Julien-Pierre, Etienne et Nicolas), commence un travail de l’ombre : créer une équipe d’une vingtaine de volontaires.
Des critères de sélection se mettent en place : comprendre au moins le français, parler au minimum l’anglais, aimer l’exercice d’écriture. Les premiers candidats viennent de partout : Syrie, Iran, Soudan, Colombie, Russie, Afghanistan, Libye… Tous sont diplômés. Trop ? Très vite, un piège se présente à nous : ce Libé des réfugiés ne sera évidemment pas représentatif de tous ces migrants qui ont choisi de trouver refuge en Europe. Le 2 février, une première réunion a lieu au journal. Immédiatement, une ambition éditoriale se dessine : un Libé par les réfugiés, mais pas sur les réfugiés. On se quitte en se disant que le gros morceau sera la campagne présidentielle. Sans savoir que la triste et désolante actualité Fillon va saturer le débat médiatique. On a frappé à beaucoup de portes, et elles se sont toutes ouvertes. Sauf une : deux réfugiés souhaitaient interviewer Jean-Luc Mélenchon. Il a refusé. Que tous ceux qui ont participé de près ou de loin à ce projet un peu fou soient chaleureusement remerciés. Sans eux rien n’aurait été possible ». G. B.s (lien)
Only in Dubai: An Essential Guide to the Emirate’s Expats
« So you’ve made it to Dubai, the land of staggering skyscrapers, superb shopping, and insanely luxurious living. The sunshine is a much-needed improvement from the terrible weather back home, the food is fabulous, your family life is right where you want it to be, and you’re (finally) getting some well-earned respect in your job.
But whether you’re just passing through the emirate, staying for one year of five, for work or for play, one thing is certain : you’re definitely going to run into the legendary expatriate community flooding in from every corner of the planet.
Only in Dubai: An Essential Guide to the Emirate’s Expats is a collection of Dubai’s one-of-a-kind expats : from the classic Jumeirah Janes and prolific Palm posers to the vaguely lost Third Culture Kids. The Yo-Yo Dieters desperately trying to resist the all-you-can-eat buffets, while the constantly travelling Transients are never around long enough to pull up a pew at sundowners.
You know them. You love them. You see them every da. No Dubai experience is complete without them, and they don’t come like this anywhere else… »
Hong Kong, génération rétrocession. Documentaire d’Alain Lewkowicz. France, 2017, 56′
« Vingt ans après la rétrocession de Hong Kong à la Chine, une nouvelle génération défie Pékin et veut faire de Hong Kong le territoire de la démocratie en Asie. Ces jeunes élus entendent faire bouger le système politique Hongkongais aujourd’hui verrouillé par le pouvoir central chinois et ses alliés. Portrait de cette « Génération Rétrocession ». » (lien)
Nuit Debout. Documentaire de Sylvain Louvet et Aude Favre, France, 2016, 70′
« Durant plus de quatre mois, une foule d’anonymes silencieux s’est assise le soir venu place de la République, au pied de Marianne. Tous étaient là pour partager leurs colères, leurs idéaux et la même envie, refonder la politique loin des partis établis, reprendre en main leur destin, se remettre debout. Ce mouvement, né un 31 mars contre la loi El Khomri, a surpris par son ampleur et résonné jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Ce document met des visages sur ce mouvement protéiforme, complexe, insaisissable pour beaucoup. Des personnalités s’expriment pour la première fois sur ces quatre mois de révolte populaire, notamment la ministre Myriam El Khomri, qui s’est retrouvée en première ligne de la contestation mais aussi François Ruffin, le réalisateur de «Merci patron !» ou l’universitaire Frédéric Lordon. » (lien)
« The authors look at transformations affecting border spaces, by using the concept of the ‘mobile border’ to examine the growing dissociation between border functions and border locations. The book bears witness to the claim that de/rebordering and de/reterritorialization processes are not equivalent. It questions them through the analysis of ‘borderities,’ a concept built upon a close reading of the writings of Michel Foucault and derived from ‘governmentality.’ ‘Borderity,’ any technology of spatial or socio-spatial division, could be defined as the governmentality of territorial limits. Although initially defined as a technology of power,borderity may also appear as a differentiated social and political quality. The contributors examine the production of mobile borders (section 1: technologies), their incarnation (section 2: biopolitics) and their complex interpretation (section 3: ‘dispositifs’). By looking at how political subjects can be disabled and enabled, the proposed ‘borderities’ approach illuminates the question of how borders can be the site of both power and counter-power. » (lien)
Juifs de France, pourquoi partir ? De Serge Moati, Editions Stock, 2017, 288 pages
« Ils sont français – jeunes, moins jeunes, croyants, non croyants, écoliers, enseignants, parents, retraités, ingénieurs, entrepreneurs… Après l’assassinat d’Ilan Halimi, les meurtres de Mohamed Merah et l’horreur de l’Hyper Cacher, ils sont nombreux à partir vivre en Israël, à quitter une France qu’ils ne reconnaissent plus, une France qui leur fait peur. Mais que vont-ils chercher en Israël ? Qui fuient-ils ? Quelque chose ? Quelqu’un ? Ce livre est aussi un portrait de la France en creux.
Serge Moati a rencontré en France et en Israël ces candidats à l’alya pour comprendre les raisons de leur départ et, parfois, de leur retour. Comprendre. Sans juger. Avec humour et mélancolie, il raconte son histoire personnelle, ses inquiétudes sur l’obsessionnelle question de l’identité. « L’an prochain à Jérusalem », avait lancé l’Ancien Testament… Cette prophétie va-t-elle se réaliser ? » (lien)
Alyah. Film d’Elie Wajeman. France, 2012, 1h30
« Paris 2011. Alex a vingt-sept ans. Il vend du shit et vit dans l’ombre de son frère Isaac, lequel après avoir été son soutien est devenu son fardeau. Alors quand son cousin lui annonce qu’il ouvre un restaurant à Tel-Aviv, Alex imagine le rejoindre pour changer enfin de vie.
Déterminé à partir, Alex doit dès lors trouver de l’argent et faire son Alyah.
Mais il devra aussi tout quitter : Paris qu’il aime tant, Esther son ancien amour, Mathias son ami de toujours et Jeanne qu’il vient de rencontrer.
Saisi entre son Alyah, la vente de drogue, ses amours complexes et un frère destructeur, Alex devra trouver sa voie. » (lien)
Latifa, une femme dans la République. Documentaire de Jarmila Buzkova. France, 2016, 51′
« Latifa Ibn Ziaten est la mère d’Imad, le parachutiste de l’armée française assassiné par Merah à Toulouse. Depuis le drame, elle se rend dans les collèges de France, faisant de son chagrin une force pour transmettre un message de tolérance et de lutte contre le fanatisme. Des professeurs l’appellent pour les aider à faire face aux interrogations de leurs élèves qui disent leur mal-être. De débat en débat, elle répond avec conviction à ces jeunes gens, aux parents, à tous ceux qui se sentent perdus. » (lien)
Dans quelle France on vit. Anne Nivat. Fayard, 2017, 496 pages
« La France. La connaît-t-on ? Comment la raconter ?
Anne Nivat, reporter de guerre, familière des lointains conflits en terres irakienne, afghane ou tchétchène, porte pour la première fois son regard sur l’Hexagone.
Pour cette immersion dans six villes de France, à l’heure où les journalistes sont parfois taxés d’arrogance, la reporter de terrain se place à hauteur de ces femmes et de ces hommes côtoyés durant des semaines, chez qui elle a vécu.
À Évreux, Laon, Laval, Montluçon, Lons-le-Saunier, Ajaccio, tous lui ont confié leurs préoccupations, leurs projets, lui ont donné à voir leur vie. Qui sont ces Français « oubliés » que l’on accuse parfois de « mal voter » et qu’on ne va jamais rencontrer ? Ils ont évoqué ensemble le sentiment de déclassement et celui d’insécurité, le poids du chômage, le malaise des jeunes, le questionnement sur l’identité. Reconversions réussies, humour et espoir jalonnent aussi cette enquête.
À mille lieues des discours stéréotypés charriés par la campagne électorale de cette année 2017, ce récit, dénué de préjugés, sonne « vrai » parce qu’il a été recueilli sans hâte et sans tabou, avec honnêteté, respect et minutie. »
Anne Nivat est reporter de guerre indépendante. Habituée à des terrains dangereux où la vie ne tient qu’à un fil, cette longue proximité avec la guerre lui a donné paradoxalement envie d’écrire sur son propre pays, la France.
Elle est l’auteur d’une dizaine de livres, dont Chienne de guerre, prix Albert-Londres 2000, tous publiés aux éditions Fayard. (lien)
Le monde ne tourne pas rond, ma petite-fille. Récit de Sonia Mabrouk. Flammarion, 2017, 224 pages
« Tous ces débats sur l’islam, les femmes, la laïcité, l’identité, le terrorisme, tout! Je veux qu’on en parle sans tabous. D’une grand-mère à sa petite-fille. »
Delenda veut comprendre ce qui se passe en France.
C’est une histoire personnelle et universelle que je vais vous raconter. Un dialogue tantôt émouvant, grave, parfois drôle mais toujours sincère et sans faux-semblant.
Toutes les grandes questions contemporaines sont appréhendées à travers le vécu de deux femmes. Deux générations, d’une rive à l’autre de la Méditerranée.
Delenda et moi, une grand-mère et sa petite-fille, en sommes convaincues : au bout du chemin, malgré le chagrin et la colère, il y a toujours la lumière.» Sonia Mabrouk (lien)
Le Tour du Monde du Roi Zibeline. Roman de Jean-Christophe Rufin, Gallimard, 2017, 384 pages
« «– Mes amis, s’écria Benjamin Franklin, permettez-moi de dire que, pour le moment, votre affaire est strictement incompréhensible.
– Nous ne demandons qu’à vous l’expliquer, dit Auguste. Et d’ailleurs nous avons traversé l’Atlantique pour cela.
– Eh bien, allez-y.
– C’est que c’est une longue histoire.
– Une très longue histoire, renchérit Aphanasie, sa jeune épouse que Franklin ne quittait plus des yeux.
– Elle traverse de nombreux pays, elle met en scène des drames et des passions violentes, elle se déroule chez des peuples lointains dont les cultures et les langues sont différentes de tout ce que l ‘on connaît en Europe…
– Qu’à cela ne tienne! Au contraire, vous mettez mon intérêt à son comble…»
Comment un jeune noble né en Europe centrale, contemporain de Voltaire et de Casanova, va se retrouver en Sibérie puis en Chine, pour devenir finalement roi de Madagascar… Sous la plume de Jean-Christophe Rufin, cette histoire authentique prend l’ampleur et le charme d’un conte oriental, comme le XVIIIe siècle les aimait tant. » (lien)
Obama Foundation
« Our mission is to inspire and empower people to change their world.
From leaders who are already making an impact, to people who are interested in becoming more involved, but don’t know where to start, our goal is to make our programs accessible to anyone, anywhere. We’ll equip civic innovators, young leaders, and everyday citizens with the skills and tools they need to create change in their communities.
It’s a big job, and we’re just getting started. Learn about our first set of projects and join us in this experiment in citizenship for the 21st century. » (lien)
Lamomali. Album de Matthieu Chedid. 2016
« Nous sommes tous connectés. Par les atomes et la poussière d’étoile, par le cœur et par l’esprit. Par la nature. Par l’univers. Par la musique.
LAMOMALI est l’album de -M-, Toumani et Sidiki Diabaté, avec la participation de Fatoumata Diawara et de nombreux artistes venus de tous horizons. LAMOMALI est un grand disque d’afro pop. » (lien)
En finir avec Eddie Bellegueule. Roman d’Edouard Louis, Seuil, 2014, 224 pages
« Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d’entendre ma mère dire Qu’est-ce qui fait le débile là ? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J’étais déjà loin, je n’appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j’ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l’odeur de colza, très forte à ce moment de l’année. Toute la nuit fut consacrée à l’élaboration de ma nouvelle vie loin d’ici. »
En vérité, l’insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n’a été que seconde. Car avant de m’insurger contre le monde de mon enfance, c’est le monde de mon enfance qui s’est insurgé contre moi. Très vite j’ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n’ai pas eu d’autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre.
Édouard Louis a 21 ans. Il a déjà publié Pierre Bourdieu: l’insoumission en héritage (PUF, 2013). En finir avec Eddy Bellegueule est son premier roman. » (lien)
Retour à Forbach. Documentaire de Régis Sauder, 2017, 1h18
« Régis Sauder revient dans le pavillon de son enfance à Forbach. Il y a 30 ans, il a fui cette ville pour se construire contre la violence et dans la honte de son milieu. Entre démons de l’extrémisme et déterminime social, comment vivent ceux qui sont restés ? Ensemble, ils tissent mémoires individuelles et collectives pour interroger l’avenir à l’heure où la peur semble plus forte que jamais. » (lien)
Exodes. Récit de Sebastiao Salgado, Taschen, 432 pages
Près d’une génération a passé depuis que Sebastião Salgado a publié Exodes pour la première fois. Pourtant le récit qu’il fait, celui des mouvements de populations dans le monde entier, n’a que peu changé en seize ans. Les facteurs d’attraction et de répulsion de certains territoires ont certes évolué, le cœur du conflit s’est certes déplacé du Rwanda à la Syrie, les peuples qui quittent leur foyer n’en racontent pas moins la même histoire: une histoire faite de dénuement, d’épreuves et de lueurs d’espoir, tissée au fil d’une longue errance au prix d’efforts psychologiques autant que physiques.
Salgado a passé six ans aux côtés des migrants, parcourant plus de 35 pays pour témoigner des déplacements de population sur la route, dans les camps et dans les bidonvilles surpeuplés où les nouveaux arrivants achèvent le plus souvent leur voyage. Son projet évoque le périple des Latino-Américains vers les États-Unis, celui des juifs abandonnant l’ex-Union soviétique, des Kosovars fuyant l’Albanie, des réfugiés hutus venus du Rwanda, ainsi que des premières «embarcations» d’Arabes et d’Africains originaires du Sud du Sahara tentant d’atteindre l’Europe par la mer Méditerranée. Ses clichés montrent autant ceux qui savent où aller que ceux qui sont simplement en fuite, déjà soulagés d’être sain et sauf et physiquement capables de marcher. Les visages qu’il a rencontrés révèlent dignité et compassion dans les situations les plus âpres, mais aussi les nombreux ravages de la violence, de la haine et de l’avidité.
Grâce à son regard singulier, attentif aux moindres gestes et détails, Salgado saisit chaque événement marquant des mouvements migratoires, autant que les flux de masses: des camions surchargés, des bateaux surpeuplés et des camps s’étirant à perte de vue, vers un horizon assombri par les nuages, une jambe maigre, entourée d’un bandage, l’empreinte d’un doigt imprimé sur une feuille, une discussion avec un garde des frontières, une mère serrant avec force son bébé et son balluchon sur sa poitrine. Insistant sur l’ampleur du phénomène des migrants, Salgado n’oublie pas aussi, avec son humanisme caractéristique, les histoires personnelles derrière les chiffres impressionnants. À la différence des visages noyés dans le flot de séquences des reportages télévisés ou des foules illustrant la une du journal, ce sont là les portraits d’individus, de personnes dont l’identité demeure, y compris dans le gouffre provoqué par la perte d’une patrie, d’un foyer, parfois même d’êtres chers.
Dans le même temps, Salgado montre les similarités des situations des migrants, qui partagent une expérience commune et universelle. Il nous implique, non comme simples témoins des souffrances des réfugiés ou des exilés, mais comme acteurs des évolutions sociales et politiques que constituent l’information mondialisée, l’urbanisation et les dommages écologiques, ainsi que les profonds écarts de richesse, autant de facteurs qui provoquent les phénomènes migratoires. Au moment où les embarcations flottant en direction des côtes grecques et italiennes amènent vers l’Europe une migration d’une ampleur sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, Exodes lance un appel, non seulement pour une prise de conscience accrue, mais en faveur de notre responsabilité et de notre engagement. En voyant les corps meurtris, les centaines de pieds nus sur le macadam brûlant, notre devoir n’est pas de leur porter un regard compatissant, mais, selon les mots mêmes de Salgado, de modérer nos comportements en matières politique, économique et environnementale, pour un «nouveau mode de coexistence». (lien)
Europe, she loves. Film de Jan Gassmann, Suisse/Allemagne, 2016, 100′
« Europe on the verge of social and economic change. A close up into the shaken vision of 4 couples, daily struggles, fights, kids, sex and passion. A movie about the politics of love. »
« Four couples struggle on the edge of mother Europe. In countries troubled by economic and social crises they stumble through life with charme, sex and plenty of passion. A movie about the politics of love. In Sevilla JUAN, 21, and CARO, 23, experience the wonder of a young love. However, Juan is without a plan for the life that lies ahead of him and she desperately needs one. SIOBHAN, aged 28, and TERRY, 23, live in Dublin. When they first met they have fallen for love and heroin like other young habitants of this cold weathered town. But now sober for some time, on their way to lead a common life, their passion seems to disappear. In Tallinn, close to the northeastern border of Europe, VERONIKA, a 29 year old go-go dancer, and her partner HARRI, 31, find themselves caught up in the toil of a patchwork family. Her oldest son proves to be a challenge for Veronikas confidence in Harri. She wants him to accept Artur as his own. Meanwhile in Thessaloniki, Greece, PENNY, 23, is about to leave her longtime lover NIKO, 33, to go to work in Italy. But how do you leave someone who loves you too much? (lien)
America – L’Amérique comme vous ne l’avez jamais lue. Revue dirigée par François Busnel & Eric Fottorino
« What else ? America racontera, l’Amérique au temps de Donald Trump. Sa beauté, mais aussi ses failles et ses fêlures. Les marges. A travers des reportages et des enquêtes, des grands entretiens et des chroniques, signés par les meilleurs écrivains français. et américains.
Chaque trimestre, un entretien au long cours avec un grand écrivain américain, des enquêtes et des reportages inédits, des extraits exclusifs…
America durera 4 ans, le temps du mandat de Trump dont les écrivains seront les mémorialistes. 16 numéros, pop et décalés, littéraires et pétillants, à collectionner pour saisir l’infinie complexité d’un pays qui ne se résumera jamais aux images simplistes qu’on voudrait lui coller. « (lien)
Frères migrants. Roman de Patrick Chamoiseau, Seuil, 2017, 144 pages
La poésie n’est au service de rien, rien n’est à son service. Elle ne donne pas d’ordre et elle n’en reçoit pas. Elle ne résiste pas, elle existe — c’est ainsi qu’elle s’oppose, ou mieux : qu’elle s’appose et signale tout ce qui est contraire à la dignité, à la décence. À tout ce qui est contraire aux beautés relationnelles du vivant. Quand un inacceptable surgissait quelque part, Edouard Glissant m’appelait pour me dire : « On ne peut pas laisser passer cela ! » Il appuyait sur le « on ne peut pas ». C’était pour moi toujours étrange. Nous ne disposions d’aucun pouvoir. Nous n’étions reliés à aucune puissance. Nous n’avions que la ferveur de nos indignations. C’est pourtant sur cette fragilité, pour le moins tremblante, qu’il fondait son droit et son devoir d’intervention. Il se réclamait de cette instance où se tiennent les poètes et les beaux êtres humains. Je ne suis pas poète, mais, face à la situation faite aux migrants sur toutes les rives du monde, j’ai imaginé qu’Edouard Glissant m’avait appelé, comme m’ont appelé quelques amies très vigilantes. Cette déclaration ne saurait agir sur la barbarie des frontières et sur les crimes qui s’y commettent. Elle ne sert qu’à esquisser en nous la voie d’un autre imaginaire du monde. Ce n’est pas grand-chose. C’est juste une lueur destinée aux hygiènes de l’esprit. Peut-être, une de ces lucioles pour la moindre desquelles Pier Paolo Pasolini aurait donné sa vie. (lien)
Frères migrants – Déclaration des poètes
5 -Les poètes déclarent qu’aller-venir et dévirer de par les rives du monde sont un Droit poétique, c’est-à-dire : une décence qui s’élève de tous les Droits connus visant à protéger le plus précieux de nos humanités ; qu’aller-venir et dévirer sont un hommage offert à ceux vers qui l’on va, à ceux chez qui l’on passe, et que c’est une célébration de l’histoire humaine que d’honorer la terre entière de ses élans et de ses rêves. Chacun peut décider de vivre cette célébration. Chacun peut se voir un jour acculé à la vivre ou bien à la revivre. Et chacun, dans sa force d’agir, sa puissance d’exister, se doit d’en prendre le plus grand soin.
A mon âge, je me cache encore pour fumer. Film de Rayhana, FR/GR/ALG, 2017, 1h30
« Au cœur du hammam loin du regard accusateur des hommes, mères, amantes, vierges ou exaltées islamistes, des fesses et des foulards de Dieu se confrontent, s’interpellent entre fous rires, pleurs et colères, bible et coran… avant le sifflement d’un poignard et le silence de Dieu. » (lien)
Tous des sangs mêlés. Exposition au MAC VAL. Julie Crenn et Frank Lamy. 2017
« Tous, des sang-mêlés », une exposition collective qui propose d’explorer une notion tout aussi universelle que brûlante : l’identité culturelle. Cette proposition originale n’est pas sans faire écho à d’autres pistes de réflexion développées au MAC VAL depuis quelques années.
Cette exposition s’ancre dans l’actualité pour aborder la question de l’identité culturelle au travers de visions et d’expériences d’artistes : Qu’est-ce qui nous rassemble ? Comment se construit une culture commune malgré des origines toujours différentes / diverses ? Ces interrogations, en effet, agitent le monde.
Sous le patronage conjoint de l’historien français Lucien Febvre et de son ouvrage Nous sommes des sang-mêlés : Manuel d’histoire de la civilisation française (1950), ainsi que celui de Stuart Hall, père fondateur des Cultural Studies, cette exposition souligne la dimension fictionnelle de la notion d’identité culturelle. Le parcours imaginé par les commissaires est nourri de propositions soulevant des questionnements et apportant des éclairages sur ce qui nous réunit et nous distingue, sur la transmission et le devenir, sur le pouvoir et la résistance, sur l’individualité et le collectif…
Par la voix d’une soixantaine d’artistes internationaux et d’une centaine d’oeuvres, les identités culturelles, nationales, sexuelles… sont autant de thèmes ici questionnés. Si tous ont l’être pour sujet, certains sont perçus comme manifestes, d’autres soulèvent le débat – souvent passionnel, résolument politique, et d’autres encore font surgir de la mémoire les traces du passé, émerger le sensible, l’expérience, l’existence même, allant de l’instinct de survie au vivre ensemble.
Les œuvres réunies abordent ces thématiques à partir de situations vécues dans une optique d’échange et de dialogue. Si l’identité culturelle est une fiction, il s’agit de voir comment les artistes l’interprètent, l’interrogent, la remettent en question…en sortant de la perspective identitaire, trop souvent réductrice.
Comment se construit-on par rapport à la langue, au territoire, à la famille, à l’Histoire et sa narration, aux stéréotypes ? L’exposition met en espace des éléments d’un terrain du commun, où les altérités se déploient ensemble et en regard les unes des autres. (lien)
Visions du Réel 2017. Festival international de cinéma Nyon (lien)
« En 2009, les courants de la mer amenèrent sur une plage de Mauritanie des dizaines de corps de migrants qui avaient essayé de rejoindre l’Europe par les Iles Canaries. Parmi ces corps, celui d’une jeune femme blanche. Intrigué par ce fait divers, huit ans plus tard, le cinéaste retourne au Sénégal où il avait participé en tant que producteur, au tournage d’un film mythique. Il dit : « Revenir en Afrique me plonge dans différents émois: l’adoption de mes enfants africains que j’avais l’intention d’élever sur place, des amis proches collaborateurs du film Hyènes trop tôt disparus et dont je n’ai jamais vraiment fait le deuil… ». Les images puissantes de ce film, adaptation cinématographique de La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt, se mélangent à celles du présent, dans lequel Pierre-Alain Meier, avec l’aide de quelques compagnons de route, rencontre les témoins et les responsables de ce terrible incident, ainsi qu’à celles intimes de ses archives familiales, consacrées à ses trois enfants éthiopiens. Son passé africain le rattrape. Ce sera – il le dit – son dernier film. » Luciano Barisone
Destierros. De Hubert Caron-Guay.
« Une individu marche, de dos, un sac en bandoulière, dans la nuit, avant de se fondre parmi ses semblables dans un refuge, au Mexique, accueillant celles et ceux qui fuient une situation politique, une impasse économique fécondant la criminalité organisée. Peu importe d’où viennent ces migrant-e-s, puisqu’il s’agit, avant tout, de rester en vie et d’esquiver les gangs qui les guettent sur le long chemin de l’exil. Tous connaissent en revanche, le but : rejoindre le nord du continent, les Etats-Unis ou le Canada, coûte que coûte, à bord des trains de marchandises auxquels ils s’accrochent périlleusement. Hubert Caron-Guay (co-réalisateur de L’Etat du monde, VdR 2013) a filmé en complète immersion ce voyage de la dernière chance où l’attente se dispute avec l’angoisse, même si parfois, la solidarité est palpable, comme dans cette séquence où un homme enjoint ses compagnons d’infortune de « courir à la même vitesse que le train », faute de quoi, la mort est assurée. Destierros a été tourné pendant la campagne électorale américaine. Juste avant l’apocalypse dont Donald Trump n’est que l’un des noms. » Emmanuel Chicon
I pay for your story. De Lech Kowalski
« Lech Kowalski revient à Utica, où il a grandi, dans un quartier multiculturel peuplé de descendants de migrants venus du continent européen, où s’entassent aussi les « prolos blancs ». La ville ressemble aux autres petites cités de la « ceinture de rouille » de la côte est-américaine, dont les usines furent le fer de lance du rêve américain. Sur la terrasse d’un appartement où il a accroché une pancarte lumineuse annonçant I Pay for Your Story, le « revenant » propose aux résidant-e-s d’acheter leurs récits de vies. Ce dispositif résonne comme une profession de foi du cinéaste au travail dans les milieux trash : il faut toujours payer pour avoir quelque chose. Car les personnages, pour la plupart issus des minorités visibles, qui défilent devant sa caméra, n’en finissent pas de payer les effets dévastateurs de l’ultralibéralisme. Kowalski, empathique, observe l’écrasement de la classe ouvrière américaine. Parfois, le hasard s’en mêle, quand une femme prononce le mot « enfer » et que le projecteur s’éteint brusquement, plongeant le décor d’un ancien club jamaïcain dans l’obscurité. » Emmanuel Chicon
Land Vessels. De Simone Cortezao
« Un homme quitte le Brésil et une carrière de terre rouge qui sature toute la nature alentour, pour embarquer sur un cargo. Il accompagne la « montagne » qui a été extraite de la forêt brésilienne et qui voyagera dans la cale du navire jusqu’à Taïwan. En ouverture, le récit du rêve d’un homme, comme un avertissement : « il savait que son rêve deviendrait le cauchemar de ceux qui viendront plus tard… » donne le ton de cette fable du réel. Ce monde global que l’Homme moderne rêve, repoussant les limites des territoires, ne serait-il pas déjà un cauchemar d’errance sans repères pour ses contemporains ? Le voyage de Romulo, à travers l’océan Pacifique, lent et mélancolique à l’image des coulées de boue qui envahissent l’imaginaire des personnages rencontrés, est presque immobile. Cette histoire de disparition de terre et de langages mystérieux nous embarque à bord de la mondialisation. Tout en poésie, on plonge dans la brume et le brouillard de l’absurdité des déplacements des matières premières dans notre monde où l’Homme en arrive à déplacer des montagnes. » Madeline Robert
Taste of Cement. De Ziad Kalthoum
« A Beyrouth, des ouvriers du bâtiment syriens construisent un gratte-ciel alors que, au même temps, leurs propres maisons sont bombardées. La guerre au Liban est finie mais en Syrie, elle fait encore rage. Les ouvriers sont coincés, ils ne peuvent quitter le site après 19 heures. La nuit, le gouvernement libanais impose un couvre-feu aux réfugiés. Leur seul lien avec l’extérieur est le trou par lequel chaque matin ils sortent pour aller travailler. Coupés de leur pays d’origine, ils se rassemblent le soir devant un petit poste de télévision pour obtenir des informations concernant la Syrie. Rongés par l’angoisse et l’anxiété, privés des droits de l’homme et du travailleur les plus basiques, ils continuent de croire qu’une autre vie est possible. Après The Immortal Sergeant, Ziad Khaltoum compose un essai déchirant sur le sens d’une vie en exil, sans possibilité de retour, dans un monde en guerre. Cadrage précis, montage non académique et embardées oniriques du récit sont les marques de fabrique d’une œuvre cinématographique audacieuse, imaginative et visuellement ambitieuse ». Giona A. Nazzaro
L’esprit de contradiction. One woman show. Camille Chamoux, mis en scène par Camille Cottin.
Tianjin Cosmopolis, une autre histoire de la mondialisation. De Pierre Singaravélou, Seuil, 2017, 384 pages
« La mondialisation n’est pas un vain mot pour désigner ce qui survient au tournant du xxe siècle à Tianjin, capitale diplomatique de l’empire du Milieu. Cette ville chinoise méconnue suscite alors la convoitise de toutes les puissances de la planète en quête de concessions territoriales.
Des hommes du monde entier s’y aventurent pour faire fortune. L’audacieux vice-roi Li saisit l’occasion pour transformer le siège de son pouvoir en un laboratoire de la « modernité » urbaine. La guerre des Boxeurs durant l’été 1900 transforme brutalement la ville en une commune insurrectionnelle : les sièges des concessions étrangères puis de la cité autochtone détruisent des quartiers entiers et, suite à la victoire inattendue des forces alliées, de nombreux civils chinois sont massacrés. Avec la volonté affichée de moderniser Tianjin et sa région, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, les États-Unis, la Russie, le Japon, l’Italie et l’Autriche-Hongrie fondent sur-le-champ le premier gouvernement international de l’époque contemporaine.
En analysant ici tous les aspects d’une expérience politique unique, Pierre Singaravélou offre une vision renouvelée des origines de la mondialisation actuelle qui fut, dès l’origine, une coproduction entre puissances européennes, asiatiques et états-unienne.
Professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l’Institut universitaire de France, Pierre Singaravélou a publié de nombreux ouvrages sur l’histoire du fait colonial et de la mondialisation en Asie aux XIXe et XXe siècles. Il dirige actuellement les Publications de la Sorbonne et le Centre d’histoire de l’Asie contemporaine. » (lien)
La Fissure. BD. Guillermo Abril, Carlos Spottorno. Photographies de Carlos Spottorno Gallimard
« Pendant trois années, Carlos Spottorno et Guillermo Abril ont sillonné les frontières de l’Europe. À partir des 25 000 photographies et 15 carnets de notes rapportés, ils ont composé une « bande dessinée » faite de photos.
De l’Afrique à l’Arctique, les journalistes racontent: une rencontre avec les Africains du Gourougou, le sauvetage d’une embarcation au large des côtes lybiennes, l’exode des réfugiés à travers les Balkans, les manœuvres des chars de l’OTAN en face de la Biélorussie… » (lien)
Été
Ce qui nous lie. Film. De Cédric Klapisch. France, 2017, 1h53
« Jean a quitté sa famille et sa Bourgogne natale il y a dix ans pour faire le tour du monde. En apprenant la mort imminente de son père, il revient dans la terre de son enfance. Il retrouve sa sœur, Juliette, et son frère, Jérémie. Leur père meurt juste avant le début des vendanges. En l’espace d’un an, au rythme des saisons qui s’enchaînent, ces 3 jeunes adultes vont retrouver ou réinventer leur fraternité, s’épanouissant et mûrissant en même temps que le vin qu’ils fabriquent. » (lien)
Les Voyages extraordinaires d’Ella Maillart. Documentaire de Raphaël Blanc. Suisse, 2016
« S’il y eut de tous temps des aventurières, l’une des personnalités les plus originales et attachantes du 20ème siècle fut et reste sans aucun doute Ella Maillart. De sa naissance à Genève en 1903 où, très jeune, elle se passionne pour le sport, à ses nombreux voyages en Asie, elle n’a eu de cesse de partir à la rencontre de l’autre pour mieux se découvrir elle-même. Exploratrice, photographe, écrivain et journaliste, elle a parcouru les régions les plus reculées de la planète. Une vie hors du commun consacrée à l’infatigable poursuite du fondamental au travers des différences. Grâce aux nombreux documents qu’elle a laissés – écrits, photographies, films, interviews – nous emmènerons le public à la rencontre de cette femme d’exception. » (lien) (lien)
Bounty. Documentaire de Shyaka Kagamé. Suisse, 2017
« Noir et Suisse : depuis quelques années, on assiste à l’émergence d’une génération combinant tant bien que mal ces deux identités. A travers le quotidien de cinq personnages aux profils très différents, une culture hybride se dévoile. Bacary, chargé de sécurité aux CFF, et Jeffrey, employé de banque, se considèrent comme des Suisses quand Rili revendique des racines africaines «qui le rendront toujours différent». Winta, vendeuse, s’estime culturellement métissée alors que les yeux d’enfant de sa fille Ayan ne prêtent absolument pas attention à sa couleur de peau. [Communiqué de presse] » (lien)
Visages, Villages. Documentaire d’Agnès Varda et JR. France, 2017, 1h29
« Agnès Varda et JR ont des points communs : passion et questionnement sur les images en général et plus précisément sur les lieux et les dispositifs pour les montrer, les partager, les exposer. Agnès a choisi le cinéma. JR a choisi de créer des galeries de photographies en plein air. Quand Agnès et JR se sont rencontrés en 2015, ils ont aussitôt eu envie de travailler ensemble, tourner un film en France, loin des villes, en voyage avec le camion photographique (et magique) de JR. Hasard des rencontres ou projets préparés, ils sont allés vers les autres, les ont écoutés, photographiés et parfois affichés. Le film raconte aussi l’histoire de leur amitié qui a grandi au cours du tournage, entre surprises et taquineries, en se riant des différences. » (lien)
Ilo Ilo. Film d’Anthony Chen. Singapour, 2013, 1h39
« A Singapour, Jiale, jeune garçon turbulent vit avec ses parents. Les rapports familiaux sont tendus et la mère, dépassée par son fils, décide d’embaucher Teresa, une jeune Philippine. Teresa est vite confrontée à l’indomptable Jiale, et la crise financière asiatique de 1997 commence à sévir dans toute la région… » (lien)
Les Héritiers. Film. De Marie-Castielle Mention-Schaar. France, 2014, 1h45
« En 2012, Ahmed Dramé, alors élève de terminale au lycée Léon Blum de Créteil, contactait Marie-Castille Mention-Schaar après avoir vu Ma première fois, son premier film. Il lui demandait si elle acceptait de lire Le Vrai Combat, une ébauche de scénario d’une soixantaine de pages qu’il venait d’écrire, l’histoire – vraie – de sa professeure d’histoire de seconde, Anne Anglès, qui plutôt que de baisser les bras face à une classe ingérable, décida de faire participer ses élèves au concours national de la Résistance et de la Déportation organisé chaque année par le ministère de l’éducation nationale. Le thème sur lequel les candidats devaient concourir était : « Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi ».
Deux ans plus tard, cette rencontre a débouché sur un film, Les Héritiers, réalisé par Marie-Castille Mention-Schaar à partir du scénario qu’elle a finalement coécrit avec Ahmed Dramé. Ce dernier, qui joue également dans le film, a, par ailleurs, raconté cette expérience « miraculeuse » dans un livre intitulé Nous sommes tous des exceptions (Fayard, 180 pages, 15 euros).
Un miracle : c’est par là qu’il faut commencer tant il semble inimaginable qu’une telle expérience fût possible dans la France d’aujourd’hui, qui plus est dans cette ville cosmopolite qu’est Créteil (Val-de-Marne). Moyennant quelle mystérieuse alchimie, une enseignante, contre l’avis du proviseur, a-t-elle réussi à faire plancher ses élèves, dont plusieurs étaient musulmans, sur un pareil sujet ? » (lien)
La révolte des premiers de la classe. Essai de Jean-Laurent Cassely, Editions Arkhé, 2017, 208 pages
« Vous-vous ennuyez au travail malgré de bonnes études ? Vous- vous sentez inutile ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul.
Ceux qu’on appelle encore les « cadres et professions intellectuelles supérieures » n’encadrent plus personne, d’ailleurs ils n’utilisent plus vraiment leur cerveau et sont menacés par le déclassement social.
Chez ces anciens premiers de la classe, les défections pleuvent et la révolte gronde. Vous ne les trouverez cependant pas dans la rue à scander des slogans rageurs, mais à la tête de commerces des grands centres urbains : boulangers, restaurateurs, pâtissiers, fromagers, bistrotiers ou brasseurs, derrière leur comptoir et les deux mains dans le concret. La quête de sens de ces jeunes urbains n’a pas ni de redessiner nos villes, notre consommation mais aussi notre vision du succès, car ces nouveaux entrepreneurs marquent peut-être le renversement des critères du prestige en milieu urbain.
Alors, faut-il vraiment passer un C.A.P. cuisine après un bac +5 ? » (lien)
Paroles d’exil. Recueil de témoignages. L’Harmattan, 2017, 162 pages
« Cet ouvrage regroupe les témoignages de treize écrivains latino-américains, exilés politiques au temps des dictatures de 1960 à 1990. D’origines multiples, ils évoquent les circonstances de leur départ, leurs souffrances physiques et morales, leur résilience dans les pays d’accueil et les vertus de l’écriture comme autre forme de combat. Autant de destins qui donnent à relire les périodes les plus sombres de l’Amérique Latine. Parmi eux : Isabel Allende, Zoé Valdés, Carlos Liscano, Eduardo Galeano, Sergio Zamora… » (lien)
Le Pays qu’habitait Albert Einstein. Récit d’Etienne Klein, Actes Sud., 2016, 256 p.
« Albert Einstein, c’est l’audace intellectuelle alliée à une fraîcheur déconcertante, c’est l’imagination ardente soutenue par une obstination imperturbable. Mais comment approcher une façon de penser et de créer à nulle autre pareille ?
Étienne Klein est parti sur ses traces, il s’est attaché aux époques et aux villes où le destin d’Einstein a basculé : Aarau où, à seize ans, Einstein se demande ce qu’il se passerait s’il chevauchait un rayon de lumière ; Zurich, où il devient ingénieur en 1901 et se passionne pour la physique expérimentale ; Berne où, entre mars et septembre 1905, il publie cinq articles, dont celui sur la relativité restreinte qui révolutionnera les relations de l’espace et du temps, tout en travaillant à l’Office fédéral de la propriété intellectuelle ; Prague où, en 1912, il a l’idée que la lumière est déviée par la gravitation, esquissant ainsi la future théorie de la relativité générale. Puis Bruxelles, Anvers et, enfin, Le Coq-sur-Mer où, en 1933, Einstein se réfugie quelques mois avant de quitter l’Europe pour les États-Unis. Définitivement.
Albert Einstein (1879-1955), c’est une vie d’exils successifs, arrimée à la physique. C’est un art du questionnement fidèle à l’esprit d’enfance. C’est un mystère qu’Étienne Klein côtoie avec autant d’affection que d’admiration. » (lien)
Zinc. Récit de David Van Reybrouck, Actes Sud., 2016, 80 pages
« David Van Reybrouck retrace ici l’histoire d’un infime territoire coincé entre la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne, un confetti au statut unique en Europe, car déclaré neutre par les grandes puissances après la chute de Napoléon et jusqu’en 1919, faute d’un accord sur le tracé des frontières alentour. Il s’agissait à l’origine d’un banal conflit d’intérêts puisque se trouvait là un important gisement de zinc, minerai dont l’exploitation déjà ancienne connut son apogée au xixe siècle.
Un siècle de neutralité heureuse du village de Moresnet, une sorte d’Europe en miniature : les nationalités s’y côtoient, les lois sont françaises, l’administration germano-belge, le service militaire est longtemps ignoré. Mais en 1914 l’Allemagne l’occupe, avant que le traité de Versailles ne l’attribue à la Belgique. Et ce n’est qu’un début, car les guerres du xxe siècle ne cesseront de meurtrir la population de cette enclave autrefois privilégiée.
Cette histoire, David Van Reybrouck nous la conte à travers le destin d’Emil Rixen. Né en 1903, cet homme ordinaire changera cinq fois de nationalité sans jamais traverser de frontière : “Ce sont les frontières qui l’ont traversé.”
Mais à travers ce destin singulier – et avec lui celui de la communauté méconnue des Belges germanophones –, c’est à deux sujets d’une actualité brûlante que David Van Reybrouck nous invite à réfléchir : la fin d’une utopie européenne et le retour des frontières, véritables matérialisations sur le terrain de la résurgence des nationalismes. » (lien)
De sang et de lumière. Recueil de poèmes de Laurent Gaudé, Actes Sud, 2017, 112 p.
« Ces poèmes engagés à l’humanisme ardent, à la sincérité poignante, se sont nourris, pour la plupart, des voyages de Laurent Gaudé. Qu’ils donnent la parole aux opprimés réduits au silence ou ravivent le souvenir des peuples engloutis de l’histoire, qu’ils exaltent l’amour d’une mère ou la fraternité nécessaire, qu’ils évoquent les réfugiés en quête d’une impossible terre d’accueil ou les abominables convois de bois d’ébène des siècles passés, ils sont habités d’une ferveur païenne lumineuse, qui voudrait souffl er le vent de l’espérance. » (lien)
Histoire mondiale de la France. Ouvrage collectif dirigé par Patrick Boucheron, Editions Seuil, 2017, 800 pages
« « Ce ne serait pas trop de l’histoire du monde pour expliquer la France »
Jules Michelet, Introduction à l’histoire universelle (1831)
Voici une histoire de France, de toute la France, en très longue durée qui mène de la grotte Chauvet aux événements de 2015.
Une histoire qui ne s’embarrasse pas plus de la question des origines que de celle de l’identité, mais prend au large le destin d’un pays qui n’existe pas séparément du monde, même si parfois il prétend l’incarner tout entier. Une histoire qui n’abandonne pas pour autant la chronologie ni le plaisir du récit, puisque c’est par dates qu’elle s’organise et que chaque date est traitée comme une petite intrigue.
Réconciliant démarche critique et narration entraînante, l’ouvrage réunit, sous la direction de Patrick Boucheron, un collectif d’historiennes et d’historiens, tous attachés à rendre accessible un discours engagé et savant. Son enjeu est clair : il s’agit de prendre la mesure d’une histoire mondiale de la France, c’est-à-dire de raconter la même histoire – nul contre-récit ici – qui revisite tous les lieux de mémoire du récit national, mais pour la déplacer, la dépayser et l’élargir. En un mot : la rendre simplement plus intéressante !
Ce livre est joyeusement polyphonique. Espérons qu’un peu de cette joie saura faire front aux passions tristes du moment. » (lien)
Avis de Mistral. Film de Rose Bosch. France, 2014, 1h45
« Léa, Adrien, et leur petit frère Théo, sourd de naissance, partent en vacances en Provence chez leur grand-père, Paul « Oliveron », qu’ils n’ont jamais rencontré à cause d’une brouille familiale. Ce ne sont pas les vacances dont ils rêvaient, surtout que leur père a annoncé la veille qu’il quittait la maison. En moins de 24 heures, c’est le clash des générations, entre les ados et un grand-père qu’ils croient psychorigide. A tort. Car le passé turbulent de Paul va ressurgir et les Seventies vont débarquer au fin fond des Alpilles. Pendant cet été tourmenté, les deux générations vont être transformées l’une par l’autre » (lien)
Je dis oui ! Album. Pink Martini. 2016, Heinz Records, 15 titres
« A rollicking around-the-world adventure, Pink Martini’s ninth studio album Je dis oui! features a cavalcade of songs – many of them original – in French, Farsi, Armenian, Portuguese, Arabic, Turkish, Xhosa and English, and affirms the band’s 22-year history of global inclusivity and collaborative spirit. Je dis oui! – which means “I say yes” in French – is the optimistic mantra of the chorus of “Joli garçon” (“Pretty boy”), one of three songs co-written by the band for the upcoming film Souvenir, starring the legendary French actress Isabelle Huppert. In addition to songs sung by lead singers CHINA FORBES and STORM LARGE, Je dis oui! includes guest vocalists NPR’s ARI SHAPIRO (who sings a new Arabic version of “La Soledad” from the band’s first album) and RUFUS WAINWRIGHT, who sings a stunning version of the Rodgers & Hart classic “Blue Moon.” The album also marks the singing debut of two long-time friends of the band: fashion guru IKRAM GOLDMAN and civil rights activist KATHLEEN SAADAT. » (lien)
« Pink Martini est, comme le dit son créateur, une aventure musicale autour du globe. Accompagné de la voix envoutante de Storm Large, de l’animateur Radio Ari Shapiro ou encore de Thomas Nishimoto, ils ont revisité les musiques du monde. De « Perhaps, perhaps, perhaps » de Doris Day, « Bint el Chalabiya » de Fairouz à « Zundoko Bushi » du groupe japonais the drifters, ils s’apprivoisent toutes les langues de l’Arabe au Japonais en passant par l’Arménien, le Français, l’Espagnol et même le Turc. Mais aussi des compositions propres au groupe telles que « Fil nessma di » « فالنسمة دي », dont les paroles ont été écrites par Iyadh Qasem, Egyptien d’origine palestinienne, qui parle de la souffrance des réfugiés et de leur mal du pays. » (lien)
« Bonjour la Suisse », « Bye Bye la Suisse », « Des Suisses à New York ». Séries RTS
Bonjour la Suisse. « Convaincues de rejoindre une terre prospère et fertile, quatre familles originaires de France, d’Inde, du Portugal et de Syrie, posent leurs valises et leurs espoirs en Suisse. Pour quelles raisons quittent-elles leurs pays? Quels sont leurs espoirs? Comment s’intégreront-elles? Vous le découvrirez tout au long des cinq épisodes de ce feuilleton. » (lien)
Bye Bye la Suisse. Septième saison du désormais incontournable rendez-vous estival Bye Bye la Suisse ! Feuilleton documentaire d’Anne-Lise von Bergen (RTS) et Jochen Frank (SRF) Coproduit par la RTS
Des Suisses à New York
« New York est une métropole légendaire dans laquelle vivent quelque 14’000 Suisses. Au fil de trois épisodes, nous suivons les aventures de cinq Helvètes qui ont osé faire le grand saut en s’expatriant dans la Grande Pomme. Entre vie professionnelle et vie privée, les protagonistes évoluent dans la ville de tous les possibles. » (lien)
Hope. Film. De Boris Lojkine. France, 2015, 1h31
« En route vers l’Europe, Hope rencontre Léonard. Elle a besoin d’un protecteur, il n’a pas le coeur de l’abandonner. Dans un monde hostile où chacun doit rester avec les siens, ils vont tenter d’avancer ensemble, et de s’aimer. » (lien)
Un Paese di Calabria. Documentaire. De Shu Aiello et Catherine Catella. France, Italie, Suisse, 2017, 1h31
« Comme beaucoup de villages du sud de l’Italie, Riace a longtemps subi un exode rural massif. Un jour, un bateau transportant deux cents kurdes échoue sur la plage. Spontanément, les habitants du village leur viennent en aide. Petit à petit, migrants et villageois vont réhabiliter les maisons abandonnées, relancer les commerces et assurer un avenir à l’école. C’est ainsi que chaque jour depuis 20 ans, le futur de Riace se réinvente. » (lien)
Grande traversée : Hannah Arendt, la passagère. Série France Culture. Par Christine Lecerf. Diffusion 14-18 août 2017
« Hannah Arendt a traversé le XXe siècle avec la détermination d’une “paria consciente ». Chassée d’Allemagne et réfugiée aux États-Unis, Hannah Arendt a construit son oeuvre entre deux continents, philosophie et poésie. En partenariat avec La Croix.
Hannah Arendt a gardé toute sa vie intacte la passion de comprendre. Une cigarette à la main ou un aphorisme de Kafka en tête, Hannah Arendt était toujours en dialogue, avec elle-même et avec les autres, les vivants comme les morts, qu’ils soient philosophes comme Socrate ou Heidegger, poètes comme Rilke ou Auden ou amis fidèles comme Rahel Varnhagen ou Karl Jaspers. Ne se considérant ni allemande ni américaine, pensant et écrivant dans les deux langues, l’auteur des Origines du totalitarisme et d’Eichmann à Jérusalem n’est pas seulement à l’origine d’une nouvelle pensée politique mais également d’un nouveau langage philosophique. Entre philosophie et poésie, Hannah Arendt a construit ce qu’elle appelait “une maison sur l’Atlantique” . » (lien)
Rentrée 2017
Human Flow. Documentaire de Ai Weiwei. 2018. 2h20
« Plus de 65 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur pays pour fuir la famine, les bouleversements climatiques et la guerre : il s’agit du plus important flux migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale. Réalisé par l’artiste de renommée internationale Ai Weiwei, HUMAN FLOW aborde l’ampleur catastrophique de la crise des migrants et ses terribles répercussions humanitaires.
Tourné sur une année dans 23 pays, le documentaire s’attache à plusieurs trajectoires d’hommes et de femmes en souffrance partout dans le monde – de l’Afghanistan au Bangladesh, de la France à la Grèce, de l’Allemagne à l’Irak, d’Israël à l’Italie, du Kenya au Mexique en passant par la Turquie. HUMAN FLOW recueille les témoignages des migrants qui racontent leur quête désespérée de justice et de sécurité. Ils nous parlent des camps de réfugiés surpeuplés, de leurs périples en mer à très haut risque, des frontières hérissées de barbelés, de leur sentiment de détresse et de désenchantement, mais aussi de leur courage, de leur résilience et de leur volonté d’intégration. Ils évoquent la vie qu’ils ont dû abandonner et l’incertitude absolue d’un avenir meilleur.
HUMAN FLOW arrive sur nos écrans au moment même où l’humanité a plus que jamais besoin de tolérance, de compassion et de confiance en l’autre. Il témoigne de la force spirituelle de l’homme et nous interroge sur l’une des questions essentielles à notre époque : la société mondialisée parviendra-t-elle à s’extraire de la peur, de l’isolement et du repli sur soi ? Saura-t-elle se tourner vers l’ouverture aux autres, la liberté et le respect des droits de l’homme. » (lien)
Un Monde de Camps. Sous la direction de Michel Agier, La Découverte, 2014, 350 p.
« Les camps se multiplient et se banalisent partout sur la planète. Ils sont aujourd’hui des milliers, dessinant peu à peu un nouveau paysage mondial. Gouvernements nationaux et agences internationales adoptent de plus en plus systématiquement cette solution pour « regrouper » les réfugiés humanitaires, pour « parquer », faire « transiter », « retenir » ou mettre à l’écart les « déplacés » et les migrants, les « clandestins » et autres indésirables.
Douze millions de personnes vivent ainsi dans ces camps, des millions d’autres dans des campements de fortune, au creux des forêts, dans les interstices des villes, le long des frontières ; d’autres encore sont piégées dans des centres de rétention, des zones d’attente ou de transit. Si ces « hors-lieux » sont des espaces de parias, nombre d’entre eux s’inscrivent dans la durée et se transforment au fil du temps : la vie s’y renouvelle, s’y attache, et l’emporte le plus souvent sur la mort ou le dépérissement.
En vingt-cinq monographies qui forment une sorte de tour du monde des camps (du plus ancien, à Chatila au Liban, au plus grand, à Dadaab au Kenya, qui regroupe 450 000 habitants, en passant par le plus informel, à Canaan en Haïti, ou le plus précaire, à Calais), cet ouvrage fait découvrir la vie intime et quotidienne de leurs habitants. Loin d’être l’« exception » que l’on évoque généralement dans un cadre humanitaire ou sécuritaire pour en justifier l’existence, les camps font durablement partie des espaces et des sociétés qui composent le monde aujourd’hui. » (lien)
Politique et Société. Entretiens entre le Pape François et Dominique Wolton. Editions de l’Observatoire. 2017. 432 pages
« Pendant un an, le pape François a accordé douze entretiens à l’intellectuel français Dominique Wolton. Fruit de ces rencontres humaines et chaleureuses, ce dialogue exceptionnel et inédit aborde en toute liberté les grands sujets de notre temps et de l’existence humaine : la paix et la guerre, la politique et les religions, la mondialisation et la diversité culturelle, les fondamentalismes et la laïcité, l’Europe et les migrants, l’écologie, les inégalités dans le monde, l’œcuménisme et le dialogue interreligieux, l’individu, la famille, l’altérité, le temps, la confiance et la joie.
Sans conformisme ni langue de bois, ce livre illustre la vision du pape pour l’Église catholique et la société : abattre les murs et construire des ponts. » (lien)
Rentrée littéraire
Un personnage de roman. Philippe Besson, 2017, Julliard, 257 pages
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« Je connaissais Emmanuel Macron avant qu’il ne se décide à se lancer dans l’aventure d’une campagne présidentielle. Et quand il m’a exprimé son ambition d’accéder à l’Élysée, j’ai fait comme tout le monde : je n’y ai pas cru. J’ai pensé : ce n’est tout simplement pas possible. Pourtant, au fil des mois, au plus près de lui, de son épouse Brigitte et de son cercle rapproché, sur les routes de France comme dans l’intimité des tête-à-tête, j’ai vu cet impossible devenir un improbable, l’improbable devenir plausible, le plausible se transformer en une réalité. C’est cette épopée et cette consécration que je raconte. Parce qu’elles sont éminemment romanesques et parce que rien ne m’intéresse davantage que les personnages qui s’inventent un destin. » |
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Une fille dans la jungle. Delphine Coulin, 2017, Grasset, 240 pages
« Cela ressemblait moins que jamais à une jungle, ou alors une jungle froide, de bois et de boue, avec des animaux crottés, et des monstres de métal au loin, sous le crachin. Pas le genre qui fait rêver, avec les perroquets et les feuilles vertes et grasses, où on transpire dans une odeur d’humus. Une jungle du pauvre. Ici, il n’y avait pas un arbre, pas une feuille, pas de chaleur. Et aujourd’hui, c’était silencieux. Cette jungle qui avait été un chaos où des milliers de personnes vivaient, mangeaient, parlaient, se battaient, était devenue un désert, où ils étaient seuls, tous les six. Six enfants et adolescents dans une ambiance de fin du monde. » (lien)
Alma. J.M.G. Le Clézio, 2017, Gallimard, 352 pages
« Voici donc des histoires croisées, celle de Jérémie, en quête de Raphus cucullatus, alias l’oiseau de nausée, le dodo mauricien jadis exterminé par les humains, et celle de Dominique, alias Dodo, l’admirable hobo, né pour faire rire. Leur lieu commun est Alma, l’ancien domaine des Felsen sur l’île Maurice, que les temps modernes ont changée en Maya, la terre des illusions :
«Dans le jardin de la Maison Blanche le soleil d’hiver passe sur mon visage, bientôt le soleil va s’éteindre, chaque soir le ciel devient jaune d’or. Je suis dans mon île, ce n’est pas l’île des méchants, les Armando, Robinet de Bosses, Escalier, ce n’est pas l’île de Missié Kestrel ou Missié Zan, Missié Hanson, Monique ou Véronique, c’est Alma, mon Alma, Alma des champs et des ruisseaux, des mares et des bois noirs, Alma dans mon cœur, Alma dans mon ventre. Tout le monde peut mourir, pikni, mais pas toi, Artémisia, pas toi. Je reste immobile dans le soleil d’or, les yeux levés vers l’intérieur de ma tête puisque je ne peux pas dormir, un jour mon âme va partir par un trou dans ma tête, pour aller au ciel où sont les étoiles.» »(lien)
L’Art de perdre. Alice Zeniter, 2017, Flammarion/Albin Michel, 512 pages
« L’Algérie dont est originaire sa famille n’a longtemps été pour Naïma qu’une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ?
Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu’elle ait pu lui demander pourquoi l’Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l’été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l’Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?
Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l’Algérie, des générations successives d’une famille prisonnière d’un passé tenace. Mais ce livre est aussi un grand roman sur la liberté d’être soi, au-delà des héritages et des injonctions intimes ou sociales. » (lien)
Traverser. Raymond Depardon. Exposition, 2017, Fondation Henri Cartier-Bresson
« Écrivain, photographe et réalisateur, l’homme semble sans limites. Cette exposition s’articule autour de quatre axes : La terre natale en dialogue avec Le voyage puis La douleur en dialogue avec L’enfermement. Avec l’écriture comme fil d’Ariane, cette exposition invite à une traversée de l’œuvre de l’artiste depuis ses premiers pas à la ferme du Garet jusqu’à aujourd’hui.
Chez Depardon, l’écriture et le cinéma offrent deux temporalités très différentes : l’écriture, c’est d’abord l’écoute de soi, oser imposer son propre rythme face à ce qui se présente, les fameuses « absences » du photographe. Le cinéma, c’est d’abord l’écoute de l’autre, le silence du cadreur. Éviter la rhétorique de la compassion qui ne l’a jamais séduit, faire des images un peu banales, calmes, sans éloquence particulière, mais chargées de sentiment, voilà un programme clair qui le conduira alternativement dans l’errance volontaire et/ou dans la production déterminée d’une archive à transmettre.
L’exposition présente une centaine de tirages, textes, film et documents de l’auteur. L’ouvrage, co-publié avec les Éditions Xavier Barral, propose une sélection plus vaste d’images, ainsi qu’un long entretien inédit de l’auteur avec Agnès Sire, commissaire de l’exposition. » (lien)
Les Routes de la Soie. Peter Frankopan. Nevicata. 2017. 731 pages
« Avec son » histoire du coeur du monde « , Peter Frankopan renverse le récit traditionnel de l’histoire, qui gravite autour de la Grèce antique, de Rome, de l’irrésistible ascension de l’Europe, et qui mérite, selonlui, une relecture urgente et approfondie. L’auteur s’attache à élargir la perspective du lecteur. Il tourne son regard vers l’Est, vers » une région à mi-chemin entre Orient et Occident, qui va des rives orientales de la Méditerranée jusqu’à la mer Noire et à l’Himalaya « . C’est là qu’il place le curseur de sa lecture de l’histoire. S’appuyant sur un éventail prodigieux de sources dans au moins une dizaine de langues (depuis Hérodote jusqu’aux dépêches les plus récentes du Département d’Etat américain), le récit balaie une période qui va des campagnes d’Alexandre le Grand jusqu’aux luttes géopolitiques du xxie siècle. Au fil de chapitres rondement menés, il nous livre un formidable travail d’investigation historique pour faire revivre avec intensité de merveilleuses histoires. » (lien)
Petit Paysan. « Thriller rural ». De Hubert Charuel, France, 2017, 1h30
« Pierre, la trentaine, est éleveur de vaches laitières. Sa vie s’organise autour de sa ferme, sa sœur vétérinaire et ses parents dont il a repris l’exploitation. Alors que les premiers cas d’une épidémie se déclarent en France, Pierre découvre que l’une de ses bêtes est infectée. Il ne peut se résoudre à perdre ses vaches. Il n’a rien d’autre et ira jusqu’au bout pour les sauver. » (lien)
Utopies réalistes. Rutger Bregman. Essai, Seuil, 2017, 256 pages
« Ouvrir grand les frontières, une semaine de travail de quinze heures, le revenu de base universel… Des idées naïves et dépassées ou bien la force de l’utopie renouvelée ? Résolument anti-décliniste, Utopies réalistes tombe à pic et nous explique comment construire un monde idéal aujourd’hui et ne pas désespérer ! D’une ville canadienne qui a totalement éradiqué la pauvreté à l’histoire d’un revenu de base pour des millions d’Américains sous Richard Nixon, Rutger Bregman nous emmène dans un voyage à travers l’histoire et, au-delà des divisions traditionnelles gauche-droite, défend des idées qui s’imposent par la force même de l’exemple et le sérieux de la démarche historique. Tout progrès de la civilisation – des débuts de la démocratie à la fin de l’esclavage – fut d’abord considéré comme un fantasme de doux rêveurs.
À la fois stimulant et passionnant, appuyé sur les travaux d’Esther Duflo, Thomas Piketty, David Graeber, etc., cet essai vif, pédagogique et amusant rouvre plusieurs perspectives : la réduction du temps de travail, le revenu universel, plus largement la lutte contre la pauvreté et la réduction des inégalités, la taxation des flux financiers, et enfin l’ouverture des frontières. Alors laissons l’enthousiasme de l’auteur, à contre-courant du pessimisme ambiant, nous convaincre que de nouvelles propositions utopiques peuvent être envisageables à court terme.
Historien, journaliste pour le magazine en ligne De Correspondent, Rutger Bregman a publié quatre livres sur l’histoire, la philosophie et l’économie. Formidable succès aux Pays-Bas, Utopies réalistes est en cours de traduction dans 17 pays et depuis sa sortie au Royaume-Uni est dans la liste des meilleures ventes.
« SI VOUS NE SUPPORTEZ PLUS LES PROPHÈTES DU MALHEUR, VOUS DEVEZ LIRE CE LIVRE ! » Evening Standard » (lien)
Chasing Asylum. Eva Orner, Australie, 2016, 96’, vo ang/dari/farsi/arabe, st ang/fr
« Sous le slogan « No Way, You will not make Australia Home », l’Australie renvoie tous les requérants d’asile ou les enferme, enfants et bébés compris, sur des îles isolées à Nauru ou en Papouasie Nouvelle Guinée, sans contact avec le monde et sans avenir. Des endroits où les conditions de détention sont dénoncées par les ONG et où des employés sont devenus whistle-blowers : leurs informations font état de viols, de harcèlement sexuel et de violences physiques et psychologiques. Ce film retentissant a été le catalyseur d’un mouvement puissant pour que les choses changent. » (lien)
Calais, les enfants de la jungle. Thomas Dandois, Stéphane Marchetti, France, 2017, 60 minutes.
« Ils s’appellent Rafi, Salman, Saïd ou Ali et ont tous moins de 18 ans. Ils viennent d’Afghanistan, de Syrie ou du Pakistan d’où ils ont fui la guerre et les combats. Après des mois d’errance, ils se retrouvent bloqués à Calais dans la boue, le vent et le froid. Leur rêve : rejoindre l’Angleterre. Leurs moyens : grimper dans des containers ou se glisser sur les essieux des remorques, au péril de leur vie. En attendant de retenter leur chance, ils essayent de survivre dans la « jungle », la peur au ventre.
Devant la caméra de Thomas Dandois et Stéphane Marchetti, ils racontent leur pays, leur exil, leurs angoisses et leurs attentes. Comme eux, ils sont des centaines de mineurs isolés à vivre ainsi, livrés à eux-mêmes, loin de chez eux, dans le plus grand bidonville d’Europe… » (lien)
Clandestins : d’autres vies que les vôtres. Andréa Rawlins-Gaston, Laurent Follea, France, 2016, 60 minutes
« Ils n’ont pas fui les bombes mais la misère. On les appelle clandestins. Ils travaillent, mais sans papiers. Combien sont-ils ? 400, 500000 peut-être, dans une France de 66 millions d’habitants. À peine 1% de la population, mais qui cristallise beaucoup de peurs et de rejets. Au pays, ils ont laissé une épouse, un fils, une mère. Ils leur ont promis une vie meilleure. Aujourd’hui ils rasent les murs. Ils sont ceux que les autorités veulent expulser en priorité. Alors ils acceptent les boulots ingrats, les horaires décalés, les salaires amputés. Souvent ils gagnent moins que le Smic. Souvent, ils paient des impôts. Certains employeurs profitent d’eux. Pas de recours. Comme l’écrivait Hugo : « l’exil, c’est la nudité du droit ». Malgré les risques, ils sont cinq à prendre la parole. Cinq de ces « migrants économiques », que l’actualité ou l’Administration réduisent parfois à des statistiques. Cinq histoires singulières, à visage découvert. Sidy le Sénégalais est manœuvre dans le bâtiment. Emma la Chinoise est elle manucure. Rahman le Bengladais livre des sushis. Fanny l’Ivoirienne garde des enfants. Armando l’Albanais, enfin, est menuisier. Ils sont en France, parmi nous, depuis cinq, dix, douze ans. Aujourd’hui, pour la première fois, ils parlent. Ils ne font pas de politique, mais racontent la vie. Celle qu’ils ont trouvée ici, celle qu’ils ont fuie, là-bas. Par ce récit simple et puissant, ils effacent certains préjugés et se dessinent eux-mêmes dans notre paysage. Eux, ces « clandestins », qui ont d’autres vies que les nôtres. » (lien)
A vif. Un spectacle écrit par Kery James. Avec Kery James & Yannik Landrein. Mise en scène : Jean-Pierre Baro
» Combien parviennent jusqu’à la porte ?
Kery James, rappeur et poète humaniste, écrit une joute en phase avec le monde : deux avocats s’affrontent, les voix de « deux France » opposées, nantis et délaissés. Une agora passionnée pour un théâtre politique, radical.
Avec son art de la contestation, son discours engagé, sa parole enflammée, Kery James a rempli Bercy et les Bouffes du Nord. Poète humaniste, rappeur, inventeur de langue, les mots sont pour lui les instruments d’un combat, une arme libertaire. Après plus de vingt ans de carrière, il remet en cause son outil, écrit un dialogue. Deux voix s’opposent dans une joute en phase directe avec le monde. Deux avocats défendent des causes ennemies. Pour le premier, l’État est coupable de la situation des banlieues. Mais le second atteste que les citoyens sont responsables de leur condition. Et ça fuse, ça crie. Ça rit, aussi, car il s’agit d’un concours organisé en fin du cursus de l’École de formation du barreau. L’exercice consiste en un affrontement verbal, ludique, éclatant.
Kery James lui-même assume le rôle de maître Souleymane. Le comédien Yannik Landrein lui tient tête. Il a travaillé sous la direction de Luc Bondy, John Malkovich ou Nicolas Bouchaud, il revêt la robe de maître Yann. Leur metteur en scène Jean-Pierre Baro, associé au Centre dramatique national de Sartrouville et aux Scènes du Jura, a croisé les routes de Jean-Pierre Vincent ou de David Lescot. Il organise le dialogue dans une agora passionnée, convoque les voix de « deux France » pour les faire entendre, pour y voir plus clair. À vif restaure un cadre possible du « vivre ensemble » par l’échange de la parole : il réveille un théâtre politique, radical, nécessaire parce que poétique. Pierre Notte » (lien)
Iraqi Odyssey. De Samir. Suisse, Allemagne, EAU, Iraq. 2014, 162 minutes
Des bombes, la guerre, des barbus en colère, des femmes voilées en pleurs, des villes détruites: l’Irak d’aujourd’hui dans les médias occidentaux. En comparaison, les images des années 1950 et 1970 forment un contraste étonnant: des films à la musique frivole, des étudiantes tête nue; des hommes élégamment vêtus dans les rues de Bagdad, une ville moderne. Comment en est-on arrivé là? Le réalisateur Samir raconte l’histoire de sa famille iraquienne, une famille de la classe moyenne aujourd’hui dispersée dans le monde entier, entre Auckland, Moscou, Paris, Londres et Buffalo NY. (lien) (lien)
Au grand soleil cachez vos filles. Abla Farhoud. Vlb éditeur, 2017, 232 pages
Les Abdelnour ont passé près de quinze ans au Québec avant que le père ne les force à rentrer au pays natal, le Liban. Après quelques mois d’émerveillement devant le paysage lumineux de la côte, il leur faut bien s’installer dans leur nouvelle vie, apprendre les codes culturels, s’inventer un avenir. Pour la jeune Ikram, profondément attachée à l’indépendance et à la liberté dont elle jouissait en Amérique, l’épreuve est particulièrement ardue. Dans la chaleur entêtante et sous le regard oppressant des hommes, comment rester fidèle à ses ambitions? Comment exercer son métier de comédienne dans un monde ou « actrice » est synonyme de « putain »? Au Grand Soleil, comment s’épanouir sans se brûler? Dans ce roman sensible et sensuel, Abla Farhoud donne la parole à des personnages intenses et fait revivre autour d’eux le Liban des années soixante. C’est mon père qui prend la parole. Les mots sortent difficilement de sa bouche, comme s’il n’avait jamais parlé de sa vie. « Tu sais, ma fille, nous sommes au Liban… Nous espérions que… » Je le laisse se dépêtrer, je sais ce qu’il va me dire. Je les regarde et j’attends. « Tu le sais, ma fille, au Liban… une fille de bonne famille ne joue pas au théâtre. » (lien)
Article (lien) Au grand soleil cachez vos filles commence pourtant sur une note cocasse: la famille des Abdelnour, rentrée au Liban sous l’initiative du père, s’émerveille en découvrant ce pays ensoleillé, drôlement chaotique, où tout, de prime abord, paraît si simple et enchanteur. Où l’on s’exprime dans un «franbanais» comique – du français truffé de mots d’arabe – qui fait tout le charme de son peuple chaleureux.
Le déchirement du déraciné. (…) les Abdelnour incarnent également (…) ces déracinés qui peinent à se sentir chez eux où qu’ils soient. Car même dans leur pays d’origine, leurs compatriotes leur font clairement comprendre qu’ils ne sont plus «d’ici». «Fondamentalement, le problème n’est pas de revenir, mais d’être parti», estime Abla Farhoud. «Aussitôt que tu pars, tu es déraciné. Et en vivant ailleurs, tu es déjà différent. Il n’y a pas de retour possible» (…). (lien)
« We Are City Plaza«
Cet hôtel situé dans le centre ville d’Athènes n’est pas un hôtel comme les autres. Il a été sorti de sa longue période d’abandon par un groupe d’activistes qui veut croire que des alternatives aux solutions gouvernementales d’accueil des réfugiés sont possibles. Ainsi, en avril 2016, ils ont poussé les portes de cet hôtel à l’abandon et après une semaine de nettoyage et de rangement, la centaine de chambres a été mises à la disposition de réfugiés venant de Syrie, d’Afghanistan, d’Iran, d’Irak, de Palestine, du Pakistan, du Ghana. (lien) (lien)
Le Havre. Film de Aki Kaurismäki. 2011, Finlande, 1h33
« Marcel Marx, ex-écrivain et bohème renommé, s’est exilé volontairement dans la ville portuaire du Havre où son métier honorable mais non rémunérateur de cireur de chaussures lui donne le sentiment d’être plus proche du peuple en le servant. Il a fait le deuil de son ambition littéraire et mène une vie satisfaisante dans le triangle constitué par le bistrot du coin, son travail et sa femme Arletty, quand le destin met brusquement sur son chemin un enfant immigré originaire d’Afrique noire. Quand au même moment, Arletty tombe gravement malade et doit s’aliter, Marcel doit à nouveau combattre le mur froid de l’indifférence humaine avec pour seules armes, son optimisme inné et la solidarité têtue des habitants de son quartier. Il affronte la mécanique aveugle d’un Etat de droit occidental, représenté par l’étau de la police qui se resserre de plus en plus sur le jeune garçon réfugié. Il est temps pour Marcel de cirer ses chaussures et de montrer les dents. » (lien)
L’autre côté de l’espoir. Film de Aki Kaurismäki. 2017, Finlande, 1h40
« Helsinki. Deux destins qui se croisent. Wikhström, la cinquantaine, décide de changer de vie en quittant sa femme alcoolique et son travail de représentant de commerce pour ouvrir un restaurant. Khaled est quant à lui un jeune réfugié syrien, échoué dans la capitale par accident. Il voit sa demande d’asile rejetée mais décide de rester malgré tout. Un soir, Wikhström le trouve dans la cour de son restaurant. Touché par le jeune homme, il décide de le prendre sous son aile. » (lien)
Octobre
Fuocoammare, par-delà Lampedusa. De Gianfranco Rosi. 2016, Italie, 1h49
« Samuele a 12 ans et vit sur une île au milieu de la mer. Il va à l’école, adore tirer et chasser avec sa fronde. Il aime les jeux terrestres, même si tout autour de lui parle de la mer et des hommes, des femmes, des enfants qui tentent de la traverser pour rejoindre son île. Car il n’est pas sur une île comme les autres. Cette île s’appelle Lampedusa et c’est une frontière hautement symbolique de l’Europe, traversée ces 20 dernières années par des milliers de migrants en quête de liberté. » (lien)
Bernard Lavilliers, 5 minutes au paradis. Barclay-Universal. 2017
En savoir plus sur (lien)
Tous les rêves du monde de Laurence Ferreira Barbosa, France – Portugal, 2017, 108′
Paméla est une jeune portugaise de la deuxième génération née ici, en France. Empêtrée dans ses contradictions, ses échecs et l’amour absolu pour sa famille, elle se sent perdue et paraît incapable d’imaginer comment elle pourrait vivre sa vie… C’est sous l’influence de Claudia, adolescente intrépide et insoumise, que Paméla osera faire le choix de l’inconnu et de la liberté. (lien) A entendre sur (France Inter)
Paris métèque. Gaël Faye
J’ai débarqué Paris d’un monde où l’on te rêve
J’ai fui les périls, les déserts où l’on crève
Tu m’as ouvert tes bras, toi ma Vénus de Milo
Tu brillais trop pour moi, je n’ai vu que ton halo
C’est pour ça que je l’ouvre, ma gueule est un musée
Je vis loin du feutré et des lumières tamisées
Dans tes ruelles cruelles ou tes boulevards à flics
Dans la musique truelle des silences chaophoniques
Paris ma belle beauté, tes prétendants se bousculent
Dans le brouillard épais de tes fines particules
Moi pour te mériter, je t’écrirai des poèmes
Que je chanterai la nuit tombée debout sur la scène
Paris s’éveille sous un ciel océanique
L’accent titi se mêle à l’Asie, l’Amérique, l’Afrique
Je suis une fleur craintive dans les craquelures du béton
A gagner deux sous, à dormir dessous les ponts
Paris bohème, Paris métèque, Paris d’ancre et d’exil
« Je piaffe l’amour » médite une chinoise à Belleville
Leonardo da Vinci se casse le dos sur un chantier
Je vois la vie en rose dans ces bras pakistanais
Il tourne le gyrophare, petit cheval de carrousel
Galope après les tirailleurs qui rétrécissent la tour Eiffel
D’un squat, d’un bidonville, d’une chambre de bonne ou d’un foyer
Je t’écris des poèmes où des fois je veux me noyer
Une ville de liberté pour les différents hommes
Des valises d’exilés, des juifs errants et des roms
Aux mémoires de pogrom, aux grimoires raturés
Des chemins d’Erevan, aux sentiers de Crimée
Caravanes d’apatrides, boat people, caravelle
Sur tes frontons Paris viennent lire l’universel
Et souvent je t’en veux, dédaigneuse et hautaine
Capitale de la monde a joué la mondaine
Laisse-nous consteller la vraie nuit que tu ignores
Cesse donc de faire briller les milles feux de ton décor
Paris ma belle je t’aime quand la lumière s’éteint
On écrit pas de poème pour une ville qui en est un (x4) (lien)
Coexister. Comédie de Fabrice Eboué, France, 2017, 1h30
« Sous la pression de sa patronne, un producteur de musique à la dérive décide de monter un groupe constitué d’un rabbin, un curé et un imam afin de leur faire chanter le vivre-ensemble. Mais les religieux qu’il recrute sont loin d’être des saints… » (lien)
Entre deux mondes. Thriller d’Olivier Norek, Michel Lafon, 2017
« Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l’attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir.
Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu’il découvre, en revanche, c’est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n’ose mettre les pieds.
Un assassin va profiter de cette situation.
Dès le premier crime, Adam décide d’intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est flic, et que face à l’espoir qui s’amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou.
Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu’elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d’ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger. » (lien)
Néo-nomades, travellers et autres habitants non ordinaires, mobiles et invisibles. Yves Pedrazzini, Sophie Greiller, Maude Reitz, Ferjeux Van der Stigghel. Présenté à: Journée d’études « Hybridation des réseaux itinérants » du Pôle de recherche en Sciences Humaines (PRSH),Université du Havre, Le Havre, France, November 8, 2013.
« Depuis l’automne 2012, le collectif noLand mène un projet interdisciplinaire nommé « noLand’s man : enquête sur les pratiques et les valeurs d’un peuple invisible, sur les modes de vie des « néo-nomades ». Sous la direction scientifique du sociologue Yves Pedrazzini (LaSUR, EPFL, Suisse), ce projet associe pour une durée de deux ans le photographe Ferjeux van der Stigghel, l’architecte indépendante Sophie Greiller et l’anthropologue Maude Reitz (LaSUR, EPFL, Suisse). Il explore les mondes de ces itinérants, afin de découvrir leurs fondements politiques et culturels, les circonstances qui les ont menés à prendre les routes, à se réapproprier les arts de construire un habitat mobile et des campements furtifs. Le collectif noLand fait l’hypothèse que ces nomades, ayant rompu avec la sédentarité contemporaine pour des causes variées, mettent en lumière des modes de vivre et d’habiter qui reflètent des mutations traversant notre société. Alors que leurs modes de vie sont généralement pointés du doigt, stigmatisés sous prétexte qu’ils transgressent les règles de salubrité, de sécurité, d’ordre public et de l’esthétique, noLand souhaite rendre visibles les dimensions créatives et critiques de ces modes de vie et d’organisation sociale s’exprimant tout à la fois dans des formes d’habitat et d’habiter flexibles et évolutives, des activités professionnelles, des économies informelles, des compétences et des savoir-faire partagés, des pratiques territoriales et de mobilité. Par leurs désirs d’exil et leur refus d’un certain monde, leurs souhaits de faire trace en lisière de forêt et sur les bords de route, leurs prises d’espaces et de paroles aux marges de la cité, dans leurs jeux avec et sur les frontières, ces nomades aux habitats non ordinaires matérialisent dans leurs trajectoires la possibilité pour chacun de suivre son chemin, de se trouver un espace, de déterminer pour lui-même un lieu et un mode de vie. Souvent inscrites dans une volonté d’autonomie et de sortie du système marchand, leurs pratiques impliquent la mise en place d’une entraide et le partage d’expériences, de compétences et de connaissances prenant forme dans de vastes réseaux sociaux, économiques et professionnels. Investissant les espaces interstitiels de notre paysage contemporain, elles contribuent à la fabrique de territoires mouvants et inédits. Ainsi, les pratiques nomades travellers interrogent les lois, les règles, les politiques, les imaginaires et les manières de faire et de vivre le monde et portent en germe des réponses, à la fois techniques et sociales, aux problèmes contemporains. Ce projet est financé par l’Institut de recherche Forum Vies Mobiles, forum transdisciplinaire pour préparer la transition. » (lien)
Exposition Patrick Willocq, Saint-Martory, 2017
« Été 2016, un centre pour demandeurs d’asile ouvrait dans le petit village de Saint-Martory en Haute-Garonne. Une arrivée de migrants qui inquiète alors une partie des habitants. Alors le photographe Patrick Willocq leur a proposé un projet artistique hors du commun. Des fresques photographiques mettant en scène habitants et réfugiés, et qui racontent cette arrivée mouvementée. » (lien)
Erasmus, notre plus belle année, documentaire de Sébastien Legay, Mathieu Dreujou, 2017, 52 minutes

« Le programme Erasmus a 30 ans. Les premiers étudiants à en avoir bénéficié ont autour de 50 ans. Hier, ils étaient dans cette nouvelle jeunesse européenne, unifiée par le programme d’échanges. Que sont-ils devenus ? Qu’ont-ils gardé de l’esprit d’Erasmus ? Pour Sébastien Legay, la grande immersion a eu lieu à Amsterdam, en 1992, alors qu’il était étudiant en licence d’histoire. Il vivait dans un appartement avec 17 colocataires, pour la plupart en Erasmus comme lui. Il part à la recherche de ses amis d’alors et partage le quotidien des nouveaux occupants de l’appartement. Les témoignages des étudiants d’hier et d’aujourd’hui convergent. » (lien)
A l’Ouest du Jourdain, documentaire d’Amos Gitai, ISR/FR, 2017, 1h24
« Amos Gitaï retourne dans les territoires occupés pour la première fois depuis son film documentaire JOURNAL DE CAMPAGNE (1982). Gitaï circule en Cisjordanie, où il est témoin des efforts citoyens israéliens et palestiniens pour tenter de dépasser les conséquences d’une occupation qui dure depuis cinquante ans. » (lien)
Novembre
Lieux saints partagés, coexistence en Europe et en Méditerranée. Expo Musée nationale de l’Histoire de l’Immigration Paris
En Europe et en Méditerranée, la question des identités religieuses est l’une des plus sensibles du XXIe siècle. Pourtant, depuis leurs origines, les trois monothéismes (judaïsme, christianisme, islam) partagent des croyances, des pratiques, des figures tutélaires et des sanctuaires.
Conçue à partir d’enquêtes anthropologiques, l’exposition invite à découvrir ces phénomènes, rarement mis en valeur, et qui concernent pourtant des millions de croyants.
À la manière d’un pèlerinage, dont le point de départ serait Jérusalem, l’exposition chemine vers l’Europe continentale en passant par différentes îles et rivages de la Méditerranée, dans un parcours jalonné de portraits de “bâtisseurs de paix” qui sont les facilitateurs du partage. (lien)
Les Nuits du Labyrinthe. Musiques d’Orient et de Méditerranée. Genève, 2017
Une quête musicale en partage. Les nombreux musiciens invités pour ce festival partagent une expérience forte : ils sont tous liés au Labyrinth Musical Workshop, un laboratoire musical unique fondé il y a une trentaine d’année dans un petit village de Crête par Ross Daly. Mû par une intuition décisive, ce musicien d’origine irlandaise a en effet réalisé le rêve de réunir chaque année une kyrielle de maîtres de musiques d’origines diverses afin qu’ils transmettent leur art à des élèves venus du monde entier. Concocté avec la complicité de Ross, le festival couvre une vaste étendue, de l’Espagne à l’Inde, en passant par l’Italie, la Grèce, la Bulgarie, la Turquie, l’Iran ou l’Afghanistan. Cette programmation d’une grande richesse permettra de confronter des esthétiques musicales très différentes, mais unies par une mystérieuses parenté spirituelle. Les artistes présents sont tous de grands interprètes, engagés dans le renouveau de leurs traditions musicales respectives. Ce festival se veut ainsi à la fois ambitieux et novateur, dans le respect de la diversité culturelle qui a toujours animé les Ateliers d’ethnomusicologie. Laurent Aubert, Directeur, Ateliers d’ethnomusicologie (lien)
Nuit de la poésie. Institut du monde arabe, Paris, 2017
Pour la deuxième année consécutive, l’IMA et la Maison de la Poésie s’unissent pour convoquer, le temps d’une nuit, la poésie et célébrer la beauté du verbe, en mémoire des attentats de Paris en novembre 2015. Cette deuxième édition est aussi celle d’un nouveau partage : la Nuit 2017 résonnera, en même temps, à travers huit villes du monde arabe. (lien)
F(L)AMMMES. Spectacle de Ahmed Madani
Nées de parents ayant vécu l’exil, expertes de leur vie et de leur féminité, dix jeunes femmes des quartiers prennent la parole. L’identité de la jeunesse des zones urbaines sensibles est plus complexe, plus surprenante et plus mouvante qu’on ne l’imagine. Après Illumination(s) qui mettait en scène des jeunes hommes, ces F(l)ammes font à leur tour une démonstration éclatante des promesses dont elles sont porteuses. Incandescentes, elles habitent le plateau avec grâce et détermination. Elles jouent, dansent, chantent, racontent des histoires étonnantes qui évoquent la place des femmes dans le monde d’aujourd’hui et les projette dans celui de demain. Si la parole librement échangée a été au cœur du processus de création, l’écriture d’Ahmed Madani a ciselé un récit où la singularité de chacune est transcendée pour prendre une dimension universelle. Un acte esthétique, poétique et politique qui invite à voir le monde avec les yeux de l’autre pour changer son regard. (lien)
Louvre Abu Dhabi
« Le Louvre Abu Dhabi est né en 2007, lorsque les Emirats Arabes Unis et la France ont souhaité la création d’une institution culturelle d’un nouveau genre. Le résultat : un musée aux valeurs universelles d’humanisme, le premier de ce type dans la région. Le Louvre Abu Dhabi incarne le dynamisme du monde arabe contemporain, tout en célébrant l’héritage multiculturel de la région.
Un musée universel dans le monde arabe. Que signifie être « universel » ? Pour le Louvre Abu Dhabi c’est se concentrer sur ce qui nous unit : l’histoire de la créativité humaine qui transcende les cultures, les civilisations, les époques et la géographie. » (…) (lien)
D’ailleurs c’est toujours les autres. Exposition d’Ai Weiwei, Lausanne, 2017
Ai Weiwei compte parmi les artistes les plus importants et influents de ces dix dernières années. Après sa toute première exposition individuelle en Europe, en 2004 à la Kunsthalle de Berne, l’artiste chinois revient en Suisse pour une présentation de travaux récents et d’interventions spécialement conçues pour les espaces du Palais de Rumine. Pour cette dernière exposition du mcb-a dans ses murs actuels, Ai Weiwei invite à une grande fête réunissant une ultime fois les institutions ayant fortement contribué à l’identité du Palais de Rumine dès son origine, à savoir les musées des beaux-arts, d’archéologie et d’histoire, de zoologie, de géologie et de la monnaie, ainsi que la bibliothèque cantonale et universitaire.
L’exposition réunit plus de quarante travaux, produits entre 1995 et aujourd’hui, témoignant de la richesse de l’œuvre d’Ai Weiwei et de sa connaissance profonde de la tradition culturelle de son pays. Les motifs, les matériaux et les modes de fabrication ancestraux sont détournés par l’artiste, de manière ludique ou iconoclaste, pour formuler une critique du système politique chinois ou des relations internationales. L’exposition du mcb-a salue un artiste complet: plasticien remarquable, esprit encyclopédique, communicateur exceptionnel et homme engagé dans les grandes questions de ce monde.
Ai Weiwei, fils du célèbre écrivain Ai Qing, est né en 1957 à Pékin. Il a émigré en 1983 aux Etats-Unis où il a découvert le ready-made de Marcel Duchamp et le pop art d’Andy Warhol. À son retour en 1993, il s’est mis à développer son œuvre tout en s’engageant en faveur de ses collègues artistes chinois, par des activités curatoriales (exposition Fuck Off, 2000, Shanghai) et de publication dans le secret de l’underground. Emprisonné en raison de critiques de la politique chinoise, notamment de l’occultation de la catastrophe humanitaire suite au tremblement de terre au Sichuan en 2008, puis relâché après des protestations dans le monde entier, l’artiste vit aujourd’hui à Berlin. Dans son travail sculptural, il réactive et détourne les traditions artisanales chinoises tout en parodiant le pop art ou la sculpture minimale américaine. Avec les moyens de la photographie et du film, il tente d’enregistrer les transformations des cités et des mouvements de population. Prolifique et engagé, utilisateur virtuose des réseaux sociaux, Ai Weiwei mêle habilement art, vie privée et engagement politique. (lien)
Etrangement familier. Regards sur la Suisse. Exposition Musée de l’Elysée. Lausanne
L’image de la Suisse a été façonnée dans une grande mesure par des photographies ayant le tourisme pour toile de fond. Panoramas de montagne spectaculaires, campagnes idylliques et portraits authentiques de gens du cru – ces images, commercialisées avec succès, ont contribué à forger l’identité nationale, mais ont aussi eu pour effet de banaliser et de rigidifier le répertoire iconographique.
A l’occasion de son centième anniversaire en 2017, Suisse Tourisme a choisi un projet hors du commun pour poser un nouveau regard sur la richesse de la photographie de notre pays. Sous la direction de la Fondation suisse pour la photographie (Winterthour) et du Musée de l’Elysée (Lausanne), cinq photographes de renommée internationale ont été invités à questionner l’image de la Suisse en tant qu’observateurs indépendants, subjectifs et sensibles, libres de tout mandat publicitaire.
Les impressions que les photographes Alinka Echeverría (Mexique/UK), Shane Lavalette (USA), Eva Leitolf (Allemagne), Simon Roberts (UK) et Zhang Xiao (Chine) ont glanées lors de leurs voyages dans le pays et le long de sa frontière sont inspirantes et révélatrices. Leurs images cocasses, poétiques ou énigmatiques, nous invitent à poser un regard neuf sur ce qui nous est familier. (lien)
Le Brio. Film d’Yvan Attal, France, 2017, 1h35
Neïla Salah a grandi à Créteil et rêve de devenir avocate. Inscrite à la grande université parisienne d’Assas, elle se confronte dès le premier jour à Pierre Mazard, professeur connu pour ses provocations et ses dérapages. Pour se racheter une conduite, ce dernier accepte de préparer Neïla au prestigieux concours d’éloquence. A la fois cynique et exigeant, Pierre pourrait devenir le mentor dont elle a besoin… Encore faut-il qu’ils parviennent tous les deux à dépasser leurs préjugés. (lien)
Faire la parole. Documentaire d’Eugène Green, France, 2016, 116 minutes
Mondialisation qui uniformise, tourisme qui folklorise, États français et espagnol qui oppriment, que reste-t-il de la culture basque ?
Le temps d’un été, quatre jeunes traversent le pays à la rencontre de celles et ceux qui résistent et s’expriment à travers leur art. Entre quête identitaire et voyage spirituel ces adolescents découvrent la force de la langue la plus ancienne d’Europe, affirmation particulière d’un territoire et d’une histoire.
Le premier documentaire d’Eugène Green, sublimement cadré par son opérateur de toujours, Raphael O’Byrne. (lien)
Tout homme est une nuit. Roman de Lydie Salvayre, Seuil, 256 pages, 2017
Des hommes retournent sur d’autres la brutalité d’un ordre dont ils souffrent. Ils s’inventent à peu de frais de commodes ennemis. Certaines frayeurs en eux les agissent.
Des questions vieilles comme le monde mais d’une brûlante actualité, auxquelles Lydie Salvayre donne ici forme littéraire.
Un roman, donc, et d’une causticité jubilatoire, où vont se faire face, d’une part : un solitaire, un lettré, un pas-tout-à-fait-pareil, un pas-tout-à-fait-conforme, un homme malade qui a choisi de se retirer dans un lieu de beauté, et de l’autre : les habitants d’un paisible village que l’arrivée de ce nouveau, de cet intrus, bouscule et profondément déconcerte.
Très vite surgiront, entre l’un et les autres, l’incompréhension et la méfiance, puis les malentendus et les soupçons mauvais, puis les grandes peurs infondées et les violences que sourdement elles sécrètent. Puisque tout homme est une nuit. (lien)
Les Bourgeois. Roman d’Alice Ferney, Actes Sud, 2017, 368 pages
Ils se nomment Bourgeois et leur patronyme est aussi un mode de vie. Ils sont huit frères et deux soeurs, nés à Paris entre 1920 et 1940. Ils grandissent dans la trace de la Grande Guerre et les prémices de la seconde. Aux places favorites de la société bourgeoise – l’armée, la marine, la médecine, le barreau, les affaires –, ils sont partie prenante des événements historiques et des évolutions sociales. De la décolonisation à l’après-Mai 68, leurs existences embrassent toute une époque. La marche du monde ne décourage jamais leur déploiement.
De Jules l’aîné à Marie la dernière, l’apparition et la disparition des personnages, leurs aspirations et leurs engagements rythment la formidable horlogerie de ce roman très différent d’une simple saga familiale. Car c’est ici le siècle qui se trouve reconstruit par brèves séquences discontinues, telle une vaste mosaïque où progressivement se détachent les portraits des dix membres de la fratrie – et un peu leurs aïeux, et déjà leurs enfants.
Sur cette vertigineuse ronde du temps, Alice Ferney pose un regard de romancière et d’historienne. À hauteur de contemporain elle refait la traversée. Allant sans cesse du singulier au collectif, du destin individuel à l’épopée nationale, elle donne à voir l’Histoire en train de se faire, les erreurs, les silences coupables, les choix erronés qu’explique la confusion du présent. Ample et captivant, Les Bourgeois s’avère ainsi une redoutable analyse de nos racines : un livre qui passe tout un siècle français au tamis du roman familial.
« LA GÉNÉRATION DES FRANÇAIS qui naquirent entre 1920 et 1940 a grandi dans la trace d’une hécatombe et les prémices d’un génocide, elle fut partie prenante des conflits de décolonisation, elle connut la crise de mai 1968 et l’entrée dans l’ère des technologies avancées. Ainsi fit-elle une traversée ahurissante que j’ai voulu – pour l’écrire – revivre dans son intégralité et à la manière des protagonistes : dans l’illisible confusion du présent, en oubliant tout ce que l’avenir m’en avait appris, en restaurant chaque instant dans l’incertitude et l’inconnu qui le caractérisent.
Revivre le siècle, donc, mais avec et à travers qui ? J’ai choisi dix personnages qui m’étaient familiers, les huit fils et deux filles de Mathilde et Henri Bourgeois, héros il y a vingt ans de mon roman L’Élégance des veuves. Ils occupent les places favorites de la bonne société – l’armée, la marine, la médecine, le droit, les affaires.
Ils représentent le monde bourgeois conservateur, les héritiers pour reprendre le mot de Bourdieu, une cible de la critique sociale contemporaine. Ils sont aussi une fascinante énergie de vie, un mouvement au cœur de l’inexorable maelstrom des hommes et de l’Histoire, comme un vol d’oiseaux qui passe et disparaît. J’ai regardé ce vol – long et courageux – qui a connu le pire. J’ai envisagé les choix qui se présentèrent et les informations qui furent ignorées. Le présent n’est pas encore historique, pas écrit mais vibratile, aussi dans cette entreprise fallait-il se méfier du biais rétrospectif.
Prendre la mesure de la continuité autant que de l’épaisseur des années révèle l’évolution des connaissances, des regards et des compor-tements et souligne comment chaque époque détermine les esprits. Il m’est venu en écrivant un sentiment de fraternité envers ceux qui nous ont précédés et ceux qui nous succèderont, dans ce xxie siècle lui aussi déchiré de violences.’’ (lien)
La Louve. Romand de Paul-Henry Bizon, Gallimard. 2017, 256 pages
Bienvenue à Montfort-sur-Sèvre. Trois mille habitants, sept clochers, deux pensionnats privés. Ce petit bourg de l’ouest de la France ressemble au décor figé d’une boule à neige. Un microcosme vivant au rythme de vieilles habitudes où Camille Vollot exerce le métier de boucher auprès de son frère Romain qui a repris les rênes de l’entreprise familiale.
Pourtant, un matin d’avril, sans que rien ne puisse le laisser présager, le premier drame d’une longue série va ébranler ces confins paisibles de la Vendée et bouleverser la vie de Camille Vollot jusqu’à l’emporter dans un combat idéaliste contre son frère aîné.
Comme dans les textes fondateurs, l’affrontement de deux frères marque la fin d’une époque. Dans nos campagnes, c’est tout un système de production agricole et de surexploitation du sol qui s’écroule, contesté par les nouvelles méthodes d’avant-garde comme l’agroforesterie et la permaculture prônées par les paysans de La Louve. À Paris, c’est l’avènement d’une nouvelle gastronomie et la ruée vers des produits à la mode, sains et authentiques – à n’importe quel prix.
Des temps de changement qui suscitent autant de conflits que d’espoirs fous et ouvrent des brèches béantes à l’avidité d’imposteurs comme Raoul Sarkis qui ne demandent qu’à se servir. (lien)

Quand William se réveille à l’hôpital, il s’effondre. Écrasé par son histoire familiale, rongé par ses démons et par l’âge qui avance, il décide de partir à New York sur la tombe du jeune homme mort pour le secourir.
Un matin, dans le journal, il découvre l’histoire de Harvey Miller, un homme que le déclassement social a transformé en monstre — il a tué sa femme et ses quatre enfants — et qui vomit la morale de la société américaine. Cette histoire, William s’en empare, et le livre qu’il se met à écrire lui permettra de creuser ses propres zones d’ombre.Roman gigogne, noir comme l’encre, où se mêlent les destins de ces personnages en fuite, Où cours-tu William… est aussi un polar politique, une réflexion sur la filiation, la transmission, et le pouvoir de la littérature. (lien)
Après avoir traité de sujets politiques, géopolitiques (Les Phalanges de l’Ordre Noir, Partie de chasse, avec Pierre Christin), de destins dictatoriaux et de rêves d’immortalité (La trilogie Nikopol), de cauchemars obscurantistes prémonitoires (Le cycle du Monstre), de planète recadrant les humains (La trilogie du Coup de Sang), Enki Bilal nous prive de notre addiction digitale en nous plongeant, non sans une certaine dérision, dans un monde de désarroi et d’enjeux multipolaires… (lien)

Décembre

« Dix Grands-Papas Ronchons ne cessent de dire à Petite Poucette, chômeuse ou stagiaire qui paiera longtemps pour ces retraités : “C’était mieux avant.” Or, cela tombe bien, avant, justement, j’y étais. Je peux dresser un bilan d’expert. Qui commence ainsi : avant, nous gouvernaient Franco, Hitler, Mussolini, Staline, Mao… rien que des braves gens ; avant, guerres et crimes d’état laissèrent derrière eux des dizaines de millions de morts. Longue, la suite de ces réjouissances vous édifiera. » (lien)

Pourquoi ce livre ?
Intervenant l’une et l’autre sur la scène intellectuelle et médiatique française et sur des thèmes assez semblables, il était inévitable que nous ayons envie de nous rencontrer et que nous y parvenions un jour.
L’une est rabbin, l’autre est islamologue. L’une est femme et l’autre homme, et ce n’est pas une mince différence ! Juive ou musulman, nous le sommes chacun de manière singulière… Il y a mille et une façons d’être juif ou musulman !
Mais au-delà de nos différences, nous avons tous deux compris que la Bible et le Coran n’étaient pas étrangers l’un à l’autre. Et tous deux nous revendiquons la liberté de la recherche et de la parole religieuses : une liberté responsable, qui prend en charge les questions et affronte les conflits. Or, de nos jours, partout des fondamentalismes et des mouvements identitaires se prévalent de traditions anciennes qu’ils croient pouvoir faire remonter aux origines de leur foi.
Nous en sommes convaincus : être « héritier » ne consiste pas à mettre ce qui a été reçu dans un coffre fermé à clé, mais à le faire fructifier. Cela ne consiste pas à reproduire à l’identique ce qui a été reçu, mais à le renouveler.
Nous espérons que notre parole libre et résolument fraternelle fera surgir beaucoup d’autres paroles libres et fraternelles ! D. H. et R. B.
Delphine Horvilleur est rabbin. Elle a publié En tenue d’Ève et Comment les rabbins font des enfants (Grasset, 2013 et 2015).
Rachid Benzine est islamologue. Il a publié Les Nouveaux Penseurs de l’islam (Albin Michel, 2004), Le Coran expliqué aux jeunes (Seuil, 2013) et Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ? (Seuil, 2016, adapté au théâtre sous le titre Lettres à Nour). (lien)
La question migratoire au XXIe siècle. Catherine Wihtol de Wenden, Presses de Sciences Po
Humanisant la mondialisation et contribuant au « rapprochement du monde dans le monde », les migrations, facteur essentiel du développement humain, font aussi partie des globalisations contradictoires qui voient s’opposer objectifs politiques et impératifs économiques, sociaux, culturels et éthiques.
Un monde plus fluide : élites, migrants économiques, réfugiés, apatrides, les catégories se brouillent, plaidant pour un droit à la mobilité qui remet en question les notions de frontières, de souveraineté, de citoyenneté. De nombreux pays sont aujourd’hui pays d’accueil et de départ. De nouvelles situations apparaissent : déplacés environnementaux, migrants intérieurs et pendulaires, mineurs non accompagnés, touristes, séniors au soleil, soulignant l’interdépendance d’un monde en mouvement.
Réel enjeu planétaire, les migrations transforment les relations internationales, redéfinissent la souveraineté des États d’accueil, mettent en scène les États de départ, font surgir un individu acteur de sa vie, et demandent une diplomatie nouvelle faisant appel à une gouvernance mondiale et régionale des migrations.
Pédagogique et exhaustif, ce livre, écrit par une spécialiste à la notoriété internationale, restitue l’état des connaissances sur le sujet, les replace dans leur environnement intellectuel et historique. Il a vocation, au-delà de militer pour une diplomatie internationale des migrations, à devenir la référence sur les questions migratoires. (lien)
Tsiganes. Sur la route avec les Rom Lovara. De Jan Yoors, Libretto, 2011, 272 p.
« Préface de Jacques Meunier. Dans une ville des Flandres de l’entre-deux guerres, un gosse de douze ans observe un campement de nomades. Il y rencontre d’autres enfants, sympathise, oublie l’heure et disparaît pendant six mois. Quand il revient, c’est pour annoncer à ses parents qu’il part sur la route avec des dresseurs de chevaux, vivre avec eux la fraternité du voyage, les itinéraires secrets, et partager les hérissons grillés au coin du feu. Chose incroyable, sa famille accepte. C’est cette histoire, la sienne, que Jan Yoors raconte, dans ce qui est devenu un bréviaire de l’insoumission et un témoignage inespéré sur la culture de tout un peuple : un peuple affamé de liberté, fascinant et pourtant tellement méconnu. » (lien)
Le Nouveau Magazine Littéraire. Dirigé par Raphaël Glucksmann
Partons.
Partons enfin. Partons loin. Loin des miroirs qui hypnotisent la conscience et du zapping qui atrophie l’âme.
Loin. En bas de chez nous ou à l’autre bout du monde. Dehors.
Explorons le présent.
Qu’on l’aime ou non, ce temps est le nôtre, et il nous faut le raconter, le comprendre, le transformer.
Explorons l’avenir. Il attend d’être pensé, rêvé, façonné.
Tout reste à écrire.
Débranchons nos GPS. Risquons l’erreur, risquons la fausse route.
Avançons sans savoir encore où nous allons, sachant juste qu’il nous faut aller.
Et disputons-nous sur la destination. Disputons-nous sur le chemin. Disputons-nous, car l’unanimité c’est la mort. Et nous voulons vivre.
Pendant de trop longues années, le déclinisme et la tentation du repli, la pusillanimité et la xénophobie ont dominé le paysage médiatique et culturel français. Comme si le pays de Voltaire et de Montaigne, de Gary et de Hugo, de La Boétie et de Zola s’était résigné à n’être que la maison de Maurras et de Maistre, Barrès et Drieu. Comme si la nation qui proclama un jour que tous les hommes naissaient libres et égaux avait cédé la place à une assemblée de copropriétaires égoïstes et égotistes. « Droit-de-l’hommiste » est devenu une insulte sur les terres du 26 août 1789 : voilà jusqu’où nous ont menés nos faiblesses et nos paresses.
Pendant de trop longues années, nous avons abandonné des mots, délaissé des causes, sacrifié des idées.
À force de les répéter pour ne rien dire, nous avons vidé de leur substance les notions qui éveillaient jadis les désirs les plus forts et les rêves les plus fous.
Qui vibre encore à l’évocation de ces noms : cosmopolitisme, fraternité, égalité, solidarité, universalisme, humanisme ou progressisme ?
Hier nimbés de gloire, ils sont aujourd’hui lourds de nos renoncements. Qui est responsable de ce fiasco ? Nous. Qui a fait la force des penseurs réactionnaires ? Nous.
Qui a trahi ces mots ? Nous. À nous donc de les relever, de chasser la vilaine odeur de slogan publicitaire qui émane de leur vide. À nous de « donner un sens plus pur aux mots de la tribu », selon la mission éminemment politique que Mallarmé assignait à la poésie.
Pendant de trop longues années, nous avons accepté la compartimentation des savoirs, la séparation des langues, l’éloignement des corps. Les écrivains écrivant, les philosophes philosophant, les sociologues sociologisant, les chanteurs chantant et les politiques politiquant, la république des lettres étouffait, engoncée dans ces frontières auxquelles elle est allergique.
Il est temps de tourner la page !
Temps d’ouvrir les portes et les fenêtres, de fuir les esprits douaniers, de frauder les contrôles d’identité.
Temps de se retrouver et de bâtir une maison commune.
Nous ne sommes ni des bisounours ni des prêcheurs. Nous n’avons ni Dieu, ni dogme. Nous ne gardons ni musée, ni prison. Nous n’esquiverons aucun problème, et nous n’escamoterons aucun songe.
Dès le premier numéro du Nouveau Magazine littéraire, nous vous invitons à plonger dans les ténèbres de la famille Merah et à rêver d’utopies sociales, écologiques et politiques.
Nous mettons en lumière les paradis fiscaux et nous imaginons le monde qui saura s’en passer. Nous croisons un violeur ordinaire du XXIe et un philosophe rebelle du XVIe.
Si nous refusons le fatalisme, nous croyons au tragique. « Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve », écrivait Hölderlin. Nous savons que la Terre elle-même menace de disparaître si nous ne changeons pas nos modes de production et de consommation, nos modes de vie et de pensée. D’où l’urgence de l’entre-chemin. De l’utopie.
Trouvons les mots, les idées, les images capables de changer le monde.
Nous ne promettons pas de réussir, nous promettons d’essayer. Et nous vous demandons de le faire avec nous. Essayons. Essayons quelque chose de différent, de neuf. Pas seulement sur papier : sur le web, dans les facs, sur les places. Essayons partout, tout le temps.
Essayons ensemble. Partons maintenant.
Raphaël Glucksmann. Directeur du Nouveau Magazine Littéraire, essayiste et écrivain.16/12/2017 (lien)
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