Nation & Division. Mythe romanesque à échelle multiple

Le démantèlement d’une fédération de nations qui a donné son nom à un processus de division –> un « choc des civilisations » érigé dans ce contexte de balkanisation —> une lente macération —> un processus de démondialisation idéologico-identitaire dans le vent… Et si tout ceci s’était un peu joué aussi à l’Hotel Jugoslavija ?

jugo
Un documentaire de Nicolas Wagnières, 2017

« L’Hotel Jugoslavija, bâtiment mythique construit au début des années 70 à Novi Belgrade en Yougoslavie, a été un symbole et un témoin des différents moments qui ont façonné l’ex-Yougoslavie : de Tito à Milosevic ; du socialisme au nationalisme, des bombardements de l’OTAN au libéralisme corrompu. Aujourd’hui il hante toujours le paysage belgradois comme un miroir tendu à une Serbie en quête de nouveaux repères.
En proposant un voyage à travers les époques et les espaces de ce bâtiment, le réalisateur – d’origine yougoslave par sa mère mais né et ayant vécu en Suisse – crée un espace-temps singulier d’où émergent une forme d’inconscient collectif ainsi qu’une part de sa propre identité. »  Lien

Effondrement d’une nation, nouveaux mythes et mondialisation de la nostalgie

La Yougoslavie, littéralement pays des Slaves du Sud, indifféremment de leur ethnie ou de leur religion. Fédération de nationS. Pays qui a choisi d’élever son mythe à cette échelle-là.

Balkanisation, Huntington et… aujourd’hui. La démulticulturalisation ambiante, résultat d’un mythe (choc des civilisations) qui s’appuie sur un mythe qui se fonde sur un mythe (nation). Le monde n’est que construction. Mythologie, récit, idéologies… Tout s’invente et tout s’écrit.

Et le lieu dans tout ça ? le contenant, la page où peut s’ancrer, s’incarner le mythe.

La Yougoslavie n’est plus mais l’Hôtel Jugolavija est toujours là

« J’ai eu enfant le passeport yougoslave. Je porte l’étrange nostalgie d’un pays où je n’ai jamais vécu. Comme le lieu mythologique d’une origine, d’un royaume perdu. Quelque chose qu’on ne retrouvera jamais, et qui pourtant nous constitue. »

« Ce pays n’a-t-il existé que de manière artificielle ? N’a-t-il existé que parce qu’il est sorti du bloc soviétique ? N’a-t-il existé que par l’autoritarisme et l’opportunisme de son président ? Son art de s’adapter aux circonstances ? N’a-t-il existé que parce que le monde se divisait en deux ? N’y avait-il vraiment rien de bon à hériter de cette Yougoslavie ? »

Comment croire ? Et en quoi croire aujourd’hui ?

Si le réalisateur voudrait encore croire à un idéal socialiste, au-delà des puissants qui l’ont porté, un de ses interlocuteurs, lui, n’y a guère jamais cru …

« Même avant, je ne croyais pas au communisme. (…) il y avait toujours la notion de propriété étatique, nous l’appelions « sociale » et de propriété individuelle. Et dans ce conflit, l’intérêt personnel l’emportait toujours. Si on pouvait profiter du système, comme on dit, on le faisait volontiers. Personne n’est parfait, il n’existe pas de système idéal. Et…

… cette société autogestionnaire était conçue sur un idéal, comme si propriété privée et sociale pouvaient être mises au même niveau. Mais c’est impossible, le « moi » passera toujours avant le reste. Et c’est pour ça que ça n’a pas marché. »

A méditer…

 

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