« Savoir faire halte c’est savoir résister »… Et si la clé de la remobilisation tenait dans la résistance à « l’idéal mobilitaire » ? Si on se contentait de ralentir le mouvement au lieu de s’activer pour l’immobiliser ? Et si on goûtait aux temps morts, aux instants suspendus au lieu de s’engager dans une méditation sponsorisée pour accélérer notre productivité ? Et si on militait pour une mondialité humaniste au lieu de se désolidariser dans une mondialisation effrénée ? … Pour éviter que les exilés en marginali-Nation ne trouvent refuge dans le nationalisme !
LA SOCIÉTÉ SANS RÉPIT – La mobilité comme injonction. Christophe Mincke & Bertrand Montulet
Pourquoi sommes-nous si avides de mobilité et de changement ? Pourquoi le repos est-il perçu comme illégitime et la surcharge de travail, la norme ? Pourquoi nous appelle-t-on constamment à être autonomes et proactifs ? Pourquoi la politique, la pédagogie, la justice ou le management se trouvent-ils valorisés par l’ajout du terme « participatif » ? Pourquoi la flexibilité et l’adaptabilité sont-elles érigées en vertus cardinales ? Pourquoi les frontières font-elles partout l’objet de luttes, que l’on veuille les abattre ou les fortifier ? Cet ouvrage sonde nos représentations de l’espace, du temps et de la mobilité, pour révéler l’ampleur du bouleversement de notre rapport au monde qu’elles produisent. Il en résulte l’émergence d’un « idéal mobilitaire », fondé sur une valorisation de la mobilité pour elle-même, et articulé en quatre impératifs : activité, activation, participation et adaptation. Bien au-delà du domaine des déplacements physiques, cette injonction à la mobilité étend son emprise sur la famille, le travail, les territoires nationaux, les genres, les sexes ou encore la prison, les redéfinissant profondément. Ce volume propose non seulement des clés pour mieux comprendre les représentations de la mobilité et les normes sociales qui en découlent, mais également une grille d’analyse élargissant considérablement le champ des études de la mobilité. Lien éditeur
ÉLOGE DE L’IMMOBILITÉ. Jérôme Lèbre
Savoir faire halte, c’est savoir résister
Dans ce monde qui semble soumis à une accélération constante, où l’on ne cesse de louer la marche ou la course, nous souhaitons et craignons à la fois que tout ralentisse ou même que tout s’arrête. L’ambivalence de ce désir reste à étudier, comme ce que signifie aujourd’hui le fait de ne pas bouger.
La privation de mouvement est une peine ; le droit pénal, les disciplines scolaires ou militaires immobilisent ; les accidents et les maladies paralysent ; l’accélération technique se paye en inertie dans les embouteillages ou les bureaux. Les éloges de la mobilité comme la critique de l’accélération sont passés à côté de ces situations où l’immobilité s’impose, non sans violence.
Il faut redonner son sens à l’immobilisation. Car cette peine est aussi une étape, une station, impliquant le corps et la pensée. Tenir, debout, assis, dans la position du lotus ou même couché, c’est exercer sur soi une contrainte signifiante. Les « mouvements » d’occupation des places nous le rappellent, l’art également.