Au sommaire de cette Gazette, le départ d’un grand aficionado du métissage Territoire-Réseau, la prise de fonction d’un Territorialiste jusqu’au-boutiste, des bobos, des boubours, des Huntingtoniens, TF1, un président chinois, des Marches, des décrets coups-d’arrêt, des gens Debout, un candidat En Marche, …
2017. Le Monde d’après (?).
2010 – fin 2016. Le PC est désormais bouclé
Bon soyons clairs, je ne suis ni la reine de la promo ni des réseaux sociaux. Reste que même si ça reste dans une certaine confidentialité, ce projet, il m’est nécessaire de le partager, et je suis plus qu’honorée d’avoir pu le faire jusqu’ici avec les plusieurs milliers d’internautes qui l’ont visité, encore plus touché des échos de certains d’entre eux, messages d’étudiants reconnaissants, de professeurs curieux, ou de lecteurs me confiant le suivre régulièrement :-). (Découvrez le PC)
Chronique d’une démobilisation, le PC prend fin avec l’élection de Mr. T. Mais bien évidemment le voyage se poursuit. Une passion, je vous dis, ça ne s’émousse pas comme ça. Je veux continuer à croquer, à chroniquer, à dénicher, à explorer, à témoigner, à expérimenter, à goûter. Esquisser le portrait subjectif d’une époque, qui prend sens sur le long terme. Et dans la pratique, ça se passe comment ? je déconstruis, je suis l’actualité, je cherche, je lis, je m’investis, j’y consacre un bout de ma vie.
Je poursuis donc, mais je vais angler différemment. Souvenez-vous, dans son introduction, je présentais le postulat du PC : la bataille entre le Réseau mondialisé et le Territoire national (LIEN). Fin 2016, le Territoire a à nouveau triompher. Alors dans le « Monde d’après », il ne s’agit plus d’opposer Territoire et Réseau, mais de les réconcilier, oeuvrer pour l’hybridation des désormais deux moitiés de nos Sociétés.
Le PG sera aussi synonyme d’un autre changement : un sage m’a dit un jour que lorsqu’on parle du monde on parle toujours de soi, alors assumons, ainsi le PG sera plus incarné. Une incarnation pour être dans l’honnêteté d’un projet qui se veut non-académique. Dire qui parle. Avec une envie : partager, échanger. Maintenant je veux aussi m’amuser, donc pour la théorie, je vous renvoie au PC, l’essentiel a été posé. J’y reviendrai sans doute constamment, par évocation.
Allez, c’est parti, plongeons-nous dans ce gris mois de janvier.
10 janvier. Bye bye Barack. Dernier discours de Barack Obama.
Il est désormais l’heure de dire au revoir à celui qui incarna cette ère de transition entre consécration du Réseau et retour du Territoire. Celui qui a toujours su n’être qu’une étape dans l’Histoire. Barack il incarnait la réconciliation. Président mondialiste mais aussi on en a peu parlé un des plus interventionnistes que l’Amérique ait connu. Il a réconcilié ses racines, et par son action a montré qu’on peut être à la fois pro-Monde et pro-Nation. Mais de cela, on en a peu parlé… Barack, un président pas communautaire, pro Tafta et pro industrie USA, ouvert au monde, réconcilié avec Cuba, avec l’Iran, avec l’écologie. il a clivé. Contre son gré. Et su rester humble face à cela. Affirmant ne constituer qu’une étape, que l’essentiel était de continuer à progresser. J’ai eu la chance de passer un peu de temps à ses côtés en consacrant un chapitre à ce grand homme dans le PC.
Si le coeur vous en dit je vous laisse le découvrir (LIEN). Pour l’instant plongeons nous dans son dernier discours, que Barack Obama a axé sur un état des lieux de la démocratie. Une santé démocratique étroitement liée à l’économie qui pour Barack ne doit pas seulement être « libre » mais « juste« . Extraits.
Bilan « Si je vous avais dit, il y a huit ans, que l’Amérique dépasserait une grande récession, que notre industrie automobile redémarrerait et que nous assisterions au plus grand nombre de créations d’emploi de toute notre histoire, si je vous avais dit que nous ouvririons un nouveau chapitre avec le peuple cubain, que nous arrêterions le programme d’armes nucléaires de l’Iran sans tirer un coup de feu, que nous éliminerions le cerveau des attentats du 11 Septembre, si je vous avais dit que le mariage pour tous serait une réalité et que 20 millions de nos concitoyens supplémentaires seraient couverts par l’assurance maladie, vous auriez dit que tout cela n’était pas possible. Mais c’est ce que nous avons fait. C’est ce que vous avez fait !«
Réconciliation. « Nous devons donc être attentifs aux attentes des Noirs et des autres groupes minoritaires, aux réfugiés, aux immigrants, aux pauvres, aux transgenres… Mais aussi à l’ouvrier blanc de la classe populaire dont le monde a été bouleversé par les forces économiques. Nous devons faire attention et écouter. »
« Il faut se rappeler que les stéréotypes sur les immigrants d’aujourd’hui étaient presque mot pour mot ceux qui circulaient sur les Irlandais, les Italiens et les Polonais, qui, disait-on, allaient détruire le caractère fondamental de l’Amérique. L’Amérique n’a pas été affaiblie par la présence de ces nouveaux venus. Ces nouveaux venus ont embrassé les valeurs de cette nation, et elle en a été renforcée. »
Tout le texte est un vibrant plaidoyer pour la démocratie, l’engagement « politique ».
La foi. « À vous tous, tous les supporteurs de cette aventure, le jeune électeur, le bénévole, dans de petites villes, dans des familles diverses, vous êtes les artisans de cette démocratie. Vous avez changé le monde. Vous pouvez encore le changer. C’est pourquoi je reste formidablement optimiste. Permettez-moi de vous dire, et c’est un message à cette génération qui vient – elle est altruiste, créative, patriotique –, que vous avez raison de croire en une Amérique juste. Vous êtes les gardiens de cette démocratie. Et grâce à vous, je sais que l’avenir du pays est entre de bonnes mains. »
Et il termine ainsi. « Yes ! We can ! Yes, we can ! Yes, we can ! Merci. Merci. Que Dieu bénisse l’Amérique. Merci ! »
Yes We Can ! Et on a besoin de grand homme comme lui. Je partage son optimisme. Mais trop vite je tombe sur un reportage sur le Mirail, quartier « indésirable » de Toulouse et sa société parallèle. Alors ne serait-il pas trop tard pour le « We » ? Trop tard parce qu’on a laissé les uns dans les cités, les autres dans les périphéries ? Parce que les uns et les autres, écartés, fantasmés, se sont fantasmés, radicalisés, sentis rejeté et rejeté à leur tour la société nationale, la société mondiale ? Avec comme principale vision le funeste paradigme du choc des civilisations, comme principale moyen de réaction le détournement du discours racines des cosmos ?
Mot du réalisateur de Quartier impopulaire, : Au printemps 2013, je me disais : « Si l’association des mots quartiers populaires, pauvreté et délinquance est assez bien comprise, il s’en diffuse une autre, qui relie quartiers populaires, Islam, arabes, délinquance et terrorisme. Elle est beaucoup plus confuse. Cette confusion ne peut que renforcer le sentiment d’un danger intérieur latent. Le danger d’une association de malfaiteurs… » C’est devenu le point de départ de ce film, tourné dans le quartier du Mirail à Toulouse, entre le printemps et l’automne 2015. Débuté après les attentats contre Charlie Hebdo, QUARTIER IMPOPULAIRE se termine après ceux du Bataclan… (lien)
Présentation Infrarouge : Quartier impopulaire, diffusé le mar. 03.01.17 à 23h05.société | 65min. Toulouse le Mirail est un des plus grands quartiers sensibles de France. Délinquance, émeutes et terrorisme font partie du quotidien de cet ensemble, et il semblerait que l’incompréhension règne en maître de part et d’autre du ghetto. (lien)
Pas très encourageant… Faudrait que je lise « Le Grand Paris » d’Aurélien Bélanger, paraît que y’avait un super projet d’inclusion des banlieues pour Paris…
15 janvier. La nation serait-elle devenue confettis de sociétés parallèles ? Une autre société en tous les cas, celle d’autres périphéries se sentant mises de côté, a malheureusement pour sa réhabilitation élu une bien opportuniste porte-parole. Dans le documentaire « La dernière marche » qui lui est consacré, la clivante Marine Le Pen présente la fracture nationale ainsi : le vrai clivage politique divise désormais la société entre patriotes et mondialistes. Et quand elle exhorte la nation française, c’est des patriotes qu’elle veut parler. Moi je perçois plutôt cette nation comme un ensemble de régions – aux cultures marquées, qui du reste pour la plupart tirent leur épingle du jeu entre identité forte et pôles connectés – polarisées vers un espace de convergence, géographique, historique. Vers la capitale consensus, centre de convergence des régions devenu centre de convergence des mondes aussi.
Alors vous entendez faire quoi MLP ? Quitter Paris pour gouverner depuis la Province ? Comment comptez-vous rassembler en tournant le dos au seul espace neutre, en prenant comme terre d’élection une région, donc si je je puis me permettre, tout sauf un « coin de « nation » indifférencié ». Vous choisirez une région « oubliée », au risque de diviser davantage, en opposant régions périphériques et régions dynamiques ?
Tout ça n’est pas sérieux, mais ce qui est plus inquiétant ce sont les interventions de Marion Maréchal Le Pen, qui fait passer sa tante pour une grande progressiste, une soixante-huitarde romantique. Elle se dit de la génération qui a soif de racines, de localisme, de nation, anti-mai 68, issue du paradigme chrétien. Une génération Huntington en gros. Une génération qui a grandi après 2001 et dont la conscience, tout comme celle des gamins de banlieues, a été façonnée par le choc des civilisations (LIEN PC).
Sauf que cette soif de racines, sa tribu n’est de loin pas la seule à en avoir envie. Heureusement au sein de cette génération, il existe diverses façons de l’exprimer. A côté des deux bouts radicaux ou radicalisés, les bobos, les transnationaux ou les régionaux aussi ont soif de racines, soif d’identité. il existe mille voies pour se chercher sans rejeter,… chanter la Bretagne, habiter deux maisons, (–> Highlights). Moi aussi d’ailleurs je suis eux, … sans l’idéologie de la pureté. Moi je ne veux pas choisir, je prends tout, les racines et la VM. Moi je prône pour La Théorie des Deux Maisons. Soyons gourmands, localistes, régionalistes, nationalistes, mondialistes, quartiers-istes si vous voulez, additionnez, composez comme vous voulez 🙂 !
Donc la Marion c’est un peu la cheffe de file des Boubours. Quoi, vous connaissez pas encore « Le boubour, nouvel ennemi
du bobo« ? « Il est jeune, aisé et ne dédaigne pas la barbe branchée réglementaire. Le boubour
(ou bourgeois bourrin), un cauchemar sorti directement de la cuisse
des bourgeois bohêmes. A force d’installer des bars à cornflakes dans des quartiers multiethniques et partager des saucisses véganes grillées avec ses congénères, le bobo ne l’avait pas vu venir. Qui? Le boubour, ou bourgeois bourrin, son alter ego négatif, soit un branché disposant du même capital que lui, mais aussi intolérant à ses aspirations d’égalité, mixité et justice sociale qu’un allergique au gluten. » (https://www.letemps.ch/societe/2016/12/16/boubour-nouvel-ennemi-bobo)
Ha ha moi je préfère rigoler avec Camille Chamoux et « L’esprit de contradiction« , mis en scène par Camille Cottin. « Il est ex-ce-ptionnel mon quartier. Y’a un mix très étrange. Y’a une épicerie…végan, une crêperie… alternative, un magasin de burqa et une crèche israélite. Bon ben forcément moi j’adore hein ; c’est ça l’esprit bobo; le goût de la mixité. Mixte, c’est le mot pour dire y’a des Noirs et des Pakis, … et je trouve ça cool. » (lien article PC Paris).
Bon parlons plus sérieusement, parlons du concours de Miss France (et ben quoi, je vous ai toujours dit que mes références étaient très éclectiques, moi suis la Bobo Pop, la bobo populaire, je kiffe tous les décors et déteste le snobisme, le communautarisme excluant, quel qu’il soit…) Je disais quoi déjà ? Ah oui, en dépit des réacs de 20 ans et des boubours, cette année cinq des finalistes de Miss France étaient métis. Alors évidemment dès le lendemain certains ont hurlé à « l‘imposture cosmopolite« . Je préfère de loin cette imposture-là à celle qui consiste à nous faire croire que désormais ce serait une Marion MLP qui incarnerait le populaire… Alors vive le TF1 populaire, et adieux aux clichés.
Le PG = réconciliation = urgence de redonner la parole à l’autre moitié = si aversion pour certains de leurs médiateurs, dont Mr T, empathie pour ceux qui l’ont élu. En attendant Mr T, pas encore « investi » semble déjà déterminé à user et abuser de son pouvoir de nuisance, menaçant les entreprises étrangères, insultant à tout va via les réseaux sociaux, déclarant la « guerre » à l’UE qui l’appelle à faire « Exit ». Si cet homme est l’incarnation au populaire, c’est faire honte au concept. Les gens populaires ne sont pas vulgaires, incultes et violents… Quel triste porte-parole, ils doivent avoir bien honte. Good new cependant, la campagne française bat son plein, et avec elle un espoir, Emmanuel Macron, un mec « En Marche », en mouvement…
Mr T se prépare donc à régner, du coup on ne le verra pas du 17 au 20 janvier au Forum de Davos, même si en filigrane il est présent dans ses enjeux en ces temps de trends protectionniste et autoritariste. Le grand gag, c’est que celui qui va endosser le rôle de porte-parole du mouvement mondialisé est… le président chinois, Xi Jinping, maître d’un État autoritaire et « communiste », venu montrer par l’exemple l’incontournabilité du combo hybride État fort – économie mondialisée. Il est aussi venu nous parler de la Route de la Soie. Pourquoi pas, après tout, la voie atlantique a bien perdu de son éclat, la folie de Trump signe bel et bien la future érosion du soft power américain…. « Davos est dès lors une plateforme idéale pour le Président Xi Jinping, en l’absence de représentants de l’administration américaine, pour présenter sa vision du nouveau monde actuel et un programme qui profiterait du vide laissé par le possible repli protectionniste américain. » (Lien).
Et puis arrive finalement le 20 janvier. Vague de froid. Il fait gris. Au moins Mr T évacue New York, c’est déjà ça de pris. Sa place se trouve légitimement dans un lieu de pouvoir national, certainement pas dans une Ville Monde… D’ailleurs elles en sont où les Villes-Monde en ces temps de populisme, de radicalisation du pouvoir, de trend de l’autoritarisme ? Elles ont fait figure de résistantes, d’îlots de respiration. En 2016, année du Brexit, Londres a élu un Maire musulman. New York a son passeport pour les sans-papiers (voir la page de IDNY), apatrides at least considérés comme citoyens de la Ville-Monde, à Zurich on y pense aussi. Quant à Genève elle a voté des budgets en faveur des multinationales, exposé sa « gueule » métissée dans un grand projet collectif, paradé multiculturellement pendant la Fête de la musique, et appelé à plus de permis de travail pour les extra-européens. Reste que certains font les frais du qui se joue entre VM et nations, dégringolant de l’envié statut d’expatrié à celui de sans-papier (voir l’histoire de ce Suédois à NYC)

Et moi je vous redis que le grand enjeu et ce sur quoi va se concentrer le PG, c’est la cohabitation entre le Monde (incarné dans les VM), les Régions (à la fois ancrées et en mouvement) et les Nations (empêtrées dans leur sursaut identitaire). Ca promet d’être passionnant, même s’il faut bien l’avouer, ces derniers mois ça a été plutôt effrayant. Passons.
En attendant, on marche globalement partout en ce 21 janvier et une banderole « Resist » fait de l’ombre à la Maison Blanche…
Allez, je vais me coucher, mais juste avant, je vais regarder le documentaire « Nuit Debout » sur France 5. « Durant plus de quatre mois, une foule d’anonymes silencieux s’est assise le soir venu place de la République. Tous étaient là pour partager leur colère la même envie, refonder la politique loin des partis établis. Né contre la loi El Khomri, le mouvement a surpris par son ampleur et résonné jusqu’au plus haut sommet de l’État. Ce document met des visages sur ce mouvement protéiforme et complexe.«
Verdict ? Si je ne partage pas leur combat « anti entreprises » sans proposition, pas tout compris leur projet (nouvelle démocratie ? révolution ?), je partage leur idée de Mouvement vs les immobiles partis,, de communauté éphémère aussi, de lieu institutionnel éphémère aussi, leur mouvement pour faire se rencontrer les autres dans la grande cité, leur foi en la capacité d’action de la société civile.
Y’a pas que sur la place de la République qu’on est debout, l’élection de Mr T après avoir sidéré le monde, l’a réveillé, en cette fin janvier, c’est simple, on marche et on se (re)mobilise partout. Et on partage la foi de Nuit Debout, comme avec ce hashtag qui exhorte la société civile à résister #grabyourwalleboycottcampaign.
Malheureusement, il va quand même falloir un temps devoir composer avec Mr T. Qui en une semaine avec son mur a engagé un guerre avec le Mexique, renié les accords Pacifique, annoncé la fin des subventions en faveur de l’ONU, apporté tout son soutient à la colonisation en Israël, menacé les multinationales, signé un décret contre l’ObamaCare, déclaré la guerre aux médias… le tout avec beaucoup de violence. Les gens veulent la démocratie, le populisme, le pouvoir au peuple donc, mais élisent l’ultra-autoritarisme, contradiction ?
En ce début de 21ème, à défaut d’avoir su donner goût à la cohabitation, on assiste au triomphe du Malthusianisme. Quand je suis entrée à l’uni, en 2007, on nous exposait cette théorie comme un vilain mot, tout juste osait-on la chuchoter, un peu honteux. En même temps à mon entrée à l’université c’était encore la Géographie culturelle qui gouvernait »Thomas Robert Malthus, au début du XIXe siècle, considérait déjà qu’il fallait réduire la fécondité pour éviter d’épuiser des ressources qui sont limitées.« (lien) Et quand je l’ai quitté, ce sont les Sciences de l’Environnement qui avaient pris le flambeau. Aujourd’hui dans le journal je lis que Barcelone prend de nouvelles mesures pour freiner l’invasion touristique. Les êtres humains n’aiment plus trop le trop plein d’autres êtres humains, qui menacent les identités et la planète, mais paradoxe, dans les pays dits développés, on a pas fait autant d’enfants depuis longtemps, … on déteste surtout les enfants des autres en fait…
Les Autres gênent, le mouvement donne des palpitations, aujourd’hui ce qu’on veut c’est de la diversité, de l’unicité, de l’identité. Ce soir Envoyé Spécial déplorait l’uniformité et mettait l’accent sur l’existence de lieux identiques partout, même en Corée du Nord. Rappelons-nous quand même que ces lieux uniformisés sont indispensables pour se rassurer, se rencontrer, créer un premier contact, un premier lien. Aéroports, rues marchandes, chaînes d’hôtels aseptisées = des SAS.
Notre paysage alpin s’est lui aussi bien uniformisé, pour les conforts des familles, vite vite, folklorisons le ! Je reviens justement d’un week-end à la montagne, deux jours dans la vie de mes amis. Et j’ai un peu compris pourquoi les dictateurs populistes sont contre l’avortement et friands de campagnes natalistes. Croyez-moi, quand tu es occupée à élever des enfants en bas-âge, pendant un temps, tu n’as plus guère le temps d’accorder de crédit aux ptits jeux politiques.
Et donc ce week-end mes amis se fichent éperdument que la droite populiste européenne soit réunie à Coblence. Quant à moi, je leur dis les gars, vous perdez votre temps. Écoutez ma petite patrie, précurseure du retour, de la fermeture, du populisme qui prend corps dans les urnes (les résidences secondaires, le 9 février, l’initiative contre les minarets, de nombreux trends ont été lancés ici…). Si les trends ont été lancés, les solutions difficilement trouvées pour les appliquer dans la vraie vie. Trop tricky, ma ptite patrie en est revenue. Revenue des effets d’annonce. Ca fout une sale ambiance et au final en sus on s’appauvrit. Alors on a décidé de faire davantage confiance au pragmatisme de nos élus qu’à nos contre-productives passions.
En sus à peine triomphant bientôt déjà has been. Car pendant que vous conspirez contre le mouvement, un mouvement se renforce autour de Macron. Allez, plus que l’histoire de quelques mois. On va pas se laisser abattre. En plus l’ouverture paraît que ça paie, si on en croit les résultats de la croissance allemande tout juste publiés.
Et en rentrant de mon week-end, j’ai terminé la lecture du truculent La septième fonction du langage de Laurent Binet, dans lequel on y parle entre autres de Venise, du baroque, et le baroque c’est le mouvement... « Le Baroque est ce courant esthétique qui pense le monde comme un théâtre et la vie comme un rêve, une illusion, un miroir de couleurs vives et de lignes brisées. (…) Le Baroque préfère les courbes aux angles droits. (…) Insaisissable, le Baroque se déplace d’un pays à l’autre, d’un siècle à l’autre (…) Le Baroque ne connaît pas l’unité, ne connaît pas l’essence des choses fixes, ne connaît pas la permanence. Le Baroque est mouvement. (…) Le mouvement perpétuel comme réponse à la vanité du monde. » (417-419).
Séduisante vision. Mais parfois le mouvement peut aussi être synonyme de repli. A l’occasion de la sortie du livre « Juifs de France, pourquoi partir ?« , on apprend que l’année 2016 a enregistré un nombre record d’Alyahs. Identité menacée, insécurité, attentats, Serge Moati nous éclaire sur les causes de cette fuite, du retour à la terre promise, à une promesse de racines. Apparemment 30% reviennent, déçus de leur exil. (Lien) (Lien)
Quant à moi, je sens qui si j’entends encore le mot Identité je vais flancher… Bon, comme j’ai enregistré le film « Alyah« , j’y vais….et là, youpiiiii ! Rien d’identitaire dans le choix de départ de notre héros. Une vie qui part à vau l’eau. Une opportunité. D’abord un nom juif. Ensuite apprendre l’hébreu. Y aller ok, mais pas faire l’armée. Bref, on suit le processus de notre anti-héros qui croise ses amis qui en reviennent et lui disent que le mieux c’est d’y passer, pas s’y installer.
Bon pendant que certains font leur Alyah donc, une nouvelle génération grandit, celle de nos enfants, porteurs d’espoir, la première génération des enfants Erasmus. A lire à ce propos ce joli article du Courrier International « Certains ont plus de 20 ans, d’autres sont encore des bébés, mais ils ont pour caractéristique commune d’être les premiers à concrétiser l’idéal d’intégration européenne, alors même que l’Union européenne fait eau de toutes parts. Ce sont les “enfants Erasmus” : 1 million de descendants des couples [estimation] qui se sont formés grâce à ce programme d’échanges interuniversitaire. » (…) « Comme le prêchait Erasme, le philosophe qui donne son nom au programme, “pour l’homme heureux, tous les pays sont sa patrie”. » (Lien). Reste qu’entre nous et eux, il faudra compter avec la génération Huntington. Soit, nous arriverons au pouvoir avant elle…
30 janvier, le mois touche à sa fin et pour le finir en beauté, Mr T. sort le « Muslim Ban » de sa moumoute, décret interdisant l’entrée des USA à certains pays musulmans, mais PAS à l’Arabie Saoudite, voilà voilà. Réaction courroucée de Starbucks et d’autres multinationales. Réaction de Justin Trudeau aussi.
Pauvre Mr T, il va avoir du taf, s’il veut nettoyer son monde de toute hybridité. Je viens de tomber sur le magazine d’invasion euh oups d’évasion Échappées Belles et découvert qu’aux USA on trouve des communautés dans les lieux les moins soupçonnés, des mini-mondes comme New Glarus et Mount Horeb dans le Middle West, Wisconsin…
Affaires à suivre donc.
Allez, je vous laisse, il est l’heure pour moi de partir en terre mondialisée, de gagner l’Asie du Sud-Est en A380, une terre où je me sens bien, une terre pas encore totalement contaminée. Le bouddhisme et son rapport au mouvement y serait peut-être pour quelque chose ?