L’Utopie d’aujourd’hui, la réalité de demain ?
« Depuis la fin 2015, l’afflux de migrants s’est considérablement accru dans le nord de la France. Le maire de Grande-Synthe, soutenu par Médecins Sans Frontières et contre l’avis de l’État, a ouvert au lieu-dit La Linière, un camp « humanitaire et provisoire » pour 2 500 réfugiés.
Documentaire d’Antarès Bassis, 2018, 105′, diffusé sur France 3 21/7/2018
Mais selon Cyrille Hanappe, architecte utopiste, le provisoire devient parfois définitif. Il faut, selon lui, envisager cette construction éphémère comme un nouveau quartier de la ville, qui ouvrirait un champ des possibles tant pour les réfugiés qui s’y installent, que pour les habitants qui accueillent.
Quelle inspiration peut naître d’une volonté de changer le monde, quand l’urgence emporte toutes les énergies ? » (stenola)
Liens productions : stenola / balibari
Extraits
« Pendant longtemps on s’est dit que les camps, les bidonvilles les habitats informels étaient un impensé (…), pourquoi on n’y pensait pas parce qu’on se disait toujours que c’était temporaire, que ça devait pas exister, que les choses allaient s’améliorer (…). Et puis on s’aperçoit que ça dure plus longtemps qu’on croit; et puis on s’aperçoit qu’il y en a de plus en plus sur la planète, et qu’on a l’impression que tout le monde peut-être y sera confronté un jour. Les chiffres de l’ONU Habitat c’est que incessamment y’aura 2 milliards de personnes qui y habiteront, qu’il y aura 30% de la population mondiale qui habiteront la-dedans et il est temps de commencer à réfléchir ces choses-là et d’en faire quasiment une discipline à part entière qui doit s’analyser. La Linière c’est une forme particulière de ces camps. (…) Ici les mafias sont très fortes. D’ailleurs ce qui est intéressant c’est que l’ordre républicain est en train d’essayer de revenir (…) y’a une volonté de restaurer l’ordre républicain. » Cyrille Hanappe
« Dire « je veux construire ou faire quelque chose ici », c’est juste pour les gens qui vont rester ici. Mais tous les gens ici veulent quitter cet endroit. Aujourd’hui ou demain. Donc tu n’as pas envie de construire quelque chose ici, parce que tu ne rêve que de partir. Et le gros problème de ce camp c’est qu’il est contrôlé par les trafiquants. » « Beaucoup de choses ne vont jamais marcher. » Kosar, habitant provisoire
« Y’a plein de gens hors des systèmes de droit, dans d’autres statuts, qui sont dans l’attente. C’est pas un camp, ce sont des quartiers d’accueil qu’il faut imaginer » Cyrille Hanappe
« Nous souhaitons reprendre la main sur le camp, car je le redis ici à ceux qui pourraient être emportés par un certain romantisme naïf : un camp ne peut pas être un horizon durable, acceptable et désirable. » Emmanuelle Cosse, ministre du logement et de l’habitat durable
Quelle forme face à l’échec de ce camp « C’est la merde ici » « Obligeons toutes les villes à faire x% de logements pour les migrants et les réfugiés et l’État doit mettre en place le dispositif (…) La forme ? Pas un type d’habitat particulier, ils seront diffus, ils seront comme les autres »Damien Carême, Maire de Grande-Synthe
A la recherche d’autres formes Un village grec avec des rues, des quartiers : quartiers afghans, africain, le quartier syrien, irakien, yézidi.
L’huile d’olive exemplaire du Village de Kara Tepe « C’est fantastique, c’est exactement là que je voulais en venir. Je pense vraiment que ces villages d’accueil peuvent s’insérer dans une nouvelle manière de penser la ville, car ce sont des villes qui se construisent très vite, sur un modèle différent, très écologique. « Cyrille Hanappe
« La Ville accueillante« , le projet de Cyrille Hanappe, Architecte et ingénieur, président de l’association Actes et Cités, et directeur pédagogique du DSA risques majeurs de l’Ecole nationale supérieure d’architecture Paris-Belleville.« La Ville accueillante« , la penser c’est penser la ville de demain.
Le « Non.Stop Circus« , de la science-fiction, vraiment ?
« Nous allons mettre en place un certain nombre de repas mobiles, pour qu’il n’y ait pas de fixation » (Gérard Collomb, Ministre de l’Intérieur, Calais, février 2018)
Perdants de la mondialisation économiques, ces migrants ont été ensuite condamnés par le politique. Ils sont devenus les sous-hommes condamnés aux « non-lieux » (Marc Augé). Ils sont les « exilés de l’externalisation » condamnés au « Non.Stop Circus », à l’errance éternelle (Paul Virilio). Ils sont les réfugiés de « l’Exurbia », condamnés à « l’exterritorialisation », et survivant dans une « circulation habitable », parce que nul ne peut les reloger, eux et le milliard à venir. Ceux qui échouent dans des camps, dans les espaces de transit organisés, construisent des « zones grises d’une extraterritorialité », condamnés à être « enfermés dehors », (Michel Agier). Sumus Ombres, Le Projet Cosmopolis
A voir aussi
Un Monde de Camps de Michel Agier, ouvrage collectif, 2014
Slums: Cities of TomorrowDocumentaire de Jean-Nicolas Orhon, 2013
Le Projet Cosmopolis, Sumus Ombres
Le Projet Cosmopolis, La fin du voyage ?