Pensée vagabonde. The Road to Néo-Middle-Ages

Ma dernière errance en Villes-Monde m’a laissée avec une espèce d’inquiétude, une espère de terreur, sur le futur de notre dés-humanité. Qu’est-ce qui est en train de se préparer ? J’en suis rentrée en militante du droit à la déconnexion, en militante du droit à la liberté. Le combo Shanghai-Tokyo, une errance qui m’aura inspirer cette petite divagation…

De Game of Thrones aux Furtifs, Welcome in Néo-Middle-Ages ?

Cette divagation, c’est le sentiment d’un Moyen Âge dystopique qui se dessine avec notre consentement. Illustration avec deux oeuvres dans l’air du temps…

Le Terreau

Nr1. Game of Thrones. Caractéristique : Phénomène mondial. Effets secondaires : rompre à l’esthétique moyen-âgeuse, envisager le micro-territoire comme champ d’action de nos batailles et de nos identités, alimenter notre tolérance à la violence. Argument d’une collègue face à ma résistance à rejoindre ce grand mouvement collectif : « Ha oui bien sûr y’a de la torture c’est ultraviolent mais tu t’habitues vite« … Euh comment te dire, non je ne veux Pas m’habituer…

Nr. 2. Les Furtifs. Caractéristique : roman d’anticipation. Injonction : « Fuir-Un-Réseau-Trop-Intrusif« . Les Furtifs c’est la dystopie d’un monde de datas. Du maillage ultra serré d’un réseau hyper contrôlé, hyper-aseptisé. D’un anneau qu’on porte volontairement au doigt. Qui nous trace, nous marque, nous encercle, nous identifie. Avec notre consentement.

« Les Furtifs vous plonge dans un futur proche et fluide où le technococon a affiné ses prises sur nos existences. Une bague interface nos rapports au monde en offrant à chaque individu son alter ego numérique, sous forme d’IA personnalisée, où viennent se concentrer nos besoins vampirisés d’écoute et d’échanges. Partout où cela s’avérait rentable, les villes ont été rachetées par des multinationales pour être gérées en zones standard, premium et privilège selon le forfait citoyen dont vous vous acquittez. La bague au doigt, vous êtes tout à fait libres et parfaitement tracés, soumis au régime d’auto-aliénation consentant propre au raffinement du capitalisme cognitif. » Lien éditeur

Maintenant : associez les deux : Territoire ultra violent + Réseau ultra contrôlé = Prison. Une prison volontaire ou imposée. Et un symbole parfaitement à propos. L’anneau du trône, l’anneau « furtif ». Symboles d’un Anneau qui nous enferme.

Monde d’aujourd’hui ? Goût pour l’autorité. Violence politique décomplexée. Asservissement hébété à la connexion.

Monde de demain ? Conjonction de ces deux enfermements ? Alliance du pire du Territoire et du pire du Réseau ? Alliage du Réseau ultra et du Territoire ultra, de deux figures toujours liées poussées au paroxysme ?

Une autre Voie ? A condition de résister pour doser l’alliage. Pour échapper à l’Anneau. Pour échapper à la dystopie. Pour échapper au cauchemar aseptisé. Pour échapper à la voie autoritariste, à la voie insulariste. A condition de « glocaliser » la néo-mondialisation à notre culture. A condition de ne pas copier-coller la voie de la Chine ou du Japon. Our message must be CLEAR. We, European, will never be controlled like this. CQFD.

A dévorer dans le même ordre d’idée : Brutalisme, essai d’Achille Mbembe, Édition La Découverte, 2020

Toutes les sphères de l’existence sont désormais pénétrées par le capital, et la mise en ordre des sociétés humaines s’effectue dorénavant selon une seule et même directive, celle de la computation numérique. Mais alors que tout pousse vers une unification sans précédent de la planète, le vieux monde des corps et des distances, de la matière et des étendues, des espaces et des frontières, persiste en se métamorphosant. Cette transformation de l’horizon du calcul se conjugue paradoxalement avec un retour spectaculaire de l’animisme, qui s’exprime non sur le modèle du culte des ancêtres, mais du culte de soi et de nos multiples doubles que sont les objets. Avec le devenir-artificiel de l’humanité et son pendant, le devenir-humain des machines, une sorte d’épreuve existentielle est donc engagée. L’être ne s’éprouve plus désormais qu’en tant qu’assemblage indissociablement humain et non humain. La transformation de la force en dernier mot de la vérité de l’être signe l’entrée dans le dernier âge de l’homme, celui de l’être fabricable dans un monde fabriqué. À cet âge, Achille Mbembe donne ici le nom de brutalisme, le grand fardeau de fer de notre époque, le poids des matières brutes. La transformation de l’humanité en matière et énergie est le projet ultime du brutalisme. En détaillant la monumentalité et le gigantisme d’un tel projet, cet essai plaide en faveur d’une refondation de la communauté des humains en solidarité avec l’ensemble du vivant, qui n’adviendra cependant qu’à condition de réparer ce qui a été brisé. Lien éditeur

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