Welcome 2019 ! De retour avec encore plus de contes, voix nomades ou enracinées, tentatives de traductions d’une époque mouvementée, quelques cris, un tsunami de poésie, d’échappées et autres gourmandises à déguster sans modération…
MA COLOMBINE. Pièce d’Omar Porras, sur un texte de Fabrice Melquiot, 2019, Production Théâtre Am Stram Gram Genève & Théâtre Kléber-Méleau Renens
« En scène, Omar Porras, seul avec ses fantômes. Ça fait du monde. C’est un homme et son monde. Un voyage en Colombie, sur les terrains de vie de l’enfance, quand on n’était pas encore l’un des plus grands metteurs en scène de ce pays. Une rencontre avec le petit Omar, celui que contient encore le grand Omar. Un conte d’aujourd’hui, un conte du 21ème siècle. Une histoire pour petits et grands. L’histoire d’un exil, d’une inspiration, d’un espoir ; un fil d’or tendu de l’Amérique latine et sa jungle à l’Europe des lumières de théâtre, un saut à la perche du grand soleil aux projecteurs.
Porras à nu, Porras à cru, Porras régénéré par un Porras de fiction, vraisemblable et peut-être véridique. Venez découvrir cette histoire peu commune d’un homme qui croyait aux miracles et à la fragilité, à la voix dans les choses et à l’âme dans les cintres. Un monologue de Fabrice Melquiot, écrit pour Omar Porras, à partir de sa propre biographie. Une déclaration d’amour au théâtre et à la vie. » Dossier de presse Amstramgram
BERLIN TRAVEL FESTIVAL. Une envie d’évasion ? Rdv à Berlin du 8 au 10 mars
From March 8–10, 2019, the Berlin Travel Festival ventures into new territories, bringing together new ways of traveling with the new traveler. It is a combination of conference, exhibition, networking event, workshops, entertainment, and master classes. Toutes les infos Ici
CHERS FANATIQUES. Réflexions d’Amoz Oz, Gallimard, 2018, 128 pages
«Combattre les extrémistes ne veut pas dire les anéantir tous, mais plutôt contrôler le petit fanatique qui se cache en nous.»
«Ces trois articles n’ont pas été rédigés par un expert ni un spécialiste, mais par un auteur dont l’engagement s’accompagne de sentiments mitigés» : c’est ainsi que le grand romancier israélien Amos Oz présente ce recueil d’essais, nés à l’occasion de conférences données depuis 2002. Il y propose une réflexion géopolitique qui se nourrit aussi bien d’analyses historiques, d’interprétations bibliques que d’anecdotes personnelles, afin d’exposer sa lecture du fanatisme, dans toutes ses acceptions possibles, et ses éventuels recours. Car Amos Oz, fervent défenseur de la paix et de la solution à deux États au Moyen-Orient, se refuse aux simplifications.
Dans ce recueil qui peut se lire comme un prolongement de Aidez-nous à divorcer (2004), Comment guérir un fanatique (2006), et Juifs par les mots (2014), l’écrivain se saisit de l’actualité de son pays pour esquisser des pistes prudentes, et désormais teintées d’un certain pessimisme. Conscience intellectuelle et porte-voix du mouvement «La paix maintenant» depuis 1978, Amos Oz ne dissimule pas ses réserves sur les choix récents faits par le gouvernement de son pays, ni sa crainte de leurs conséquences dans les années à venir. Soixante-dix ans après la proclamation de l’État d’Israël, ces trois textes nous interrogent sur les racines humaines du fanatisme et nous invitent à considérer, malgré tout, ce que des peuples qui se déchirent peuvent avoir en commun. » Lien Gallimard
CHAQUE JOUR APPARTIENT AU VOLEUR. Roman de Teju Cole, Zoé, 2018, trad. de l’anglais (Nigeria) par Serge Chauvin 192 pages
« Fin 2005, Teju Cole est retourné à Lagos, la ville de son enfance, pour la première fois après treize ans d’absence. Rentré à New York, il entreprend de relater ce voyage sur son blog en publiant un article quotidien pendant un mois. Mélange de souvenirs, de reportage et de fiction, Chaque jour appartient au voleur devient ainsi son premier roman, initialement édité au Nigeria en 2007 et republié sous une forme révisée en 2014 aux États-Unis et au Royaume-Uni.
En vingt-sept chapitres, Teju Cole relate ce retour au pays difficile et émouvant, au cours duquel le narrateur tâche de renouer avec l’univers étourdissant de la mégapole africaine aux douze millions d’habitants. Il capte les scènes qui ponctuent le séjour de son personnage et les traduit avec justesse : les pots-de-vin exigés par l’employé du consulat à New York, les périples en danfos, ces minibus jaunes décrépis et bondés qui fusent dans les rues de Lagos, ou le châtiment cruel des voleurs à la tir au marché. Des photographies prises par Teju Cole lors de son séjour amplifient l’expressivité du texte, servi par une langue précise et mélancolique.
« Lagos prend réellement vie dans ce roman, il constitue l’une des représentations les plus percutantes qu’ait livré de cette ville un auteur contemporain. » NoViolet Bulawayo Lien Editions Zoé
INSYRIATED. Film de Philippe Van Leeuw, 2017, 1h26
Dans la Syrie en guerre, d’innombrables familles sont restées piégées par les bombardements. Parmi elles, une mère et ses enfants tiennent bon, cachés dans leur appartement. Courageusement, ils s’organisent au jour le jour pour continuer à vivre malgré les pénuries et le danger, et par solidarité, recueillent un couple de voisins et son nouveau-né. Tiraillés entre fuir et rester, ils font chaque jour face en gardant espoir. Lien AlloCine
UNE AFFAIRE DE FAMILLE – Communauté minimale d’élection. Film de Hirokazu Kore-eda, 2018, 2h01. Palme d’Or 2018
Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu‘elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux – jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement leurs plus terribles secrets… Lien AlloCine
L’ARABE DU FUTUR – Planches d’un Breto-Syrien. Récits dessinés de Riad Sattouf
Ce livre raconte l’histoire vraie d’un enfant blond et de sa famille dans la Libye de Kadhafi et la Syrie d’Hafez Al-Assad. « Né d’un père syrien et d’une mère bretonne, Riad Sattouf grandit d’abord à Tripoli, en Libye, où son père vient d’être nommé professeur. Issu d’un milieu pauvre, féru de politique et obsédé par le panarabisme, Abdel-Razak Sattouf élève son fils Riad dans le culte des grands dictateurs arabes, symboles de modernité et de puissance virile. En 1984, la famille déménage en Syrie et rejoint le berceau des Sattouf, un petit village près de Homs. Malmené par ses cousins (il est blond, cela n’aide pas…), le jeune Riad découvre la rudesse de la vie paysanne traditionnelle. Son père, lui, n’a qu’une idée en tête : que son fils Riad aille à l’école syrienne et devienne un Arabe moderne et éduqué, un Arabe du futur. » 2014, 160 pages
« L’Arabe du futur raconte la jeunesse de Riad Sattouf au Moyen-Orient. (…) Dans ce troisième tome (1985-1987), après avoir suivi son mari en Libye puis en Syrie, la mère de Riad ne supporte plus la vie au village de Ter Maaleh. Elle veut rentrer en France. L’enfant voit son père déchiré entre les aspirations de sa femme et le poids des traditions familiales… » 2016, 160 pages.
Ce quatrième tome du succès mondial L’ Arabe du futur couvre les années 1987-1992. 2018, 288 pages. « Âgé de neuf ans au début de ce volume, le petit Riad devient adolescent. Une adolescence d’autant plus compliquée qu’il est tiraillé entre ses deux cultures – française et syrienne – et que ses parents ne s’entendent plus. Son père est parti seul travailler en Arabie saoudite et se tourne de plus en plus vers la religion… Sa mère est rentrée en Bretagne avec les enfants, elle ne supporte plus le virage religieux de son mari. C’est alors que la famille au complet doit retourner en Syrie… Dans le premier tome (1978-1984), le petit Riad était ballotté, de sa naissance à ses six ans, entre la Libye de Kadhafi, la Bretagne de ses grands-parents et la Syrie de Hafez Al-Assad. Le deuxième tome (1984-1985) racontait sa première année d’école en Syrie. Le troisième tome (1985-1987) était celui de sa circoncision. Ce quatrième tome, exceptionnel par son format (288 pages) et par ce qu’il révèle (le coup d’État de son père), est le point d’orgue de la série.
La série L’Arabe du futur est traduite dans 22 langues. » Lien Allary Editions
HEUREUX COMME LAZZARO – Dans les marges de la mondialisation. Fable d’Alice Rohrwacher, 2018, 2h07
Lazzaro, un jeune paysan d’une bonté exceptionnelle vit à l’Inviolata, un hameau resté à l’écart du monde sur lequel règne la marquise Alfonsina de Luna. La vie des paysans est inchangée depuis toujours, ils sont exploités, et à leur tour, ils abusent de la bonté de Lazzaro. Un été, il se lie d’amitié avec Tancredi, le fils de la marquise. Une amitié si précieuse qu’elle lui fera traverser le temps et mènera Lazzaro au monde moderne. Lien AlloCine
L’ASIE RÊVÉ D’YVES SAINT LAURENT. Exposition au Musée YSL Paris
Première exposition temporaire thématique du Musée Yves Saint Laurent Paris depuis son ouverture en octobre 2017, « L’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent » rassemblera une cinquantaine de modèles haute couture inspirés de l’Inde, de la Chine et du Japon.
Les voyages imaginaires. « Il me suffit d’un livre d’images pour que mon esprit se fonde dans un lieu, ou un paysage […] Je n’éprouve aucun besoin de m’y rendre. J’en ai tellement rêvé… » Yves Saint Laurent
Grâce à ses « voyages imaginaires » ou « immobiles », Yves Saint Laurent a livré, au fil de ses collections, une vision rêvée de contrées lointaines, teintée de connaissances puisées à la fois dans ses lectures et dans une approche directe des objets d’art. Le couturier a plongé immanquablement au coeur des coutumes locales, exploré le folklore, détourné les clichés afin de proposer une représentation sublimée de traditions vestimentaires. Parmi ses «exotismes », l’Asie occupe une place particulière qui ponctue toute son oeuvre.
L’Inde, la Chine, le Japon. Yves Saint Laurent propose une vision à la fois littérale et imaginaire de l’Asie. Tout au long de sa carrière, il a regardé les costumes traditionnels indiens, chinois et japonais, pour donner vie à des créations haute couture. Dès ses premières collections, il réinterprète les somptueux manteaux des souverains de l’Inde.
Ensuite, la Chine impériale lui inspire la collection de l’automne-hiver 1977, pour laquelle il donne une image théâtrale et transformée du pays. Cette même année, le créateur met en exergue ces influences asiatiques à travers une nouvelle fragrance. La « sulfureuse » Opium suscite un vent de scandale qui lui confère un succès mondial. Fasciné par le Japon, et en particulier le théâtre Kabuki, il revisite plus tard le kimono.
« L’Asie a depuis fort longtemps exercé une fascination sur les artistes européens. Dans ses collections, Yves Saint Laurent en livre une vision très personnelle fondée sur une connaissance approfondie de son histoire, de sa culture et de ses arts. » Aurélie Samuel Conservatrice du patrimoine Directrice des collections du Musée Yves Saint Laurent Paris et commissaire de l’exposition. Lien Musée YSL Paris
VILNIUS, PARIS, LONDRES. Roman d’Andreï Kourkov, Liana Levi, 2018, 640 pages
C’est la fin des gardes-frontière et des contrôles de passeports, un immense espoir pour un pays minuscule: le 21 décembre 2007, à minuit, la Lituanie intègre enfin l’espace Schengen. Comme beaucoup de leurs compatriotes, trois couples se lancent dans la grande aventure européenne. Ingrida et Klaudijus tenteront leur chance à Londres. Barbora et Andrius à Paris. Et si Renata et Vitas restent dans leur petite ferme à Anykšciai, eux aussi espèrent voir souffler jusqu’à l’Est le vent du changement. Mais l’Europe peut-elle tenir ses promesses de liberté et d’union? Estampillés étrangers, bousculés par des habitudes et des langues nouvelles, ces jeunes Lituaniens verront l’eldorado s’éloigner de jour en jour. Kukutis, un vieux sage qui traverse l’Europe à pied, le sait bien, lui: «Peu importe la ville où l’on veut atterrir, c’est le voyage lui-même qui est la vie.»
Dans ce roman tour à tour drôle, tendre et mélancolique, Kourkov donne un visage à tous les désenchantés du rêve européen. Lien éditions Liana Levi
IN JACKSON HEIGHTS. Documentaire de Frederick Wiseman, 2015, 3h10
Jackson Heights est l’un des quartiers les plus cosmopolites de New York. Ses habitants viennent du monde entier et on y parle 167 langues. Ce quartier incarne à lui seul la nouvelle vague d’immigration aux États-Unis et concentre les problématiques communes aux grandes villes occidentales comme l’immigration, l’intégration et le multiculturalisme.
Wiseman s’invite dans le quotidien des communautés du quartier new-yorkais, filmant leurs pratiques religieuses, politiques, sociales et culturelles, mais aussi leurs commerces et leurs lieux de réunion. Il met également en lumière l’antagonisme qui se joue au sein de ces communautés, prises entre la volonté de préserver les traditions de leur pays d’origine et la nécessité de s’adapter au mode de vie et aux valeurs des États-Unis. Lien
BLACK MOVIE 2019. Festival international de films indépendants, Genève
Engagé dans la défense des productions asiatiques, africaines, orientales et sud-américaines, le Festival Black Movie a permis au public genevois et suisse romand de découvrir pour la première fois des films de Apichatpong Weerasethakul, Jia Zhangke, Carlos Reygadas, Wang Bing, Hong Sangsoo, Takashi Miike, Tsai Ming-liang et Joāo Pedro Rodrigues. Aujourd’hui primés et reconnus dans les festivals les plus prestigieux du monde (Cannes, Berlin, Venise, Busan, Toronto, Rotterdam…), ces cinéastes étaient pour la plupart présents au moment des projections de leurs films.
Regroupés en sections thématiques (société, politique, nouvelles cultures urbaines, genres…), les films montrés chaque année pendant 10 jours témoignent de la vivacité d’une cinématographie internationale passée sous le radar des circuits de distribution et majoritairement inédite en Suisse. Le public y trouve des réalisations sous toutes formes : fiction, documentaire, expérimental, animation, longs et courts métrages. La programmation audacieuse et pointue du festival favorise les voix minoritaires, la liberté de ton, la qualité cinématographique, l’impertinence. Sur le plan compétitif, un jury de critiques internationaux remet le Prix de la Ville de Genève à la meilleure œuvre.
Le Festival Black Movie peut se réclamer d’un rayonnement global, confirmé par la venue annuelle d’une vingtaine de cinéastes en provenance de tous les continents et par la présence et la reconnaissance de nombreux journalistes étrangers. Lien Black Movie
QU’EST-CE QU’ON A ENCORE FAIT AU BON DIEU ? Déclaration d’humour à la France, de Philippe de Chauveron, 2019, 1h39
Le retour des familles Verneuil et Koffi au grand complet ! Claude et Marie Verneuil font face à une nouvelle crise. Leurs quatre gendres, Rachid, David, Chao et Charles sont décidés à quitter la France avec femmes et enfants pour tenter leur chance à l’étranger. Incapables d’imaginer leur famille loin d’eux, Claude et Marie sont prêts à tout pour les retenir. De leur côté, les Koffi débarquent en France pour le mariage de leur fille. Eux non plus ne sont pas au bout de leurs surprises… Lien AlloCine
UN AILLEURS A SOI. Roman d’Emmelie Prophète, 2018, Mémoire d’encrier, 120 p
Tout un peuple se prépare à fuir, s’inventant un ailleurs à défaut d’un avenir. Partir est un mythe auquel personne n’échappe. Au Ayizan, chic restaurant de Pétion-Ville, se font et se défont les voyages. Lucie sert les clients le jour et vend son corps la nuit. Maritou fuit la haine de Jeannette et la pitié de Clémence ses demi-sœurs. Elle vomit son angoisse et sa solitude jusqu’à sa rencontre avec Lucie. Elles s’apprivoisent jusqu’à s’aimer. Un ailleurs à soi, miroir où se tissent illusions et vœux de départ. Extrait « Lucie était la nuit, elle était la lune. Elle était persuadée que personne ne la verrait quand elle aura finalement pris la fuite pour se diriger vers cet horizon qui l’appelait depuis tellement de temps. Elle dormirait dans la rue, elle mangerait n’importe quoi, mais elle serait libre, se disait-elle. Elle perdrait la pesanteur du corps, cet objet de désir insensé, toute cette féminité qui la forçait à des combats pour lesquels elle ne se sentait pas prête. » Lien éditeur
LA VACHE & JUSQU’ICI TOUT VA BIEN. Feel Good Cohabitation. Diptyque souriant de Mohamed Hamidi
La Vache, 2016, 1h30. Fatah, petit paysan Algérien n’a d’yeux que pour sa vache Jacqueline, qu’il rêve d’emmener à Paris, au salon de l’Agriculture. Lorsqu’il reçoit la précieuse invitation devant tout son village ébahi, lui qui n’a jamais quitté sa campagne, prend le bateau direction Marseille pour traverser toute la France à pied, direction Porte de Versailles. L’occasion pour Fatah et Jacqueline d’aller de rencontres en surprises et de vivre une aventure humaine faite de grands moments d’entraide et de fous rires. Un voyage inattendu et plein de tendresse dans la France d’aujourd’hui.
Jusqu’ici tout va bien, 2019, 1h30. Fred Bartel est le charismatique patron d’une agence de communication parisienne branchée, Happy Few. Après un contrôle fiscal houleux, il est contraint par l’administration de délocaliser du jour au lendemain son entreprise à La Courneuve. Fred et son équipe y font la rencontre de Samy, un jeune de banlieue qui va vite se proposer pour leur apprendre les règles et usages à adopter dans ce nouvel environnement. Pour l’équipe d’Happy Few comme pour les habitants, ce choc des cultures sera le début d’une grande histoire où tout le monde devra essayer de cohabiter et mettre fin aux idées préconçues. Lien AlloCine
ALTO BRACO. Retour aux sources de Vanessa Bamberger, Liana Levi, 2019, 240 p
Alto braco, «haut lieu» en occitan, l’ancien nom du plateau de l’Aubrac. Un nom mystérieux et âpre, à l’image des paysages que Brune traverse en venant y enterrer Douce, sa grand-mère. Du berceau familial, un petit village de l’Aveyron battu par les vents, elle ne reconnaît rien, ou a tout oublié. Après la mort de sa mère, elle a grandi à Paris, au-dessus du Catulle, le bistrot tenu par Douce et sa sœur Granita. Dures à la tâche, aimantes, fantasques, les deux femmes lui ont transmis le sens de l’humour et l’art d’esquiver le passé. Mais à mesure que Brune découvre ce pays d’élevage, à la fois ancestral et ultra-moderne, la vérité des origines affleure, et avec elle un sentiment qui ressemble à l’envie d’appartenance.
Vanessa Bamberger signe ici un roman sensible sur le lien à la terre, la transmission et les secrets à l’œuvre dans nos vies. Lien Liana Levi
AU-DELA DES FRONTIERES. Roman d’Andreï Makine, Grasset, 2019, 270 pages
Quelles blessures ont inspiré au jeune Vivien de Lynden, nouvel enfant du siècle obsédé par la décadence de l’Occident, son apocalyptique manuscrit Le Grand Déplacement ?
Pour faire publier ce brûlot, la mère du jeune auteur s’adresse à un écrivain, ami de Gabriel Osmonde. Ce dernier, que Vivien s’était choisi pour maître à penser, porte sur le monde un regard plus profondément désenchanté que le jeune néo-hussard brûlé au feu de son idéalisme.
Et voilà que cette femme, revenue de toutes les utopies humanitaires les plus valorisantes, guettée par un vide existentiel dont le suicide lui semble l’unique issue, comprend qu’il faut sortir du jeu, quitter la scène où tout le monde joue faux, tiraillé par la peur de manquer et la panique de la mort.
Une autre voie est possible. Une autre vie aussi. Chacun n’a-t-il pas droit à sa « troisième naissance », au-delà des frontières que l’on assigne à l’humaine condition ? Lien Grasset
LOST. Projet musical hybride de Camélia Jordana, 2018

Camélia Jordana a choisi le nom générique de “Lost” pour être dans la vérité de son nouveau projet. “Lost” pour être aussi au plus proche de la vie intime de ses trois dernières années.
Celle, dit-elle : « d’une jeune femme entre 23 et 26 ans d’origine algérienne avec une gueule d’arabe à Paris… » Qui donc a aussi connu le fracas du monde, des attentats à la montée des populismes, jusqu’au racisme particulièrement féroce sur les réseaux sociaux. La genèse de ce projet se situe donc dans ce sentiment de perte totale. Perte des repères qui furent celles des générations précédentes. Perte de confiance aussi pour prendre la parole, afin d’être juste dans un contexte où toutes les cartes sont brouillées. La perte, selon Camélia Jordana, c’est aussi l’oubli de soi qui conduit à l’abandon et à la transe.
Ce disque illustre un couloir labyrinthique, évidemment sombre, mais qui a donné vie à la quête nécessaire de lumière. La perte pour s’identifier. Et pour se retrouver. C’est de fait un album politique, une fusion de sentiments contradictoires, un mélange de sons, de langues et d’esthétiques musicales. Une diversité artistique qui commande à ne surtout pas choisir. (…) » Présentation Playlist France Inter
RETOUR A REIMS. Essai de Didier Eribon, Fayard, 2009, 252 pages
Après la mort de son père, Didier Eribon retourne à Reims, sa ville natale, et retrouve son milieu d’origine, avec lequel il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Il décide alors de se plonger dans son passé et de retracer l’histoire de sa famille. Evoquant le monde ouvrier de son enfance, restituant son ascension sociale, il mêle à chaque étape de ce récit intime et bouleversant les éléments d’une réflexion sur les classes, le système scolaire, la fabrication des identités, la sexualité, la politique, le vote, la démocratie…
Réinscrivant ainsi les trajectoires individuelles dans les déterminismes collectifs, Didier Eribon s’interroge sur la multiplicité des formes de la domination et donc de la résistance. Un grand livre de sociologie et de théorie critique. Lien éditeur
RETOUR A FORBACH. Documentaire de Régis Sauder, FR, 2017, 78′
Régis Sauder revient dans le pavillon de son enfance à Forbach. Il y a 30 ans, il a fui cette ville pour se construire contre la violence et dans la honte de son milieu. Entre démons de l’extrémisme et déterminisme social, comment vivent ceux qui sont restés ? Ensemble, ils tissent mémoires individuelles et collectives pour interroger l’avenir à l’heure où la peur semble plus forte que jamais. Lien distributeur
NOMADLAND. Enquête nomade de Jessica Bruder, Editions Globe, 2019, 320 pages, traduit de l’américain par Nathalie Peronny

Les mensonges et la folle cupidité des banquiers (autrement nommée « crise des subprimes ») les ont jetés à la rue. En 2008, ils ont perdu leur travail, leur maison, tout l’argent patiemment mis de côté pour leur retraite.
Ils auraient pu rester sur place, à tourner en rond, en attendant des jours meilleurs. Ils ont préféré investir leurs derniers dollars et toute leur énergie dans l’aménagement d’un van, et les voilà partis. Ils sont devenus des migrants en étrange pays, dans leur pays lui-même, l’Amérique dont le rêve a tourné au cauchemar. Parfois, ils se reposent dans un paysage sublime ou se rassemblent pour un vide-greniers géant ou une nuit de fête dans le désert. Mais le plus souvent, ils foncent là où l’on embauche les seniors compétents et dociles : entrepôts Amazon, parcs d’attractions, campings… Parfois, ils s’y épuisent et s’y brisent. Lien Globe
A écouter à La Grande Table de France Culture du 14 février 2019
FRONTIERES EN TOUS GENRES. Exposition du Département de Géographie de l’Université de Genève, Genève, 2019
Frontières en tous genres porte sur la construction des identités par les frontières et montre comment celles-ci, en cloisonnant l’espace, différencient et souvent opposent les groupes concernés. L’exposition présente les dimensions performatives des frontières qui, en fait, participent à la création des groupes sociaux et politiques qu’elles séparent. Frontières en tous genres met en scène, au travers d’une grande variété de documents visuels, deux grands types de frontières: celles qui séparent le public du privé — les frontières du genre — et celles qui organisent le monde en nations — les frontières interétatiques. L’exposition donne à voir des formes diverses de cloisonnement social et spatial qui, dans un même mouvement, unissent et séparent des individus. Elle témoigne aussi des formes de décloisonnement et de recomposition qui passent souvent par la transgression des frontières. Lien Université de Genève
PRENDRE REFUGE. Poème dessiné de Zeina Abirached et Mathias Enard, Casterman, 2018, 344 pages
2016, Berlin. Karsten, jeune Allemand qui se passionne pour l’Orient rencontre Nayla, une réfugiée syrienne, dont il s’éprend, malgré leurs différences.
A travers ces deux récits entremêlés, deux histoires d’amour atypiques, comme un écho à deux époques complexes, se tissent au fil des pages. Alliant les contraires, rapprochant des êtres qui n’auraient jamais dû se croiser, l’album propose une réflexion sur la difficulté d’aimer aujourd’hui comme hier. Lien Casterman
SYNONYMES. Film de Nadav Lapid, ISR, 2019, Ours d’Or Berlinale
Yoav, un jeune Israélien, atterrit à Paris, avec l’espoir que la France et le français le sauveront de la folie de son pays.
La 69e édition du Festival de Berlin (7-17 février) s’est achevée sur une cérémonie où le cinéma européen a brillé, y compris à travers ses belles collaborations avec des talents d’autres régions du monde, comme celle qui a permis de voir le jour au grand gagnat de l’Ours d’or : le formidable et totalement singulier Synonymes[+] de Nadav Lapid. À la fin de son discours de remerciements, le réalisateur a précisé que le film, s’il pourrait scandaliser des gens dans son pays d’origine, Israël, comme en France, où il se situe, est à entendre comme une célébration, notamment du cinéma. Lien Cineuropa
RETOUR AUX SOURCES. Série documentaire en six épisodes, RTS, 2019
Voyages en Angola, en Inde, au Panama, en Roumanie, au Pérou et au Sri Lanka. Des Suissesses et des Suisses partent dans leur pays d’origine sur les traces de leur passé.Lien RTS.ch
FIFDH 2019. 17ème Festival du film et forum international sur les droits humains, Genève, 8-17 mars
Le FIFDH est l’évènement le plus important dédié au cinéma et aux droits humains à travers le monde. Depuis 16 ans, il se tient chaque année au cœur de Genève, la capitale internationale des droits humains, en parallèle avec la session principale du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU.Lien FIFDH
EN CAMPING-CAR. Essai d’Ivan Jablonka, Seuil, 2018, 192 p
Le camping-car nous a emmenés au Portugal, en Grèce, au Maroc, à Tolède, à Venise. Il était pratique, génialement conçu. Il m’a appris à être libre, tout en restant fidèle aux chemins de l’exil. Par la suite, j’ai toujours gardé une tendresse pour les voyages de mon enfance, pour cette vie bringuebalante et émerveillée, sans horaires ni impératifs. La vie en camping-car. I. J.
Ivan Jablonka est historien et écrivain. Il a publié au Seuil, dans « La Librairie du XXIe siècle », Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus prix du Sénat du livre d’histoire 2012) et Laëtitia ou la fin des hommes (prix Médicis 2016).
Dans ce livre, Ivan Jablonka esquisse une socio-histoire de son enfance, transformant l’autobiographie en récit collectif, portrait d’une époque.Lien Seuil
L’ERRANCE ET LE DIVERS. Le Bateau-atelier de Titouan Lamazou, Gallimard, 2018, 272 p
«J’imaginai une exposition sous forme d’installation, un cabinet de curiosités situé dans les îles de l’océan Pacifique. Elle invoquerait mes inspirations de jeunesse, les écrits de Victor Segalen et Édouard Glissant, de Robert Louis Stevenson et Jack London, la peinture de Paul Gauguin… qui tous ont sillonné ces lointains en leur temps. Elle inviterait des écrivains et artistes d’aujourd’hui dont l’œuvre fait écho en moi, tels que Patrick Chamoiseau, Chantal Spitz, Romuald Hazoumé, Peter Doig… des philosophes, des chercheurs, qui ont pensé l’histoire et le présent de ces ailleurs, l’anthropologue Epeli Hau’ofa, l’historienne Marie-Noëlle Ottino-Garanger et l’archéologue Pierre Ottino-Garanger… Enfin, placée sous le signe des étoiles, cette exposition chanterait la Nature et la biodiversité à laquelle l’être humain appartient.»
Titouan Lamazou propose une navigation imaginaire de son Bateau-atelier dans l’archipel des Marquises, à travers les témoignages de grands écrivains et artistes d’hier et d’aujourd’hui, ainsi que de longs entretiens et de magnifiques portraits, fruits de ses rencontres avec des Océaniens contemporains qui témoignent de leur quotidien et de leur culture millénaire. Cet album, qui rassemble plus d’une centaine d’œuvres inédites de l’artiste, accompagne et prolonge l’exposition qu’il présente au musée du quai Branly.Lien Gallimard
ÉLOGE DE L’IMMOBILITÉ. Essai de Jérôme Lèbre, Editions Desclée De Brouwer, 2018, 384 p
Dans ce monde qui semble soumis à une accélération constante, où l’on ne cesse de louer la marche ou la course, nous souhaitons et craignons à la fois que tout ralentisse ou même que tout s’arrête. L’ambivalence de ce désir reste à étudier, comme ce que signifie aujourd’hui le fait de ne pas bouger.
La privation de mouvement est une peine ; le droit pénal, les disciplines scolaires ou militaires immobilisent ; les accidents et les maladies paralysent ; l’accélération technique se paye en inertie dans les embouteillages ou les bureaux. Les éloges de la mobilité comme la critique de l’accélération sont passés à côté de ces situations où l’immobilité s’impose, non sans violence.
Il faut redonner son sens à l’immobilisation. Car cette peine est aussi une étape, une station, impliquant le corps et la pensée. Tenir, debout, assis, dans la position du lotus ou même couché, c’est exercer sur soi une contrainte signifiante. Les « mouvements » d’occupation des places nous le rappellent, l’art également. Savoir faire halte, c’est savoir résister. Lien éditeur
LA SOCIÉTÉ SANS RÉPIT – La mobilité comme injonction. Essai de Christophe Mincke et Bertrand Montulet, Editions de la Sorbonne, 2019, 180 pages
Pourquoi sommes-nous si avides de mobilité et de changement ? Pourquoi le repos est-il perçu comme illégitime et la surcharge de travail, la norme ? Pourquoi nous appelle-t-on constamment à être autonomes et proactifs ? Pourquoi la politique, la pédagogie, la justice ou le management se trouvent-ils valorisés par l’ajout du terme « participatif » ? Pourquoi la flexibilité et l’adaptabilité sont-elles érigées en vertus cardinales ? Pourquoi les frontières font-elles partout l’objet de luttes, que l’on veuille les abattre ou les fortifier ? Cet ouvrage sonde nos représentations de l’espace, du temps et de la mobilité, pour révéler l’ampleur du bouleversement de notre rapport au monde qu’elles produisent. Il en résulte l’émergence d’un « idéal mobilitaire », fondé sur une valorisation de la mobilité pour elle-même, et articulé en quatre impératifs : activité, activation, participation et adaptation. Bien au-delà du domaine des déplacements physiques, cette injonction à la mobilité étend son emprise sur la famille, le travail, les territoires nationaux, les genres, les sexes ou encore la prison, les redéfinissant profondément. Ce volume propose non seulement des clés pour mieux comprendre les représentations de la mobilité et les normes sociales qui en découlent, mais également une grille d’analyse élargissant considérablement le champ des études de la mobilité.Lien éditeur
IDENTITY. Essai de Francis Fukuyama, chez Allen&Unwin, 2018, 256 p
The bestselling author of The Origins of Political Order and The End of History offers a provocative examination of modern identity politics and their effect on domestic and international affairs of state.
In 2014, Francis Fukuyama wrote that American and global institutions were in a state of decay, as the state was captured by powerful interest groups. Two years later, his predictions were borne out by the rise to power of a series of political outsiders whose economic nationalism and authoritarian tendencies threatens to destabilise the entire international order. These populist nationalists seek direct charismatic connection to ‘the people’, who are usually defined in narrow identity terms that offer an irresistible call to an in-group and exclude large parts of the population as a whole.
The demands of identity direct much of what is going on in world politics today. The universal recognition on which liberal democracy is based has been increasingly challenged by restrictive forms of recognition based on nation, religion, sect, race, ethnicity, or gender, which have resulted in anti-immigrant populism, the upsurge of politicised Islam, the fractious environment of many college campuses, and the hideous emergence of white nationalism.
Identity is an urgent and necessary book: a sharp warning that unless we forge a universal understanding of human dignity, we will doom ourselves to continual conflict.

Comme le révèle son expérience américaine et préfiguratrice, qui diffuse à partir du foyer des universités, la politique d’identité conforte l’avènement d’un despotisme démocratisé, où le pouvoir autoritaire n’est plus entre les seules mains du tyran, du parti ou de l’État, mais à la portée d’êtres manufacturés et interconnectés que traversent des types de désirs totalitaires. Cet ordre mondialisé est une dictature moralisatrice qui distribue les prébendes en fonction du même, qui remplace le dialogue par le soliloque plaintif et la vocifération, qui interdit, qui censure l’inattendu – dont les arts – au nom du déjà-dit et des comme-nous.
Malgré son succès grandissant, une telle entreprise peut encore être défaite, à condition, du moins, d’en vouloir comprendre les manifestations contemporaines.

« Dans la France d’après les attentats de 2015, Mounir, parisien homosexuel de 40 ans d’origine marocaine, vit dans une situation précaire. Il vient d’emménager dans un appartement rue de Turenne. Madame Marty, une vieille dame de 80 ans, survit difficilement au-dessus de chez lui dans un minuscule studio. L’amitié entre ces deux exclus de la République s’intensifie jusqu’au jour où elle vire au cauchemar. Les affrontements et les déchirements s’enchaînent. Excédée, madame Marty appelle la police pour arrêter Mounir. Antoine, le commissaire qui interroge le jeune homme, le soupçonne de liens avec les djihadistes. Mais Antoine existe-t-il vraiment? Où passe la frontière entre le vrai et l’imaginaire ? Un roman de rupture. »Lien éditeur
FESTIVAL DU FILM ORIENTAL DE GENEVE. Un Tour d’Orient en 80 films du 29 avril au 5 mai 2019
« Placée sous le signe de « l’éloge de la différence », cette nouvelle édition va montrer une centaine de films, tous genres confondus, accompagnée par des auteurs ou des spécialistes.
Les derniers chamboulements socio-politiques survenus dans les pays d’Orient ont mis fin aux visions monolithiques, regards uniques et aux choix exclusifs. Cela a ouvert la voie à la reconnaissance de la diversité et le début de l’acceptation de la différence. Ainsi l’Autre se retrouve au centre des discussions, des débats et des polémiques. C’est de la démocratisation dont il s’agit. Pendant ce temps, la mondialisation impose son diktat qui se manifeste par la standardisation des modes de vie, des schémas de pensée et du recul des libertés. Il va de soi que ce processus qui redéfinit l’individu dans la société, les relations des pays entre eux et surtout avec l’Occident, est déterminant pour l’avenir de tout l’Orient. Une phase cruciale dont la réussite est déterminée par les dynamiques culturelles qui l’accompagnent. Cette démocratisation a libéré les forces artistiques et créatrices qui se retrouvent à la fois actrices et témoins. Ainsi, le cinéma, un des arts les plus populaires et les plus accessibles aux populations souvent maintenues dans l’analphabétisme, devient un enjeu majeur et un espace de jeux des forces antagonistes et d’affirmation de la diversité et de la différence.
L’édition 2019 du FIFOG, cherche à mettre en évidence ce nouveau cinéma qui résulte de la reconnaissance de l’Autre nié pendant très longtemps. Elle montera des films qui plaident pour le droit à la différence et la promotion de la diversité. » Tout le programme ici
LES AVENTURIERS DU TRAVAIL NOMADE. Documentaire de Delphine Prunault, Hugues Demeude, France, 2018, 65′
« Salariés sans bureau fixe, télétravailleurs, auto-entrepreneurs, freelance… ils incarnent les visages d’une mutation profonde du monde du travail, d’un phénomène en plein essor. Celui du travail à distance, hors les murs de l’entreprise. Une révolution du travail qui fait rêver certains, en effraie d’autres. Les premiers y voient la nouvelle clef du bonheur au travail…débarrassés du poids de la hiérarchie, libres d’être plus autonomes. Les seconds y perçoivent une nouvelle forme d’aliénation et de souffrance au travail où la séparation entre vie professionnelle et personnelle n’existe plus, où les cadences et la pression s’accélèrent, où les rémunérations sont aléatoires, et où l’isolement peut être lourd de conséquences. À travers le parcours de ces hommes et femmes, filmé sur plusieurs mois, le film raconte la vie de « ces aventuriers du travail nomade » avec ses surprises, ses embûches et ses déconvenues. » Film-documentaire.fr
« Le travail nomade, ou travail à distance, se généralise depuis plusieurs années sous l’effet de la révolution numérique. De nombreux salariés et indépendants voient cette nouvelle mobilité comme la clé du bonheur au travail lorsque d’autres y perçoivent une déshumanisation croissante. Serge, cadre chez PSA, Magali, responsable marketing, Jérôme, charpentier, et Aurélie, graphiste, ont chacun à leur manière réinventé leur travail afin d’obtenir plus d’autonomie et d’épanouissement. Le bureau de ces nomades du travail est devenu un espace virtuel qu’ils transportent chacun avec eux. » FranceTV
EDEN. Série en six épisodes réalisée par Dominik Moll. France/Allemagne, 2018, diffusée sur ARTE
« Quand la crise des migrants bouleverse les destins d’une galerie de personnages, entre la Grèce, l’Allemagne et la France. Réalisé par Dominik Moll, une fresque lucide et humaniste en six épisodes, ancrée dans la réalité, avec notamment Sylvie Testud.
Une frêle embarcation de migrants accoste sur une plage grecque. C’est le point de départ de plusieurs histoires qui s’entremêlent à travers l’Europe : à Athènes, Amare et son frère Daniel sont accueillis dans un camp dirigé par Hélène, une femme d’affaires qui défend un projet de gestion privée des flux de réfugiés ; à Mannheim, en Allemagne, Silke et Jürgen décident d’héberger un jeune Syrien, Bassam, ce qui contrarie leur fils Florian ; à Paris, Hamid et Maryam demandent l’asile politique, aidés par un journaliste qui enquête sur les exactions du régime de Bachar el-Assad. Bientôt, Daniel et Amare tentent de s’évader pour gagner l’Angleterre…
Exigence de véracité. Fruit d’une collaboration entre les pôles français et allemand d’ARTE et le groupe ARD, Eden aborde la problématique de l’accueil des réfugiés à travers cinq histoires et une douzaine de protagonistes répartis dans trois pays d’Europe. Cette diversité d’ambiances et de situations donne à la série une ampleur à la hauteur de son sujet. Comment accueillir ? Comment s’intégrer ? La fluidité du récit, soutenue par un intérêt égal pour tous les personnages, permet d’appréhender ces questions dans toute leur complexité. Dominik Moll, habitué des histoires inquiétantes à la limite du fantastique (Harry, un ami qui vous veut du bien, Lemming…), change de registre pour composer une fresque ancrée dans la réalité, qui s’autorise des envolées romanesques et quelques pointes d’humour grinçant. Le choix des comédiens, des décors, et la diversité des langues parlées témoignent d’une exigence de véracité exempte de tout moralisme, dans le sillage de personnages fragiles, courageux, émouvants, qui donnent vie à un constat lucide et plein d’humanité. » Lien Arte
ROADS. Film de Sébastien Schipper, FR/ALL, 2019, 1h39
RENTRÉE LITTÉRAIRE
LOIN. Alexis Michalik. Albin Michel, 656 pages
« Comment avoir l’audace de prétendre être en vie si l’on vit sans oser ? »
Buenos-Aires, 1940. Des amis juifs, exilés, se retrouvent au café. Une question : que se passe-t-il dans cette Europe qu’ils ont fuie en bateau quelques années plus tôt ? Difficile d’interpréter les rares nouvelles. Vicente Rosenberg est l’un d’entre eux, il a épousé Rosita en Argentine. Ils auront trois enfants. Mais Vicente pense surtout à sa mère qui est restée en Pologne, à Varsovie. Que devient-elle ? Elle lui écrit une dizaine de lettres auxquelles il ne répond pas toujours. Dans l’une d’elles, il peut lire : « Tu as peut-être entendu parler du grand mur que les Allemands ont construit. Heureusement la rue Sienna est restée à l’intérieur, ce qui est une chance, car sinon on aurait été obligés de déménager. » Ce sera le ghetto de Varsovie. Elle mourra déportée dans le camp de Treblinka II. C’était l’arrière-grand-mère de l’auteur.
Santiago H. Amigorena raconte le « ghetto intérieur » de l’exil. La vie mélancolique d’un homme qui s’invente une vie à l’étranger, tout en devinant puis comprenant la destruction de sa famille en cours, et de millions de personnes. Vicente et Rosita étaient les grands-parents de l’auteur qui écrit aujourd’hui : « Il y a vingt-cinq ans, j’ai commencé un livre pour combattre le silence qui m’étouffe depuis que je suis né ». Ce roman est l’histoire de l’origine de ce silence. P.O.L.
TOUS TES ENFANTS DISPERSÉS. Beata Umubyeyi Mairesse. Autrement, 256 pages
Peut-on réparer l’irréparable, rassemble ceux que l’histoire a dispersés ? Blanche, rwandaise, vit à Bordeaux après avoir fui le génocide des Tutsi de 1994. Elle a construit sa vie en France, avec son mari et son enfant métis Stokely. Mais après des années d’exil, quand Blanche rend visite à sa mère Immaculata, la mémoire douloureuse refait surface. Celle qui est restée et celle qui est partie pourront-elles se parler, se pardonner, s’aimer de nouveau ? Stokely, lui, pris entre deux pays, veut comprendre d’où il vient.
Ode aux mères persévérantes, à la transmission, à la pulsion de vie qui anime chacun d’entre nous, Tous tes enfants dispersés porte les voix de trois générations tentant de renouer des liens brisés et de trouver leur place dans le monde d’aujourd’hui. Ce premier roman fait preuve d’une sensibilité impressionnante et signe la naissance d’une voix importante. Autrement
MUR MÉDITERRANÉE. Louis-Philippe Dalembert. Sabine Wespieser Éditeur, 336 p
À Sabratha, sur la côte libyenne, les surveillants font irruption dans l’entrepôt des femmes. Parmi celles qu’ils rudoient, Chochana, une Nigériane, et Semhar, une Érythréenne. Les deux se sont rencontrées là après des mois d’errance sur les routes du continent. Depuis qu’elles ont quitté leur terre natale, elles travaillent à réunir la somme qui pourra satisfaire l’avidité des passeurs. Ce soir, elles embarquent enfin pour la traversée. Un peu plus tôt, à Tripoli, des familles syriennes, habillées avec élégance, se sont installées dans des minibus climatisés. Quatre semaines déjà que Dima, son mari et leurs deux fillettes attendaient d’appareiller pour Lampedusa. Ce 16 juillet 2014, c’est le grand départ. Ces femmes aux trajectoires si différentes – Dima la bourgeoise voyage sur le pont, Chochana et Semhar dans la cale – ont toutes trois franchi le point de non-retour et se retrouvent à bord du chalutier unies dans le même espoir d’une nouvelle vie en Europe. Dans son village de la communauté juive ibo, Chochana se rêvait avocate avant que la sécheresse ne la contraigne à l’exode ; enrôlée, comme tous les jeunes Érythréens, pour un service national dont la durée dépend du bon vouloir du dictateur, Semhar a déserté ; quant à Dima, terrée dans les caves de sa ville d’Alep en guerre, elle a vite compris que la douceur et l’aisance de son existence passée étaient perdues à jamais.
Sur le rafiot de fortune, l’énergie et le tempérament des trois protagonistes – que l’écrivain campe avec humour et une manifeste empathie – leur seront un indispensable viatique au cours d’une navigation apocalyptique. S’inspirant de la tragédie d’un bateau de clandestins sauvé par le pétrolier danois Torm Lotte pendant l’été 2014, Louis-Philippe Dalembert, à travers trois magnifiques portraits de femmes, nous confronte de manière frappante à l’humaine condition, dans une ample fresque de la migration et de l’exil. SWÉditeur
LE COEUR DE L’ANGLETERRE. Jonathan Coe. Gallimard, 560 pages
Comment en est-on arrivé là? C’est la question que se pose Jonathan Coe dans ce roman brillant qui chronique avec une ironie mordante l’histoire politique de l’Angleterre des années 2010. Du premier gouvernement de coalition en Grande-Bretagne aux émeutes de Londres en 2011, de la fièvre joyeuse et collective des jeux Olympiques de 2012 au couperet du référendum sur le Brexit, Le cœur de l’Angleterre explore avec humour et mélancolie les désillusions publiques et privées d’une nation en crise. Dans cette période trouble où les destins individuels et collectifs basculent, les membres de la famille Trotter reprennent du service. Benjamin a maintenant cinquante ans et s’engage dans une improbable carrière littéraire, sa sœur Lois voit ses anciens démons revenir la hanter, son vieux père Colin n’aspire qu’à voter en faveur d’une sortie de l’Europe et sa nièce Sophie se demande si le Brexit est une cause valable de divorce. Au fil de cette méditation douce-amère sur les relations humaines, la perte et le passage inexorable du temps, le chantre incontesté de
l’Angleterre questionne avec malice les grandes sources de crispation contemporaines : le nationalisme, l’austérité, le politiquement correct et les identités. Dans la lignée de Bienvenue au club et du Cercle fermé, Le cœur de l’Angleterre est le remède tout trouvé à notre époque tourmentée.Gallimard
ICI N’EST PLUS ICI. Tommy Orange. Albin Michel, 352 pagesÀ Oakland, dans la baie de San Francisco, les Indiens ne vivent pas sur une réserve mais dans un univers façonné par la rue et par la pauvreté, où chacun porte les traces d’une histoire douloureuse. Pourtant, tous les membres de cette communauté disparate tiennent à célébrer la beauté d’une culture que l’Amérique a bien failli engloutir. À l’occasion d’un grand pow-wow, douze personnages, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, vont voir leurs destins se lier. Ensemble, ils vont faire l’expérience de la violence et de la destruction, comme leurs ancêtres tant de fois avant eux. Débordant de rage et de poésie, ce premier roman, en cours de traduction dans plus d’une vingtaine de langues, impose une nouvelle voix saisissante, véritable révélation littéraire aux États-Unis. Ici n’est plus a été consacré
« Meilleur roman de l’année » par l’ensemble de la presse américaine. Finaliste du prix Pulitzer et du National Book Award, il a reçu plusieurs récompenses prestigieuses dont le PEN/Hemingway Award. Albin Michel
MÉCHANTES BLESSURES. Abd Al Malik. Plon, 224 pages
Dans ce récit subtilement tissé, entre roman noir, conte philosophique et spirituel, Abd Al Malik imprègne durablement l’esprit et transmet par son écriture sa vision d’un avenir commun. Plon
ÉLOGE DES BÂTARDS. Olivia Rosenthal. Gallimard. 336 pages
«Un ange aurait pu passer s’il y avait encore eu des anges.»
Dans Éloge des bâtards, nous suivons neuf personnages entrés en désobéissance. Face au pressant danger qui les menace, ils vont, contre toute attente et cinq nuits durant, remonter aux origines de leur propre histoire, et ainsi sceller entre eux de nouveaux liens. Avec ce roman conçu comme une chambre d’échos, Olivia Rosenthal réhabilite la puissance empathique et subversive de la parole. Gallimard
LA MER A L’ENVERS. Marie Darrieussecq. P.O.L, 256 pages
Rien ne destinait Rose, parisienne qui prépare son déménagement pour le pays Basque, à rencontrer Younès qui a fui le Niger pour tenter de gagner l’Angleterre. Tout part d’une croisière un peu absurde en Méditerranée. Rose et ses deux enfants, Emma et Gabriel, profitent du voyage qu’on leur a offert. Une nuit, entre l’Italie et la Libye, le bateau d’agrément croise la route d’une embarcation de fortune qui appelle à l’aide. Une centaine de migrants qui manquent de se noyer et que le bateau de croisière recueille en attendant les garde-côtes italiens. Cette nuit-là, poussée par la curiosité et l’émotion, Rose descend sur le pont inférieur où sont installés ces exilés. Un jeune homme retient son attention, Younès. Il lui réclame un téléphone et Rose se surprend à obtempérer. Elle lui offre celui de son fils Gabriel. Les gardecôtes italiens emportent les migrants sur le continent. Gabriel, désespéré, cherche alors son téléphone partout, et verra en tentant de le géolocaliser qu’il s’éloigne du bateau. Younès l’a emporté avec lui, dans son périple au-delà des frontières. Rose et les enfants rentrent à Paris. Le fil désormais invisible des téléphones réunit Rose, Younès, ses enfants, son mari, avec les coupures qui vont avec, et quelques fantômes qui chuchotent sur la ligne… Rose, psychologue et thérapeute, a aussi des pouvoirs mystérieux. Ce n’est qu’une fois installée dans la ville de Clèves, au pays basque, qu’elle aura le courage ou la folie d’aller chercher Younès, jusqu’à Calais où il l’attend, très affaibli. Toute la petite famille apprend alors à vivre avec lui. Younès finira par réaliser son rêve : rejoindre l’Angleterre. Mais qui parviendra à faire de sa vie chaotique une aventure voulue et accomplie ? P.OL.
ROUGE IMPÉRATRICE. Leonora Miano. Grasset, 608 pages
Le lieu : Katiopa, un continent africain prospère et autarcique, presque entièrement unifié, comme de futurs Etats-Unis d’Afrique, où les Sinistrés de la vieille Europe sont venus trouver refuge. L’époque : un peu plus d’un siècle après le nôtre. Tout commence par une histoire d’amour entre Boya, qui enseigne à l’université, et Illunga, le chef de l’Etat. Une histoire interdite, contre-nature, et qui menace de devenir une affaire d’Etat.
Car Boya s’est rapprochée, par ses recherches, des Fulasi, descendants d’immigrés français qui avaient quitté leur pays au cours du XXIème siècle, s’estimant envahis par les migrants. Afin de préserver leur identité européenne, certains s’étaient dirigés vers le pré carré subsaharien où l’on parlait leur langue, où ils étaient encore révérés et où ils pouvaient vivre entre eux. Mais leur descendance ne jouit plus de son pouvoir d’antan : appauvrie et dépassée, elle s’est repliée sur son identité. Le chef de l’Etat, comme son Ministre de l’intérieur et de la défense, sont partisans d’expulser ces populations inassimilables, auxquelles Boya préconise de tendre la main. La rouge impératrice, ayant ravi le cœur de celui qui fut un des acteurs les plus éminents de la libération, va-t-elle en plus désarmer sa main ? Pour les « durs » du régime, il faut à tout prix séparer ce couple… Grasset
RHAPSODIE DES OUBLIÉS. Sofia Aouine. Éditions de la Martinière, 208 pages
« Ma rue raconte l’histoire du monde avec une odeur de poubelles. Elle s’appelle rue Leon, un nom de bon Français avec que des métèques et des visages bruns dedans. »
Abad, treize ans, vit dans le quartier de Barbès, la Goutte d’Or, Paris XVIIIe. C’est l’âge des possibles : la sève coule, le cœur est plein de ronces, l’amour et le sexe torturent la tête. Pour arracher ses désirs au destin, Abad devra briser les règles. A la manière d’un Antoine Doinel, qui veut réaliser ses 400 coups à lui. Rhapsodie des oubliés raconte sans concession le quotidien d’un quartier et l’odyssée de ses habitants. Derrière les clichés, le crack, les putes, la violence, le désir de vie, l’amour et l’enfance ne sont jamais loin. Dans une langue explosive, influencée par le roman noir, la littérature naturaliste, le hip-hop et la soul music, Sofia Aouine nous livre un premier roman éblouissant. La Martinière
PAR LES ROUTES. Sylvain Prudhomme. Gallimard, 304 pages
« J’ai retrouvé l’autostoppeur dans une petite ville du sud-est de la France, après des années sans penser à lui. Je l’ai retrouvé amoureux, installé, devenu père. Je me suis rappelé tout ce qui m’avait décidé, autrefois, à lui demander de sortir de ma vie. J’ai frappé à sa porte. J’ai rencontré Marie. » Avec Par les routes, Sylvain Prudhomme raconte la force de l’amitié et du désir, le vertige devant la multitude des existences possibles. Gallimard
CEUX QUI PARTENT. Jeanne Benameur. Actes Sud, 336 pages
Tout ce que l’exil fissure peut ouvrir de nouveaux chemins. En cette année 1910, sur Ellis Island, aux portes de New York, ils sont une poignée à l’éprouver, chacun au creux de sa langue encore, comme dans le premier vêtement du monde. Il y a Donato et sa fille Emilia, les lettrés italiens, Gabor, l’homme qui veut fuir son clan, Esther, l’Arménienne épargnée qui rêve d’inventer les nouvelles tenues des libres Américaines. Retenus un jour et une nuit sur Ellis Island, les voilà confrontés à l’épreuve de l’attente. Ensemble. Leurs routes se mêlent, se dénouent ou se lient. Mais tout dans ce temps sus pendu prend une intensité qui marquera leur vie entière. Face à eux, Andrew Jónsson, New-Yorkais, père islandais, mère fière d’une ascendance qui remonte aux premiers pionniers. Dans l’objectif de son appareil, ce jeune photographe amateur tente de capter ce qui lui échappe depuis toujours, ce qui le relierait à ses ancêtres, émigrants eux aussi. Quelque chose que sa famille riche et oublieuse n’aborde jamais. Avec lui, la ville-monde cosmopolite et ouverte à tous les progrès de ce XXe siècle qui débute.
L’exil comme l’accueil exigent de la vaillance. Ceux qui partent et ceux de New York n’en manquent pas. À chacun dans cette ronde nocturne, ce tourbillon d’énergies et de sensualité, de tenter de trouver la forme de son exil, d’inventer dans son propre corps les fondations de son nouveau pays. Et si la nuit était une langue, la seule langue universelle ?Actes Sud
L’ÂGE DE LA RÉGRESSION. Arjun Appadurai et co. Premier Parallèle, 2017, 328 p
Nous vivons un tournant historique.
Ascension de partis nationalistes (Front national), démagogie (Donald Trump), repli sur soi (Brexit), tendances autoritaristes (Hongrie et Pologne), appels à la « grandeur » et à la « pureté » nationale (Narendra Modi en Inde, Vladimir Poutine en Russie), vague générale de xénophobie et de crimes haineux, brutalisation des discours politiques, complotisme, « ère post-vérité », appels à l’érection de murs toujours plus nombreux, toujours plus hauts…
Tout se passe comme si nous assistions à un grand retour en arrière. Comme si la peur et la violence l’emportaient sur les espoirs d’ouverture nourris ces trois dernières décennies.
Quinze intellectuels, chercheurs et universitaires de renommée internationale explorent les racines de la situation qui est la nôtre aujourd’hui et que l’on peut appeler une grande régression. Ils la replacent dans son contexte historique, élaborent des scénarios possibles pour les années à venir et débattent des stratégies susceptibles de la contrecarrer.
Ce livre représente la première tentative de penser un moment extrêmement déroutant et de dresser une sorte de portrait moral de nos sociétés actuelles. Publié en treize langues, le livre paraît simultanément dans le monde entier.Editions Premier Parralèle
ONE EMERGING FROM A POINT OF VIEW. Installation de Wu Tsang. 2019

Can two women cross paths and yet never meet? Collapsing the boundaries between documentary and fiction, Wu Tsang presents a video installation – commissioned by the Fast Forward Festival 6 – that offers a different take on the phenomenon of migration. Taken together with the performance “Sudden Rise at a Given Tune”, the two works enter into dialogue to create subversive images of contemporary reality.
In “One Emerging from a Point of View” (2019), the artist continues an ongoing exploration of a “third” space between two overlapping video projections, focusing on this overlap to create visual entanglement. As images cut and bleed into each other, two disparate narratives intertwine through synchronised camera choreography. Set on the northeastern shore of Lesbos, Greece, the work revolves around a scenario in which two women cross paths three years ago – although they never met. One is a young woman from Morocco (Yassmine Flowers), who arrives in Athens after many months of travel through Turkey and Lesbos’ Moria camp. The other is a photojournalist (Eirini Vourloumis), who is assigned to document the “crisis” and becomes personally involved with the fishing village of Skala Sikamineas, where locals have been first responders to the mass influx of refugees coming mostly from Syria, Iraq, Afghanistan, and North Africa. (Text originally published for Sharjah Biennial 14, courtesy Sharjah Art Foundation.) Lien
LES ORIGINES DU POPULISME. Yann Algan & co. Seuil, août 2019, 112 pages
Le populisme est le produit de deux secousses telluriques. Premier séisme : la montée d’un immense ressentiment contre les partis et les institutions politiques. Face à l’échec de la droite et de la gauche à contenir les excès du capitalisme, la radicalité « anti-système » a brisé les compromis que l’un et l’autre camps étaient parvenus à édifier. Deuxième séisme : la fin de la société de classes, au profit d’une société d’individus pensant leur position sociale en termes subjectifs. Une nouvelle polarité en résulte, qui sépare les « confiants » des « méfiants » envers autrui. La droite populiste surgit au croisement d’une double méfiance – à l’égard des institutions politiques et à l’égard de la société. Elle prospère sur le désenchantement démocratique, tout en renouvelant le clivage gauche-droite. Fondé sur des données inédites, cet ouvrage se révèle essentiel pour comprendre le présent et l’avenir des sociétés démocratiques. Lien
DES SUISSES A LOS ANGELES. Doc-feuilleton de l’été. RTS un, 5 épisodes


Tout au long de la semaine, découvrez la vie des expatriés genevois. Une Américano-cubaine, un Portugais et un Hollandais nous parlent de leur intégration et partagent leur regard sur la région. Une série à découvrir en sept épisodes. Lien
DEHORS. JOURNAL D’UN LOCALIER. Thierry Mertenat. Labor et Fides, 09.2019, 240 p
Un journaliste dans sa ville. Le plein air lui sert de lieu de travail. Du matin au soir, il arpente les marges de l’actualité courante, déambule dans les rues à la rencontre des gens, sillonne les quartiers à bicyclette. Aux communicants qui rêvent de faire la pluie et le beau temps, il préfère les ciels gris et les aubes incertaines. Son journal a fait de lui un localier, après l’avoir employé pendant longtemps comme chroniqueur culturel. On le cherche, il est au Palais de Justice, à écouter la vraie vie en procès. On le cherche toujours, il est en conversation avec un sans-abri ; puis au bord du fleuve, en train de confesser le plaisir des baigneurs en eau vive, adeptes comme lui de la nage à contrecourant. On le cherche encore, il est dans une maison de retraite, à fêter l’anniversaire d’une centenaire.
Jusqu’à l’heure du bouclage, il couvre les embardées de la nature, les chutes d’arbres et les caves inondées, les gestes qui sauvent et les mauvaises nouvelles. Le malheur des gens est au bout de la rue. C’est le moment de sortir sa carte de presse : « Racontez-moi… » Lien éditeur
LIQUID BORDERS. « Le son de l’Europe ». Installation sonore. Peter Kiefer, 2019

For the installation >liquid borders< the artist recorded the sounds of the sea at the outermost points of the European heartland. For the installation now on display in Mainz, he travelled to the northernmost point of Scotland, the westernmost point in Portugal, the southernmost point in Spain and the easternmost point in Cyprus. The considerations associated with the choice of locations alone lead to a reflection beyond the borders of Europe – and beyond. The installation thus contains an examination of the definition of borders in general – what we want to include and what we want to exclude. The sounds and the objects define a border experience for the listening observer and at the same time direct the gaze beyond it. A space opens up for one’s own thoughts and reflection… Lien
Retrouvez le reportage sur ARTE
JE ME VOYAGE. Julia Kristeva. Mémoires-entretiens avec Samuel Dock. Fayard, 2016
Pour la première fois, la linguiste, psychanalyste, romancière Julia Kristeva – reconnue à l’étranger parmi les plus importants intellectuels de notre époque – dévoile des facettes intimes de sa vie, qu’elle éprouve comme un voyage. Trois quarts de siècle en affinité avec les vertiges identitaires de l’exil et de l’amour. Ce livre nous donne à voir l’enfant née en Bulgarie, puis la jeune femme découvrant Paris et qui éclot dans le bouillonnement de Saint-Germain-des-Prés des années 1970, mais aussi l’amante, l’épouse, la mère. Je me voyage nous convie à la suivre dans la chair des mots et à partager en sa compagnie cette traversée : Europe de l’après-guerre en ruine puis reconstruite, communisme, libéralisme, mondialisation, mais aussi dépression nationale, terrorisme, désir de France, sans oublier la littérature et l’expérience intérieure.
Par-delà la genèse d’une œuvre et de sa philosophie, c’est une vitalité existentielle, à l’affût des mutations historiques de notre monde que nous communiquent ces Mémoires sous forme d’entretiens. Lien éditeur
IT MUST BE HEAVEN. Film d’Elia Suleiman. 2019, 1h42
ES fuit la Palestine à la recherche d’une nouvelle terre d’accueil, avant de réaliser que son pays d’origine le suit toujours comme une ombre. La promesse d’une vie nouvelle se transforme vite en comédie de l’absurde. Aussi loin qu’il voyage, de Paris à New York, quelque chose lui rappelle sa patrie. Un conte burlesque explorant l’identité, la nationalité et l’appartenance, dans lequel Elia Suleiman pose une question fondamentale : où peut-on se sentir » chez soi » ? Lien AlloCine