Le Festival a ouvert son porte-voix avec celle, bouleversante, de Nadia Murad. Jeune femme qui voulait juste être « la fille du village« , ni la victime ni l’héroïne. Aujourd’hui Prix Nobel de la Paix, ses épaules doivent porter le destin de toute une communauté en danger de disparition. Hier, par la guerre. Demain, par leur éventuelle dilution. Lorsqu’elle crie à l’Europe qu’en les dispersant ils achèveraient le génocide que l’EI a entamé, toute la salle a sangloté. Mes épaules en frissonnent encore. Celles de Nadia sont-elles assez solides pour payer le Prix du destin qu’un monde en suspension lui a réservé ?

Prix Nobel de la paix 2018, Nadia Murad a survécu au génocide et à l’esclavage sexuel perpétrés par Daech sur les Yézidis. Propulsée à 23 ans sur le devant de la scène internationale aux côtés de son avocate Amal Clooney, elle incarne la voix d’un peuple au bord de l’anéantissement et doit raconter sans cesse l’horreur, tout en gérant la bureaucratie, la pression médiatique et une fascination malsaine à l’égard de son histoire. Primée à Sundance, Alexandria Bombach signe avec brio l’un des premiers films qui dénoncent frontalement le lourd tribut personnel payé par les femmes activistes. FIFDH